Wembanyama et les Spurs à l’épreuve des Wolves

DE NOTRE CORRESPONDANT À SAN ANTONIO – Victor Wembanyama et les Spurs ont décroché leur 10e victoire, « la meilleure de la saison », face aux Timberwolves de Rudy Gobert ce samedi (113-112). Une histoire de leçons.

Wembanyama et les Spurs à l’épreuve des Wolves

Victor Wembanyama s’élance, dribble à gauche, et ramène immédiatement la sphère vers sa main dominante. Deux foulées plus tard, la balle passe au-dessus de Rudy Gobert. Il ne manquait qu’une fraction de seconde au pivot des Timberwolves pour contrer le Shammgod du rookie des Spurs. Mais cet infime laps de temps fait toute la différence à un tel niveau.

« Ce sont des moves que je travaille vraiment à presque tous les entraînements », confie-t-il en conférence de presse, à propos du crossover iconique popularisé par God Shammgod. « C’est simple de travailler des moves, mais c’est plus dur de les appliquer. Donc je suis content de voir que mon cerveau a pu réagir assez vite pour les sortir en match. »

À la possession suivante, Wembanyama se présente naïvement devant la ligne à trois points, puis tente une passe anémique. Elle est directement interceptée par son compatriote, dont il semblait avoir oublié les dimensions et les réflexes pendant un instant.

Dans la victoire de San Antonio face à Minnesota (113-112), ce samedi, le Français de 20 ans a montré tant l’étendue de son talent que le chemin qu’il lui reste à parcourir.

Le paradoxe Victor Wembanyama

Les derniers instants du match illustrent parfaitement le paradoxe de Victor Wembanyama. À deux minutes de la fin, son tir à trois points a été salvateur pour les Spurs, qui venaient de reprendre l’avantage après avoir longtemps couru derrière le score. Puis, après un pick-and-roll avec Devin Vassell à 50 secondes du terme, étonnamment en tant que porteur de balle, l’intérieur de 2,24 m s’est présenté sur la ligne des lancers… pour y échouer.

Alors, lui et son équipe ont dû redoubler de concentration en défense, pour veiller à ce que Karl-Anthony Towns ne leur dérobe pas la victoire au buzzer. « C’est le basket et c’est la vie. Dans un monde parfait, nous aurions rentré ces lancers et nous n’aurions même pas eu à nous en soucier. Mais c’est ainsi. Cela montre simplement que nous avons progressé en défense », a nuancé Devin Vassell. « Nous nous sommes assurés qu’Anthony Edwards (auteur de 32 points à 12/18 aux tirs, dont 6/8 à trois points, ndlr) n’obtienne pas le dernier tir. Nous étions à l’aise avec l’idée que n’importe qui d’autre le prenne. » Et le plan de jeu, bien respecté par l’ensemble de l’équipe, leur a offert la victoire contre l’un des leaders de l’Ouest — symboliquement, leur dixième de la saison.

[ITW] Nicolas Batum : ses impressions sur Victor Wembanyama

Wembanyama avait brillamment déployé son arsenal offensif jusqu’ici, amassant 23 points contre la meilleure défense de la NBA. Dès le début, il en avait montré un bel aperçu. Un step-back à trois points face à Towns, deux incursions sur la ligne de réparation, un alley-oop servi par Tre Jones, et il comptait déjà 12 points après cinq minutes de jeu. Mais il n’a pas réussi à retrouver cet éclat au moment le plus important.

Il n’a récolté que trois points en neuf minutes dans le dernier quart-temps. Il a manqué deux de ses trois tirs, ainsi que ses deux lancers, tout en perdant deux ballons. Une contre-performance que l’on peut partiellement attribuer à la défense de Rudy Gobert, qui l’a traqué sans relâche toute la soirée. L’autre partie, sans doute sa jeunesse et les limites qu’il n’a pas encore réussi à dépasser. Il a donc dû accepter de se reposer sur ses coéquipiers.

« Avoir une équipe solide, ça passe par le fait de savoir s’entraider et parfois rattraper les erreurs des autres », a expliqué la star bourgeonnante. « Nous sommes tous prêts à faire des sacrifices. Ce soir, ça a justement marché parce que personne n’était égoïste. »

« La meilleure victoire de la saison » pour les Spurs

Ce sont Devin Vassell et Jeremy Sochan, sept points chacun dans les douze dernières minutes, qui se sont chargés de porter l’attaque quand « Wemby » marquait le pas. Doug McDermott y a ajouté six points précieux, et Keldon Johnson est allé chercher le lancer décisif qui a permis à San Antonio de l’emporter par la plus faible des marges.

Tout comme le premier choix de la draft, les Spurs ont encore beaucoup à apprendre, mais ils avancent. Ils ont prouvé qu’ils tiraient des leçons de leurs erreurs, gommant leurs défauts les plus criants du début de la saison, face à une équipe qui les avait déjà vaincus deux fois auparavant.

« Je pense que nous sommes en train de progresser et de mûrir », a souligné Vassell. « Il y avait des moments où, lorsque nos adversaires faisaient un run, nous baissions la tête, nous étions presque abattus. Ce soir, nous avons joué 48 minutes, comme le coach le prêche toujours, et nous nous sommes accrochés. C’est la chose la plus importante. Même s’ils font un run de 20-0 en face, nous continuons de nous battre et nous n’abandonnons jamais. »


Gregg Popovich n’a voulu répondre à aucune question portant sur le duel Wembanyama-Gobert, ou sur les prouesses de son protégé. Ce dernier n’avait pas non plus la tête à se mesurer individuellement à Rudy Gobert, mais bien collectivement à l’une des meilleures équipes de la NBA. « C’est ce à quoi je pensais en entrant sur le terrain », a assuré Victor Wembanyama.

Pour eux, l’essentiel résidait ailleurs : dans l’évolution de son jeune groupe dans son ensemble. « Ils ont fait preuve d’une grande volonté de gagner, en faisant beaucoup de petites choses », a félicité le coach de San Antonio. « Au fur et à mesure que la saison avance, nous espérons prendre l’habitude de faire les choses de la bonne manière, être lus réguliers. Mais les deux dernières nuits ont été merveilleuses. »

Ce samedi, les Spurs ont franchi un mur contre lequel ils s’étaient déjà heurtés à deux reprises. C’est parce qu’elle reflète le chemin parcouru qu’elle s’impose, aux yeux de Popovich et de la plupart de ses joueurs, comme « la meilleure victoire de la saison ».

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