Les Warriors, petits mais costauds

Mis à mal par les Cleveland Cavaliers dans les Games 2 et 3, les Golden State Warriors ont trouvé la parade en s’appuyant sur un cinq « small ball » qui a fait la différence lors du Game 4.

Les Warriors, petits mais costauds
La réussite d’une équipe de basket n’est pas seulement liée à la taille de ses joueurs. Steve Kerr et ses assistants en ont fait le constat après les deux défaites consécutives des Golden State Warriors lors des deuxièmes et troisièmes manches des finales NBA. Alors le coach a osé prendre des risques. Il a osé se passer des services d’Andrew Bogut et de ses 213 centimètres. Pilier de la meilleure défense du championnat, l’Australien a joué moins de trois minutes hier soir (un temps de jeu suffisant pour ouvrir le crâne de LeBron James…). Plutôt que de s’appuyer sur un cinq qui a dominé outrageusement la saison régulière – 67 victoires – Kerr a ajusté son groupe de départ aux besoins de son équipe malmenée par les Cavaliers depuis deux rencontres.
« On voulait accélérer le tempo et écarter le jeu », explique le tacticien. « On a contrôlé le rythme de la rencontre. »
Les Warriors ont pris l’habitude de dicter leur rythme à leurs adversaires tout au long de la saison. Mais ils ont laissé les Cavaliers prendre les commandes de l’appareil depuis le début des finales et ont subi le tempo lent de LeBron James et ses isolations à outrance.

Jouer plus petit pour jouer plus vite

[caption id="attachment_278331" align="alignleft" width="318"] La présence d'Andre Iguodala dans le cinq a changé la donne pour les Warriors.[/caption] Les Californiens ont expliqué leur deux derniers revers par leur panne de confiance, leur passivité et leur mauvais rendement en attaque.
« Une fois que l’on aura retrouvé notre flow, et cela va arriver, nous gagnerons cette série », promettait même Klay Thompson avant le début du Game 4.
Steve Kerr a donc sorti Andrew Bogut du cinq pour le remplacer par Andre Iguodala, habituel sixième homme de l’équipe. Avec Stephen Curry, Klay Thompson, Harrison Barnes, Draymond Green et « Iggy », les Warriors ont pu imprimer un rythme plus rapide dès les premières minutes de jeu.
[superquote pos="d"]"On gagnera la série une fois que l'on aura retrouvé note flow." Klay Thompson[/superquote]« Ce cinq avait du sens car nous avions du retard à l’allumage lors des matches précédents », commentait Curry. « On a pu faire des stops et hausser le tempo. »
Dans les faits, les Cavaliers ont pris un meilleur départ, infligeant un 7-0 d’entrée de jeu. Les intérieurs de l’Ohio – Tristan Thompson et Timofey Mozgov – ont rapidement profité de leur avantage de taille pour capter des rebonds offensifs et marquer près du cercle. Mais les Warriors ont fini par se mettre en jambe et ils ont alors repris les devants au tableau d’affichage avant de creuser l’écart. Avec un cinq plus mobile sur le parquet, ils ont pu switcher sur tous les écrans, provoquer des stops et gambader en contre-attaque.

Des joueurs remis en confiance

[caption id="attachment_267491" align="alignleft" width="318"] Draymond Green a repris confiance après son G4 réussi.[/caption] Les Warriors ont donc donné l’impression de jouer plus vite. Un sentiment qui ne se traduit pas dans les statistiques. Ils ont inscrit seulement 11 points en contre-attaque – contre 20 en moyenne en saison régulière – et ils n’ont pas joué plus de possessions que lors des rencontres précédentes. En revanche, ils ont bien mieux fait circuler la balle afin de se créer de meilleures opportunités pour marquer. Chaque joueur a pu se mettre dans le rythme en touchant un peu plus la gonfle. Les Warriors ont ainsi repris confiance progressivement et ils ont shooté à 47% dans le champ (40% à trois-points) alors qu’ils avaient fait preuve de maladresse lors des derniers matches.
[superquote pos="d"]"Ils étaient les agresseurs, on se devait d'inverser la tendance." Draymond Green[/superquote]« C’est ce dont nous avions besoin », reconnait Draymond Green. « On se devait de les mettre sur les rotules. Ils (les Cavaliers) étaient dans la peau des agresseurs depuis le début de la série. On se devait d’inverser la tendance. »
A l’image de son équipe, Green avait à cœur de relancer la machine. Elément essentiel du succès de Golden State cette saison, l’ailier-fort a été à le peine lors des deux derniers matches.
« Si j’avais joué à mon niveau habituel, nous aurions gagné tous les matches », déclarait-il avant le Game 4.
Draymond Green a ainsi pu se remettre en confiance hier. Il a inscrit 17 points, capté 7 rebonds et délivré 6 passes décisives. Son coéquipier Harrison Barnes a lui aussi profité de ce nouveau dispositif pour marquer 14 points et prendre 8 rebonds.

Un nouveau dispositif pour une nouvelle mentalité

[caption id="attachment_270089" align="alignleft" width="318"] Steve Kerr a apprécié l'attitude de ses joueurs hier soir.[/caption] Le cinq « small ball » a surtout été le déclic psychologique pour des Warriors trop souvent dans la retenue depuis le début des finales. Selon Steve Kerr, c’est avant tout un changement d’attitude qui explique le succès de son équipe hier soir.
« Je ne pense pas que la plus grande différence soit le cinq de départ ou les ajustements que nous avons faits. Je pense que la plus grande différence, c'est que nous avons joué beaucoup plus dur. Lors des trois premiers matches, c'étaient eux l'équipe la plus combative. Peut-être que, vu que ce sont nos premières finales, nous pensions pouvoir jouer dur. Mais nous avons compris que ce n'est pas seulement jouer dur, c'est jouer chaque action comme si c'était la dernière. Et je pense que nous avons franchi un cap dans nos efforts. »
Les Warriors étaient plus petits mais ils étaient surtout plus combatifs hier soir. Ils ont fait les efforts nécessaires pour gagner le match. Ils ont pris conscience de l’engagement et la concentration dont ils doivent faire preuve pour espérer faire plier une équipe de Cleveland emmené par un LeBron James surréaliste et bien limité par Andre Iguodala hier soir (20 points à 7/22 aux tirs). Les Warriors ont compris hier soir, que l’important ce n’est pas le cinq aligné sur le terrain mais bien la façon dont il est utilisé et l’énergie déployé.