Les grandes questions des playoffs à l’Est

Un tour d'horizon complet sur le paysage de la Conférence Est avant les playoffs qui débutent demain soir.

Les grandes questions des playoffs à l’Est

Le nouveau système des Toronto Raptors peut-il faire la différence en playoffs ?

Annoncés sur le déclin car bloqués avec le même groupe et les mêmes lacunes année après année, les Dinos se sont réinventés en 2017-2018. Le coach, Dwane Casey, est resté. L’effectif n’a pas bougé. Mais les Raptors ont eu le courage de se regarder dans une glace et de faire des efforts pour gommer leurs lacunes. En playoffs, Toronto était toujours trop dépendant des isolations successives de Kyle Lowry et DeMar DeRozan. Le staff a ainsi demandé à ses deux All-Stars de moins garder la gonfle et de faire plus circuler. Résultat, toute l’équipe croque sa part. La marque est vraiment répartie dans l’Ontario, notamment grâce à la mafia fantastique du banc de touche. Sept joueurs affichaient plus de 8 points au compteur cette saison. Toronto se classait aussi dans le top trois de la ligue à l’efficacité offensive (110 points sur 100 possessions) et dans le top cinq en défense. Aucune équipe NBA – AUCUNE – ne peut se vanter d’avoir autant pesé des deux côtés du parquet. Mais la question est toujours la même : les Raptors vont-ils tenir sous la pression ? Vont-ils s’évertuer à rester fidèles à leurs principes quand la pression montera de plusieurs crans ? Vont-ils retomber dans leurs travers ? De ses questions dépend leur parcours. Ils ont le potentiel pour aller en finales. Reste à savoir s’ils ont le mental.

Quel (jeune) patron pour les Boston Celtics ?

Pas de Kyrie Irving et évidemment pas de Gordon Hayward pour la franchise du Massachussetts. Brad Stevens va devoir bricoler avec ce qu’il a pour la première campagne de playoffs post-Isaiah Thomas. Cela tombe bien, il a des jeunes qui ne demandent que ça. Avoir des responsabilités. Jayson Tatum a été écarté des débats pour le ROY alors qu’il est peut-être le meilleur joueur de sa promotion. Parce que son rôle n’était tout simplement pas aussi « offensif » (il avait un statut important dès cette saison mais pas autant de libertés) que celui de Donovan Mitchell. Il aura maintenant l’opportunité de prouver qu’il peut aussi driver une équipe à vingt piges. Jaylen Brown, 21, et Terry Rozier, 24, ont eux aussi les dents longues. Prêtes à rayer le parquet. Toute cette jeune troupe aura là une occasion de se tester au plus haut niveau sans avoir une grande pression de résultat. Une formidable expérience qui devrait leur servir par la suite.

Markelle Fultz peut-il faire la différence pour les Philadelphia Sixers ?

Superstar annoncée en juin puis risée du net en octobre, Markelle Fultz sera peut-être le héros de toute une franchise en avril. Sa saison est une pure énigme dont même les acteurs les plus proches des Philadelphia Sixers ne sont pas certains d’avoir la solution. Le premier choix de la draft 2017 a… oublié comment tirer. Improbable mais réel, au point il a manqué des mois de compétition alors qu’il était pourtant physiquement apte à jouer. Il a fini par se débloquer mentalement. C’est maintenant toute l’organisation qui se remet à croire au processus. Parce que Fultz n’a pas arrêté de monter en puissance, doucement, à son échelle, depuis son retour sur les parquets en fin de saison. Sa mécanique de tir est fluide et il est de moins en moins hésitant. Il agresse de plus en plus le cercle. Il est même devenu le plus jeune joueur de l’Histoire à avoir compilé un triple-double sur un match (le dernier de la saison). Attention, il n’est pas le saveur des Sixers ! La pression, elle est sur les épaules de Ben Simmons, de Joel Embiid à son retour de blessure ou sur celles des vétérans de Philly. Les Ersan Ilyasova, J.J. Redick ou Marco Belinelli. Mais sans être attendu, Fultz, qui a gagné des minutes dans la rotation, peut aider son équipe à faire du bruit en playoffs.

Quel rendement pour les nouvelles recrues des Cleveland Cavaliers ?

