Ronny Turiaf : “J’étais en contact avec les Spurs”

Alors qu'il avait l'occasion de rejoindre les Spurs, Ronny Turiaf a choisi les Clippers cet été. Le pivot des Bleus nous a expliqué son choix et revient sur le début de saison de L.A.

Syra SyllaPar Syra Sylla | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Interview
Ronny Turiaf : “J’étais en contact avec les Spurs”
Quelques jours après la victoire des Clippers face aux Wolves, il y a deux semaines, Ronny Turiaf nous a reçus pour un long entretien. Son arrivée aux Clippers, sa relation avec Kobe Bryant et ses coéquipiers, son parcours en NBA, sa venue incertaine à l'Euro 2013 et sa passion pour la Air Force 1, Ronny nous dit tout. BasketSession : Comment tu vas ? Ronny Turiaf : Très bien ! Los Angeles est une ville que j’ai toujours aimée. C’est là que j’ai commencé ma carrière et j’y ai vécu des moments splendides. Revenir ici, dans une équipe jeune avec beaucoup d’énergie, ça fait plaisir. J’ai retrouvé des habitudes que j’avais perdues et c’est cool. BasketSession : Le fait d’avoir très souvent changé de franchise au cours de ta carrière, tu sens que ça aide à l’intégration quand tu arrives dans une nouvelle équipe ? R.T. : Non, parce qu’en fait je suis quelqu’un qui s’adapte très vite à un nouvel environnement. Je n’ai pas besoin d’avoir voyagé pour ça. Je tisse des liens assez facilement avec les gens. Mais plus globalement, le fait d’avoir eu cette opportunité, parce que je considère que c’est une opportunité d’avoir fait autant de grands clubs et d’avoir pu cohabiter avec une centaine de joueurs dont beaucoup de superstars (Carmelo, Amar’e, Kobe, Fisher, LeBron, Dwyane…), ça me fera de belles histoires à raconter d’ici 10-15 ans à mes gamins en Martinique. BasketSession : Tu as aussi eu l’occasion de te bâtir une belle réputation de joueur d’équipe ? R.T. : Oui bien sûr, la réputation d’un joueur qui sait ce qu’il sait faire sur un terrain. Je suis un joueur qui va se donner à fond pour ses coéquipiers, un petit soldat parfait quoi, et qui va répondre présent au challenge. Quand tu arrives dans une équipe qui joue le titre, c’est le genre de tampon qui a de la valeur. BasketSession : Et revenir à L.A. mais côté Clippers alors que tu étais chez les Lakers, ça ne change rien pour toi ? R.T : La NBA est un business. Les Lakers ont gagné des titres et beaucoup changé de joueurs depuis mon départ. C’est comme ça. J’ai eu plusieurs opportunités et j’ai choisi le Clippers. BasketSession : Tu avais d’autres contacts avant de signer aux Clippers ? R.T. : Oui une dizaine d’équipes. J'étais en contact avec Dallas, San Antonio, Chicago. J’ai pesé le pour et le contre et je me suis dit que c’est ici que ma place était. [superquote pos="d"]"Avec Kobe, notre relation va au-delà du sport."[/superquote] BasketSession : Ça ne t’aurait pas plu de rejoindre Tony, Nando et Boris à San Antonio ? R.T. : Si bien sûr. J’avais déjà eu cette opportunité avant de signer à Miami l’année dernière. Mais je vois les gars tellement souvent pendant l’été que j’ai dit : « Non c’est bon » (rires). Non plus sérieusement, San Antonio est une équipe que j’admire avec une légende au coaching et de grands joueurs. Mais par rapport à ma situation personnelle, j’avais plus d’intérêts à aller à Miami et pareil à L.A. Ils avaient plus besoin d’un joueur comme moi. Aux Spurs, il y a Babac, Blair, Bonner et un certain #21 imbougeable. BasketSession : Avant de venir te voir, on a demandé à Kobe qui étaient ses meilleurs amis en NBA et il nous a répondu : « Ronny en fait partie »... R.T. : Notre relation va au-delà du sport. On a passé de très bons moments ensemble, on s’est pris la tête, on a partagé beaucoup de choses. C’est un être humain comme tous les autres. Le fait de l’avoir côtoyé pendant 3-4 ans m’a beaucoup appris. Il