Rudy Gobert, no All-Star, no problem

Rudy Gobert ne sera peut-être pas All-Star cette saison, mais ça n'a aucune importance. Le Français est en train de devenir une référence et de guider son équipe vers les playoffs.

Rudy Gobert, no All-Star, no problem
"Je veux devenir All-Star dans les cinq ans". Il est intéressant de relire les déclarations de Rudy Gobert en mars 2015. Le pivot français commençait à peine à faire son trou en NBA grâce au départ d'Enes Kanter pour Oklahoma City et beaucoup à sa place se seraient montrés prudents et modérés. Gobert, lui, savait déjà de quoi il était capable et ce qu'il se sentait en mesure d'accomplir. Ambitieux et culotté pensait-on, pour un joueur européen de 22 ans titulaire depuis quelques semaines seulement dans une équipe de bas de tableau et considéré comme un protecteur de cercle exclusif. Un profil rarement prisé par les fans et les coaches pour participer à la grand-messe de mi-saison... Un peu moins de deux ans plus tard, sa présence à New Orleans au mois de février en compagnie de Stephen Curry, Kevin Durant ou Russell Westbrook ne choquerait pas grand monde. On a inclus Rudy dans notre sélection des All-Stars à l'Ouest la semaine dernière, mais qu'importe en fait s'il devient All-Star ou non. Une prime est certainement prévue dans le joli contrat qu'il a paraphé l'été dernier (102 millions de dollars sur 4 ans) en cas de sélection, mais elle a moins de signification que le niveau qu'il est en train d'atteindre au sein de la ligue la plus compétitive de la planète. En mars 2015 toujours, Rudy se réjouissait qu'un adversaire du standing de Marc Gasol vienne le féliciter pour ses progrès après une rencontre entre Utah et Memphis. "Il y a un peu plus de respect de la part des autres joueurs", avait-il expliqué. Aujourd'hui, c'est toute la NBA respecte qui l'ancien Choletais. Mieux, elle le craint. Alors que la mode est aux big men capables de driver et shooter comme des ailiers ou des arrières, l'intérieur de Salt Lake City fait du Jazz l'une des rares équipes que ses adversaires abordent différemment des autres. Devoir gérer un poste 5 qui ne fuit pas la raquette et peut vous dominer à l'ancienne en défense et en attaque n'est pas dans les cordes de tout le monde. [superquote pos="g"]Avec des stats comparables, DeAndre Jordan a été dans la All-NBA 1st Team.[/superquote] Car Gobert ne brille plus uniquement par sa faculté à interdire l'accès au cercle. Meilleur contreur de la ligue à l'heure de ces lignes (2.6 blocks/match), le Français en est aussi le 3e joueur le plus adroit (parmi ceux qui "shootent" au moins 5 fois/match) avec 65.5% (+10% par rapport à la saison passée) et le 5e rebondeur avec 12.3 prises de moyenne. Il pointe également en tête de catégories appréciées des geeks de la stat, les offensive et defensive ratings, symboles de l'efficacité d'un joueur des deux côtés du terrain, les defensive win shares (le nombre de victoires théoriques fournies par les prestations défensives d'un joueur) et en 5e position des win shares tout court. Avec 26 double-doubles à presque mi-saison, "Gobzilla" (un surnom qu'il préfère à "The Stifle Tower"), a déjà battu son meilleur total en carrière. D'un strict point de vue statistique, ce que fait l'intérieur de Utah est comparable à la production de DeAndre Jordan en 2015-2016. Pour rappel, le pivot des Los Angeles Clippers avait été nommé dans la All-NBA First Team la saison passée...

Une panoplie qui s'étend

Si l'on sort des chiffres purs, Rudy monopolise désormais l'attention des défenseurs et permet à des joueurs comme Gordon Hayward, George Hill ou Joe Ingles de s'exprimer davantage en attaque. Il affiche aussi depuis plusieurs mois de vrais progrès dans un secteur où on l'attendait moins : la passe. Il n'est plus rare de le voir monter un peu la balle et participer efficacement à la circulation du ballon et la création du jeu. Si on l'imagine mal devenir un point-center et empiler les assists comme pouvait le faire Joakim Noah à Chicago, ses coéquipiers savent qu'il peut leur servir de relais ou de pourvoyeur sur quelques séquences, à l'image d'un Andrew Bogut à Golden State cuvée 2015. L'influence de Boris Diaw dans cette petite évolution n'est d'ailleurs pas à sous-estimer. Au-delà des clichés sur "le grand-frère" et le "mentor" que peut être "Babac" pour son coéquipier en sélection, il est clairement une source d'inspiration. Techniquement, on a également vu Gobert développer un petit skyhook qui surprend fréquemment ses vis à vis. Une arme plutôt utile dans une panoplie offensive jusqu'ici limitée aux dunks et aux lay-up non contestés qu'il a agrémentée de quelques moves au poste toujours en maturation. Fin 2016, Rudy Gobert expliquait sans broncher qu'il pensait être "actuellement le meilleur pivot de la ligue". DeMarcus Cousins n'avait pas commenté, mais on peut supposer que "Boogie" n'était pas particulièrement heureux de l'entendre. A défaut de pouvoir affirmer que le Français est bien le meilleur poste 5 de NBA, on peut lui reconnaître le statut de pivot le plus efficace et déterminant pour son équipe. Contrairement à "DMC" et ses Kings, sauf deuxième partie de saison cataclysmique, le #27 va ramener son équipe en playoffs après 5 ans de disette. A coup sûr,  Cousins échangerait bien une participation au All-Star Game contre ce fait d'armes qu'il est pour l'heure incapable d'accomplir... https://www.youtube.com/watch?v=BVGVuyILodI

Les stats de Rudy Gobert en NBA

Year Team G Min FGM FGA FG% 3PM 3PA 3PT% FTM FTA FT% Off Def Reb Ast TO Stl Blk PF Pts
2013-14 UTA 45 9:38 0.8 1.6 48.6 0.0 0.0 0.0 0.7 1.4 49.2 1.1 2.3 3.4 0.2 0.7 0.2 0.9 1.3 2.3
2014-15 UTA 82 26:19 3.1 5.2 60.4 0.0 0.0 0.0 2.1 3.3 62.3 3.2 6.2 9.5 1.3 1.4 0.8 2.3 2.1 8.4
2015-16 UTA 61 31:40 3.2 5.8 55.9 0.0 0.0 0.0 2.6 4.6 56.9 3.4 7.5 11.0 1.5 1.9 0.7 2.2 2.7 9.1
2016-17 UTA 39 33:14 4.2 6.5 65.5 0.0 0.0 0.0 3.8 5.8 65.8 3.5 8.7 12.3 0.9 1.8 0.7 2.6 3.1 12.3
Totals 227 25:38 2.9 4.9 59.3 0.0 0.0 0.0 2.3 3.7 60.4 2.9 6.2 9.1 1.1 1.4 0.6 2.0 2.3 8.0