Les triples finalistes ont chamboulé leur effectif le 8 février dernier, soir de la deadline. Ils ont injecté du sang neuf en dégageant Isaiah Thomas et sa hanche défectueuse, Dwyane Wade, Derrick Rose, Channing Frye, Jae Crowder ou encore Iman Shumpert. Le vétéran George Hill et les jeunes Rodney Hood, Jordan Clarkson et Larry Nance Jr sont arrivés. Le vestiaire s’est rajeuni soudainement. Mais qui dit fraîcheur dit aussi… inexpérience. Nance et Clarkson n’ont jamais joué les playoffs auparavant. Hood n’a jamais été dans une telle situation où tout autre résultat qu’un titre serait synonyme d’échec. Ils ont pourtant tous les trois des rôles importants autour de LeBron James. Idem pour le rookie Cedi Osman. Ils vont devoir apprendre, et vite, sur le tas. Parce que les Cavaliers ont une nouvelle finale à aller chercher. Une bague à conquérir. Un champion à convaincre…

John Wall et Bradley Beal peuvent-ils encore briller ensemble ?

Ils ont beau avoir mis leurs différends de côté, Bradley Beal et John Wall ne forment pas le tandem le plus connecté de la NBA. Ils n’ont pas l’alchimie d’autres duos –Lowry et DeRozan, Stephen Curry et Klay Thompson, Damian Lillard et C.J. McCollum – alors qu’ils sont pourtant complémentaires sur le papier. Ils ont appris à jouer, et à bien jouer, ensemble. Mais ils ne se tirent pas forcément vers le haut. Beal n’a par exemple pas masqué son plaisir lorsqu’il s’est retrouvé bombardé première option (et premier playmaker) après la blessure de Wall. Les deux doivent construire des repères. C’est seulement à leur meilleur niveau, individuel et collectif, qu’ils pourront passer le cap du premier tour en playoffs.

Les Milwaukee Bucks peuvent-ils enfin ressembler à une équipe ?

Hormis le Miami Heat, aucune équipe qualifiée pour les playoffs ne présente un moins bon différentiel que les Milwaukee Bucks (+0,7 point sur 100 possessions). Les joueurs du Wisconsin ont du talent mais ils ne savent pas en tirer la pleine mesure. Ça résume même très bien l’effectif : des basketteurs talentueux assemblés mais pas de collectif. Pas d’identité. Ils étaient censés être efficaces en défense mais ils encaissent finalement 107 points sur 100 possessions. Ils étaient censés être en difficulté en attaque et ils forment finalement la septième équipe la plus prolifique de la ligue dans ce domaine. Giannis Antetokounmpo et ses coéquipiers ont la chance (il faut le dire vite) de jouer les Celtics dépeuplés. Plusieurs des meilleurs joueurs sur le terrain porteront un maillot de Milwaukee. Entre le ‘Greek Freak’ mais aussi Eric Bledsoe, Khris Middleton, Jabari Parker ou Malcolm Brogdon, il y a de quoi faire. Mais les daims devront vraiment jouer ensemble et se tirer les uns et les autres vers le haut pour, pourquoi pas, aller très loin pendant ces playoffs.

Quel impact pour Hassan Whiteside durant ces playoffs ?

Parmi les duels intéressants à suivre sur le même poste, que dire de ce choc des titans entre Joel Embiid et Hassan Whiteside ? Le pivot camerounais est incertain pour le premier tour. S’il ne joue pas, celui du Miami Heat aura-t-il un vrai rôle à jouer ? Il s’est plaint de son temps de jeu à de nombreuses rencontres cette saison. Les stats individuelles parlent en sa faveur : 14 points et 11 rebonds compilés en à peine 25 minutes. Mais elles sont des leurres. En réalité, les Floridiens sont moins efficaces des deux côtés du parquet quand Whiteside est sur le terrain. D’où ses longs passages sur le banc de touche. Si Embiid ne joue pas, il est censé avoir un avantage physique sur n’importe quel adversaire de Philly. Mais peut-il les exploiter ? Et surtout, en aura-t-il vraiment l’occasion ?

Les Indiana Pacers peuvent-ils vraiment espérer quelque chose ?

En saison régulière, les Pacers ont battu les Cavaliers par trois fois. En quatre oppositions. Ils sont cinquièmes à l’Est mais n’ont gagné que deux matches de moins que Cleveland, quatrième. Et pourtant, il y a un fossé d’écart annoncé entre les deux équipes. Indiana a fait une remarquable campagne, bien au-delà des attentes. Mais l’effectif est-il taillé pour les playoffs ? Victor Oladipo et Myles Turner (décevant) sont des leaders vraiment jeunes pour défier LeBron James. C’est à se demander si les Pacers peuvent viser autre chose que d’éviter le sweep…