a une confiance en lui extrême. Ajoutez à ça le côté besogneux. C’est un dingue de travail. BasketSession : C’est quoi le truc le plus fou que tu l’aies vu faire ? R.T. : Le truc le plus ouf, c’est pendant l’été : 5h30-7h, 12h-13h30. Il bosse tous les jours ! Après, on se demande pourquoi il a autant de succès. BasketSession : Pour en revenir aux Clippers, comment ça se passe avec eux ? R.T. : L’ambiance des Clippers me rappelle l’ambiance des Lakers. C’est une équipe de joueurs remplis de joie et de bonne humeur. Quand tu vas t’entraîner, tu sais que tu vas bosser dur mais que tu vas aussi te taper 2-3 bonnes barres de rire. C’est un bon amalgame sur et en dehors du terrain. C’est important dans un sport collectif. Le basket, c’est 4-5h par jour avec tes coéquipiers, ça fait beaucoup, ça peut taper sur le système des fois. Mais on a vraiment une super ambiance dans l’équipe. BasketSession : De qui es-tu le plus proche ? R.T. : Lamar Odom, on a joué ensemble, c’était comme un grand frère pour moi avec Kobe, Kwame Brown. Jamal Crawford, j’ai joué avec lui à Golden State. Chris Paul, on est de la même année de draft donc on se côtoie depuis qu’on a 18-19 ans. Mais si je dois choisir, je dirai Lamar. BasketSession : Et lequel est le plus marrant ? R.T. : DeAndre Jordan. Sans hésiter. Lui c’est catastrophique. Tous les jours, il nous fait marrer. (Il insiste) Tous les jours ! Quand vous voyez des vidéos sur Youtube, ce n’est pas un montage, c’est son personnage, il est naturel. [superquote pos="g"]"En gros, je dois aller sur le terrain et faire du Ronny."[/superquote] BasketSession : Quel a été le discours du coach par rapport à ton rôle dans l’équipe ? R.T. : Il m’a dit que je serais remplaçant sur les postes intérieur et ailier fort. Je suis le back up de Griffin et Jordan, il m’a dit de me tenir prêt. J’ai commencé les 6-7 premiers matches avec 18-19 min en moyenne. Après j’ai moins joué, mais depuis c’est reparti. En gros, je dois aller sur le terrain et faire du Ronny. BasketSession : Et c’est plutôt des responsabilités offensives ou défensives ? R.T. : Il ne m’a pas dit ce que je ne peux pas faire ou ce que je peux faire. Je dois vraiment jouer mon jeu. Il sait ce dont je suis capable. BasketSession : Vous développez un jeu assez spectaculaire et surtout rapide avec les Clippers. Tu penses que vous pouvez tenir ce rythme toute la saison ? R.T. : C’est spectaculaire mais il faut que ce soit efficace surtout. On sait qu’on est la pire équipe au niveau des balles perdues. C’est frustrant parce que ça permet à nos adversaires de rester dans le match. Sur le jeu en demi-terrain, il faut vraiment qu’on perde moins de ballons. On est une équipe qui veut très bien défendre. Mais si tu défends bien et que tu perds autant de ballons, ça ne sert à rien. On est efficace en attaque quand on court mais c’est beaucoup plus laborieux sur le 5-5. BasketSession : Vous avez eu un petit passage à vide il y a quelques semaines. Quel était l’état d’esprit dans le groupe ? R.T. : On a commencé fort en battant de grosses équipes et on a eu un petit trou pendant quatre matches. C’est à ce moment-là qu’on a vu que nos pertes de balle pouvaient faire vraiment mal. On ne pouvait pas défendre correctement derrière, après c’est plus difficile en attaque. Tu te retrouves à scorer 80 points par match. Mais en NBA, tu ne gagnes pas les matches avec 80 points. La moyenne c’est 92 points. C’est un détail qui a son importance. BasketSession : Avoir Chris Paul à la mène, ça doit faciliter la vie ? R.T. : (rires) Ça facilite beaucoup de choses oui. Chris Paul est quelqu’un qui aime beaucoup parler sur le terrain. Et ça permet à tout le monde de se connecter. C’est notre petit général. Tony et Chris sont deux meneurs différents. L’un va mener ses troupes grâce à ses actions et à son