Robert m’a tuer

Sans faire de bruit, Robert Horry s’est constitué l’un des plus beaux palmarès depuis Bill Russell. Ce sont parfois les seconds couteaux qui tranchent le plus.

Robert m’a tuer
Par Philippe Bocquet / Publié dans REVERSE #34 Des fans, Robert en a tués plus qu’à son tour. Pendant presque une décennie. Encore et encore. Les fans des Kings de Webber, des Mavericks de Nowitzki et des Suns de Steve Nash en portent encore les cicatrices. Ah ça oui, ils en ont morflé. Comprenez leur haine. La domination de Shaq ou de Duncan, les tours de passe-passe de Ginobili, les tirs clutches de Kobe, on s’y attend, on s’y prépare même toute la saison quand on supporte une équipe adverse. Mais qu’y a-t-il de pire pour un fan que de perdre à cause d’un second couteau ? OK, perdre à cause de l’arbitrage. Mais à part ça ? Ne cherchez pas, il n’y a rien. D’accord, Horry savait jouer avec des centres dominants et c’était un joueur habile. La passe en plus qui crée le décalage, la bonne rotation défensive, la faute intelligente, le sens de l’anticipation. Alors que vos propres roles players vous assassinent par leurs erreurs en playoffs, Horry en faisait peu. Il faut dire qu’il ne foutait pas grand-chose en saison régulière et même durant la post-season, il se réservait pour « son moment » : le 4ème quart-temps. Là, il avait un talent rare pour prendre et mettre les shoots qui effraient nombre de stars. Cette capacité à tuer le match lui a valu le surnom ringard de « Big Shot Rob », pourquoi pas « Bobby Money » aussi ? Mais sa plus grande qualité était sans aucun doute de savoir choisir son équipe. Après Houston et un passage éclair à Phoenix, il signa aux Lakers puis aux Spurs, se mettant ainsi en position de contribuer à 7 titres. Oui, vous avez bien lu : 7 titres ! Et, bien que ça fasse mal à ses plus gros détracteurs de l’admettre, car Horry sur sa carrière est à moins de 8 pts à 42%, 5 rbds et 2 pds, il les mérite tous autant qu’ils sont. Belle perf que de devenir une star avec des stats pareilles. D’ailleurs, normalement, ça n’arrive jamais. C’est comme si les Kings avaient gagné un titre sur un shoot de Doug Christie. Ce n’est pas dans l’ordre des choses. Horry est une aberration pour une ligue construite autour de All-Stars qui veulent tous s’arroger le droit d’être la première et dernière option offensive, quelle que soit la situation. Un cauchemar pour les GM qui espèrent en vain qu’un de leur joueurs moyens leur gagnent un match de playoffs. Horry est une abomination pour les fans de la conférence Ouest, encore aujourd’hui victimes d’insomnies, revoyant ses highlights au ralenti, encore et encore, obsédés par le refrain entêtant de cet air qui ne les quitte plus : « Killing me softly ». Les 7 bagues de Robert 1994 et 1995 avec les Houston Rockets 2000, 2001 et 2002 avec les L.A. Lakers 2005 et 2007 avec les San Antonio Spurs   [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=s0gWflbw_E4[/youtube] [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=8mp50t1zU2Y[/youtube]