Une pensée pour Steve Nash, désormais dans un traquenard

Si le trio Durant-Irving-Harden ne marche pas à Brooklyn, Steve Nash risque de servir de fusible. La mission est bien plus chaude qu'il n'y paraît.

Une pensée pour Steve Nash, désormais dans un traquenard
Lorsque Steve Nash a accepté le poste de head coach des Brooklyn Nets, il savait que la tâche ne serait dans tous les cas pas évidente. A l'image de ce que Jason Kidd avait connu, déjà à Brooklyn, en 2013, l'ancien meneur star a signé son contrat avec une mission particulière et pas si enviable pour un coach rookie : gagner rapidement, pour ne pas dire immédiatement, grâce à la présence de superstars dans son roster. L'expérience avait été de courte durée pour Kidd, congédié après une élimination en demi-finale de conférence et une gestion complexe de l'ego des vieilles (ou vieillissantes) gloires Paul Pierce, Kevin Garnett, Deron Williams et Joe Johnson. La donne était un peu différente lorsque Nash s'est engagé avec les Nets. Le deal de base était d'encadrer un projet de jeu autour des deux superstars que sont Kevin Durant et Kyrie Irving. S'il savait que coacher ce dernier ne serait pas forcément de tout repos, il y a quand même des basketteurs plus compliqués à gérer et à faire évoluer ensemble que KD et "Uncle Drew", surtout s'ils ont décidé eux-mêmes de joindre leurs forces. Le contexte a changé en quelques semaines pour Steve Nash. D'une tâche pas évidente mais a priori gérable, le voilà passé à ce qui est peut-être le poste le plus compliqué en NBA à l'heure actuelle, ou en tout celui avec le plus de pression. Evidemment, beaucoup de coaches rêveraient d'avoir à leur disposition des joueurs avec le talent de Durant, Irving et James Harden. Mais l'arrivée du MVP 2018 est aussi un vrai bouleversement pour Nash et la manière dont il avait sans doute appréhendé le job. James Harden, les Nets, les Rockets : Les gagnants et les perdants d'un trade massif ! Le Canadien a été un joueur fabuleux et sa science du jeu ne fait aucun doute. Il a aussi un profil relativement consensuel et diplomate censé l'aider à gérer des personnalités fortes. Tout cela est très bien. Mais comment Nash est-il censé faire avec le roster qu'il a désormais sous la main ?

Carte blanche pour le trio et YOLO ?

Autour de Kevin Durant et Kyrie Irving, l'ancien meneur de Phoenix pouvait compter sur une jolie profondeur de banc. Caris LeVert, Jarrett Allen et Taurean Prince sont partis, et Spencer Dinwiddie est out pour la saison. Le voilà avec un seul poste 5 de métier, DeAndre Jordan, une rotation arrière pas folle sur le papier (même si on est content que Timothé Luwawu-Cabarrot y ait un rôle important) derrière Irving et Harden, mais aussi et surtout de vraies colles au niveau du plan de jeu. Comment instaurer des schémas offensifs efficaces et satisfaisants quand on doit aligner trois des cinq joueurs qui aiment le plus avoir le ballon et prendre des shoots dans toute la NBA ? Comment gérer ces trois-là, qui ont tous des personnalités et des egos forts (oui, même KD) ? Ne faut-il pas absolument chercher à faire un autre move pour que le roster paraisse moins bancal malgré une force de frappe offensive quasiment inédite en NBA pour un trio ? On avait eu quelques craintes en début de saison, alors qu'il n'y avait pas encore Harden, lorsque Kyrie Irving avait laissé entendre que "tout le monde serait un peu coach tour à tour" et que Nash avait justement été choisi parce qu'il n'arriverait pas avec l'intention de révolutionner leur manière de jouer ou le souhait d'être en mode père fouettard. Est-ce qu'il n'y a pas le risque que ce groupe passe en auto-gestion, sous l'égide des trois lascars, avec un Steve Nash qui leur laisserait carte blanche jusqu'à ce que vienne le moment de les sortir du terrain ?

Et la défense ?

Dans un passé récent, rares sont les équipes ne disposant pas d'une forte base défensive à avoir remporté le titre. Brooklyn a beau avoir monté de belles choses par séquences, les fondations d'une défense étouffante ne sont pas franchement là. L'ADN de coaching de Steve Nash, d'ailleurs, est de son propre aveu d'abord basé sur la créativité offensive et l'altruisme, ce qui ne surprendra pas celles et ceux qui l'ont vu jouer en NBA pendant presque 20 ans. Rien ne dit qu'il ne parviendra pas à mettre en place une défense en équipe digne de ce nom, mais c'est assez clairement un chantier pour les mois à venir. On souhaite le meilleur à Nash, bien évidemment. Mais il semble malheureusement assuré que si les choses ne se passent pas bien, il sera le premier à être éjecté de l'avion. Jason Kidd a plutôt correctement rebondi derrière malgré quelques péripéties. Un échec ne signifierait pas forcément la fin de la carrière de head coach de Steve Nash, mais il la ferait démarrer moins idéalement que prévu...