côté scoreur. Tony est le meilleur joueur en contre-attaque à son poste que je connaisse. Tony est beaucoup plus scoreur, Paul est un passeur. De toute façon, ce sont deux des meilleurs meneurs. Si j’étais coach, je n’aimerais pas à avoir à choisir. Basketsession : Voir Griffin mettre des gros dunks encore et encore, ça devient banal non pour vous ? R.T. : Bah tu restes toujours impressionné. C’est un athlète ce mec. La combinaison entre athlétisme, course, en fait c’est un mix de tout. Quand je le regarde, je me demande à chaque fois quel autre sport il aurait pu faire. Et je me dis à chaque fois qu’il aurait pu tout faire ! C’est ce qui fait sa force. C’est la définition pure d’un athlète. BasketSession : Que penses-tu du début de saison catastrophique des Lakers ? R.T. : On ne s’occupe pas de leurs affaires, on a nos propres problèmes. Après si je me place dans la peau d’un spectateur, j’ai toujours dit, depuis que j’ai commencé le basket, que le basket ne se joue pas à 5. Il faut une équipe, un coach, une cohésion sur et en dehors du terrain. Il faut des joueurs de devoir. Mon truc, c’est de comparer une équipe à un tableau. Si tu mets la première couche et que tu t’arrêtes, ça reste de l’abstract. Quand tu peaufines par-ci par-là, ça devient un Picasso (rires). BasketSession : Et physiquement, tu te sens comment ? R.T. : Ça va très bien. Le soleil aide beaucoup à rester en forme. J’aime bien sortir de chez moi et avoir les yeux qui piquent. [superquote pos="g"]"J'ai pas loin de 200 paires de Air Force 1"[/superquote] Basketsession : C’est quoi ton objectif individuel ? R.T. : Continuer à jouer et à prendre mon pied. Je ne peux pas vivre sans me faire plaisir. C’est dans ma personnalité. BasketSession : Tu te vois revenir en France pour la fin de ta carrière ? R.T. : Euuuuuuh, nan je finirai ma carrière en NBA et après je partirai. Personne ne saura où je suis. Au Népal ou en Martinique, je serais caché dans la cambrousse. BasketSession : Tu aurais aimé évoluer avec quelques français comme c’est le cas pour Tony, Boris et Nando aux Spurs ? R.T. : Ils sont au beurre là-bas avec le cuistot de Tony. Et puis c’est important ce soutien entre compatriotes. Quand tu veux parler français ou que tu veux aller bouffer dans un resto français, tu y vas avec eux. C’est bien d’avoir des gens qui ont la même culture. Tu ne peux pas juste être une individualité, c’est bien de passer du temps ensemble. Le basket c’est éphémère. Quand tu arrêtes, ce sont ces petits moments passés avec tes coéquipiers qui te reviennent. Les délires, les moments difficiles… Basketsession : On te verra à l’Euro 2013 cet été ? R.T. : Si Dieu veut, on verra bien. Je suis quelqu’un qui a toujours répondu présent en équipe de France. Mais il y a aussi le corps qui fatigue. Ça fait 14-15 ans que je joue au basket. Mais bon, tant que la machine avance, je continue d’avancer donc on verra. BasketSession : Sinon, on a entendu dire que tu étais un fan de Air Force 1 ? R.T. : Ouh là, les AF1 et moi c’est une longue histoire d’amour. Ça a commencé quand j’avais 16-17 ans. Les gars du quartier en avaient. Je n’ai pas grandi dans une famille aisée. A l’époque ma mère m’avait acheté des Gary Payton au lieu de s’acheter une robe. On les a cherchées partout, j’avais de trop grands pieds. Et depuis ce jour-là, je me suis dit que les shoes coutaient chères. Quand j’ai commencé à avoir de l’argent de poche, je me suis acheté des AF1 blanches, les basses. Toujours en basse mes baskets. Depuis j’adore en avoir, je les collectionne. BasketSession : Tu en as combien ? R.T. : Je ne sais pas, je ne dirai pas loin de 200. J’ai plein d’amis qui travaillent dans des endroits où ils ont des éditions limitées donc j’en achète pas mal ou on fait des échanges.
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