Au bord du sweep, les Suns confirment ce que nous redoutions tous depuis le début de la saison

En fin d'année 2022, Mat Ishbia, un riche homme d'affaires Américain, rachetait les Suns de Phoenix. Agé de 43 ans au moment du rachat de la franchise, Mat Ishbia allait rapidement confirmer sa réputation issue du monde des affaires : c'est un homme pressé qui veut tout, tout de suite. Ainsi, à l'été 2023, Mat Ishbia n'hésite pas à monter un trade XXL pour récupérer une troisième star dans son équipe, quitte à déséquilibrer totalement l'équilibre de son équipe.

Les Wizards étaient tout heureux de céder Bradley Beal aux Suns de Phoenix. Trop souvent blessé, Bradley Beal avait fait son temps à Washington, et son contrat en or massif devenait trop encombrant pour une franchise qui veut reconstruire. Pas de soucis pour Mat Ishbia qui salivait déjà à l'idée d'aligner sur le même terrain Kevin Durant, Devin Booker, et Bradley Beal.

Peut-être ne savait-il pas que même avec trois stars, une équipe NBA n'avait toujours le droit qu'à un seul ballon sur le terrain ... Peut-être n'avait-il pas écouté ses conseillers sur le fait que cette association n'était pas réellement complémentaire ... Peut-être n'avait-il pas compris qu'un Big Three doit avoir un minimum de sens pour fonctionner.

Je pense plutôt que comme tous les milliardaires qui viennent dans le monde du sport, Mat Ishbia pense qu'il peut acheter le succès, sans même réaliser que construire une équipe capable de remporter le titre NBA prend du temps. Il y a déjà eu des contre-exemples dans l'histoire, mais généralement, il faut du temps.

Dès le début de la saison, le manque d'équilibre dans le cinq des Suns s'est fait sentir. L'absence d'un véritable meneur de jeu également. Les Suns ont pourtant eu la chance de récupérer un Jusuf Nurkic en meilleur état que beaucoup avaient imaginé, mais les blessures à répétition de Bradley Beal ont toujours gêné l'équipe, et empêché le collectif de se mettre réellement en place. Meilleur shooteur à 3 point de la NBA, Grayson Allen fut une bonne surprise, mais les matchs sans qu'il a pu connaître avait laissé présager du pire pour les playoffs.

Pourtant, Mat Ishbia n'a pas hésité à le prolonger avec un contrat de 70 millions de dollars sur 4 ans avant même le début des playoffs NBA. Mat Ishbia confirmait encore une fois qu'il est prêt à tout faire pour que son équipe gagne. Quitte à faire des choix précipités encore et encore, qui se résument à sortir son carnet de chèques. Les deux premiers matchs de la série contre les Wolves ont clairement confirmé ce que certains craignaient : Mat Ishbia aurait probablement mieux fait d'attendre un peu avant de proposer ce contrat à Grayson Allen.

Absent pour le match 3 de la série face aux Wolves, Grayson Allen a donc du voir du banc ses coéquipiers se faire encore outrageusement dominer par les Wolves. Des Wolves qui à la différence des Suns constituent un véritable collectif. Anthony Edwards s'affirme de plus en plus comme la super star de demain en NBA, mais il d'ores et déjà compris qu'il ne pourrait pas gagner seul. Il implique ses coéquipiers et s'appuient sur eux pour éventuellement prendre le match à son compte lorsque nécessaire.

C'est ce qu'on avait pu apprécier au troisième quart-temps du match 1 avec son coup de chaud, ou ce qu'on a pu apprécier dans ce match 3 en seconde mi-temps. Autour de Anthony Edwards, Rudy Gobert répond sur le terrain à ses détracteurs en Amérique. Il est essentiel au succès des Wolves. Karl Anthony Towns a parfaitement accepté le fait qu'il était meilleur en Robin qu'en Batman. C'est désormais l'équipe de Anthony Edwards, mais les Wolves ont besoin de lui pour atteindre les sommets. Derrière, vous avez Mike Conley qui répond présent, tout comme le meilleur 6ème homme de la ligue, Naz Reid, ou encore Nickeil Alexander-Walker, épatant depuis le début de la série face aux Suns.

Sur leur parquet, les Suns ont continué à proposer le même basket qu'ils ont proposé tout au long de la saison pratiquement. Un basket où l'isolation prédomine et où il faut se reposer sur une des trois stars de l'équipe. Le problème, c'est que ce type de basket ne gagne pas en playoffs. Le problème vient également du fait que si Kevin Durant reste magnifique à voir jouer, il fait de plus en plus son âge, et on ne le sent plus capable de prendre un match à son compte pour claquer 50 points comme il a pu le faire dans le passé en playoffs. Le temps passe, même pour Kevin Durant.

Bradley Beal n'est clairement pas la star attendue par Mat Ishbia. Devin Booker fait ses stats, mais on ne le sent pas capable de porter cette équipe qui le devrait. Derrière ces trois joueurs, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent côté Suns. Devin Eubanks, Royce O'Neale ou encore Josh Okogie font de leur mieux, mais ce ne sont clairement pas des joueurs capables de répondre aux besoins de cette équipe qui manque trop de talent derrière le Big Three de Mat Ishbia, qui n'en n'est en réalité pas un.

La défaite 126 à 109 des Suns dans ce match 3 sur leur parquet du Footprint Center n'aura fait que confirmer ce que nous savions tous : l'effectif des Suns est mal construit, et l'empressement de Mat Ishbia à empiler une troisième star n'était clairement pas la bonne décision. Menés 3 à 0, les Suns sont au bord du sweep et tenteront de sauver l'honneur lundi sur leur parquet. Du côté des Wolves, tout va pour le mieux pour le moment, et les coéquipiers de Anthony Edwards tenteront de conclure dès lundi afin de commencer à se préparer pour le défi bien plus grand qui les attendra en demi-finale de Conférence Ouest : les Denver Nuggets de Nikola Jokic !

Kevin Durant Phoenix Suns Stats

équipe ; le sens du mot équipe.
on additionne pas , on se complète..
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Mat Ishbia va devoir payer pour apprendre !
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Excellente analyse
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Tout est dit ! D'un côté une équipe qui a appris à se connaître l'an dernier, et qui a joué ensemble en reconnaissant les réelles qualités de chacun de ses hommes.
De l'autre un étalage de gros noms et de stats offensives (coucou Beal) qui ne suffisent pas. Booker était injouable dans son duo la saison passée et est méconnaissable cette saison
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J'avoue que je n'étais pas fan de Anthony Edwards sur ses deux premières saisons en NBA. Je le trouvais prétentieux et je l'imaginais prendre le chemin de ces futures superstars qui veulent briller individuellement avant tout, quitte à en oublier le but premier du basket qui est un sport collectif.

Peut-être que ses critiques à l'encontre de notre Rudy national fin 2021 avaient accentué ce sentiment.

Néanmoins, depuis la saison passée, j'ai totalement changé d'opinion sur lui. J'ai compris qu'il cherchait avant tout à faire gagner son équipe en jouant juste. Je l'ai trouvé énorme cette saison en portant les Wolves de la bonne façon. Pas en cherchant à faire briller ses stats, mais plutôt en cherchant à gagner. Il prend le match à son compte quand il le faut, et il laisse les autres briller quand il le faut. Je suis désormais fan !
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Entièrement d'accord avec ton article. La précipitation et la volonté de frapper fort trop vite, trop tôt et sans vraie construction au préalable, ça finit souvent mal.
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Pour ceux qui s'intéressent au foot également, cette manière de vouloir précipiter les choses me fait penser à ce qui se passe avec Chelsea en Premier League. Le milliardaire Todd Boehly a racheté Chelsea et a ensuite dépensé à tout va sur 3 ou 4 mercato pour dépasser le milliard de dollars en transferts (on doit peut-être même se rapprocher des 2 milliards depuis ...). Dès qu'un joueur brillait un peu en Europe et faisait le buzz, il le voulait et lâchait 100 millions. Je force le trait, mais on est pas loin de ça. Résultat : aucune cohésion sportive, un assemblage de joueurs prometteurs qui se perdent et n'arrivent pas à s'épanouir, et une place une nouvelle fois dans le ventre mou de la Premier League !
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