Pourquoi les Wolves doivent transférer Love aux Cavaliers

Kevin Love va quitter Minnesota. Et il ira sans doute un Cleveland. Tour d'horizon des motifs qui doivent inciter les Wolves à accepter l'offre des Cavaliers.

Pourquoi les Wolves doivent transférer Love aux Cavaliers
Deux mois après l’annonce des envies de départ de Kevin Love par l’inévitable Adrian Wojnarowski, l’intérieur All-Star est toujours un membre officiel des Minnesota Timberwolves. La rumeur a pris des proportions bien plus importantes depuis et la moitié des dirigeants de la ligue ont sondé leurs homologues des Wolves au sujet de la star. Aucun transfert n’a été effectué lors de la draft. Love a disparu des différentes conversations durant les deux premières semaines de juillet et les franchises se sont tournées progressivement vers d’autres joueurs. Selon ESPN, il ne resterait à ce jour qu’une seule équipe en course : les Cleveland Cavaliers. Les propositions des Boston Celtics, les Phoenix Suns et les Houston Rockets n’ont jamais séduit le management de Minnesota. Les Golden State Warriors et les Chicago Bulls ont été cités mais les deux franchises auraient donc pris du recul sur le dossier. [superquote pos="d"]Cleveland, seule équipe en lice pour Kevin Love[/superquote]Les taureaux ont même démenti avoir formulé une offre officielle. Peu importe. Aucun des packages proposés par Golden State et Chicago ne suscite le réel intérêt des Wolves. Ces derniers ont réclamé Klay Thompson aux Warriors, lesquels ont refusé. Mais le jeune arrière de la Baie n’aurait pas pu faire oublier Kevin Love. Pas le même profil mais surtout pas le même potentiel. Thompson s’approche du niveau All-Star mais il n’a pas encore cette capacité à faire la différence seul – marque de fabrique des superstars – et à porter une équipe. De plus, le shooteur sera restricted free agent l’été prochain et vu la tournure du marché des transferts au cours des deux dernières saisons, il y a fort à parier que la franchise aurait dû aligner un contrat au montant maximum pour le conserver. Perdre Love pour récupérer un joueur, certes prometteur, amené à être payé au prix d’une star sans en être une n’est pas forcément une bonne option. [caption id="attachment_124012" align="alignleft" width="300"] Un départ de Kevin Love est désormais inévitable.[/caption] Les Bulls ont proposé Doug McDermott, Taj Gibson et Nikola Mirotic. Le package est attrayant mais trois joueurs de devoir ne remplacent pas l’un des dix ou douze meilleurs basketteurs de la planète. « McBucket » et Mirotic sont prometteurs mais ne sont pas attendus comme des « game changer ». En acceptant l’offre de Chicago ou de Golden State, Minnesota se serait assuré une place dans le milieu de tableau sans pour autant être sûre de disputer les playoffs au vu de la densité extrême de la Conférence Ouest. Le départ de Love aurait affaibli les Wolves sans pour autant offrir une vraie perspective d’avenir à la franchise. Il reste donc l’offre des Cavaliers : Andrew Wiggins, numéro un de la draft 2014, Anthony Bennett, numéro un de la draft 2013 et un tour de draft. D’autres joueurs sont aussi censés se greffer à l’échange afin de respecter l’équilibre des salaires. S’ils acceptent cette proposition, les Timberwolves seront sans doute nettement moins forts la saison prochaine et ils peuvent d’ores-et-déjà faire un trait sur les playoffs 2015. Mais pourtant, ce transfert semble inévitable et Flip Saunders a tout intérêt à enclencher le deal (NB : cela pourrait ne pas tarder).

Dix ans de disette

[superquote pos="d"]Les Wolves n'ont plus joué les playoffs depuis le départ de Kevin Garnett[/superquote]Voilà dix saisons que les supporteurs des Minnesota Timberwolves attendent le retour de leur équipe favorite. Dix saisons qu’ils croient au renouveau d’une franchise qui a perdu dans la douleur le meilleur joueur de son histoire, Kevin Garnett, parti pour gagner un titre NBA avec les Boston Celtics. L’histoire est en passe de se reproduire avec Kevin Love et le passé récent de la franchise a de quoi refroidir la décision des dirigeants. Dix ans sans playoffs. Une éternité pour les fans. Difficile dans ces conditions d’évoquer le terme « reconstruction » à des supporteurs qui attendant depuis si longtemps. Minnesota ne veut pas transférer Kevin Love. Minnesota veut gagner maintenant, participer aux playoffs et passer un tour histoire de redorer de l’espoir à une ville qui risque de finir par se lasser. Le taux de remplissage du Target Center ne dépasse pas les 75% et les Wolves ont l’une des quatre plus mauvaises affluences moyennes de la ligue (27ème sur 30). Mais comme l’ont souligné les reporters de plusieurs médias US, le départ de Kevin Love – et donc son transfert – est inévitable. Quels que soient les résultats de la franchise cette saison, le jeune homme de 25 ans a décidé de ne pas s’inscrire dans la durée à Minnesota. S’il n’est pas transféré maintenant ou en cours de saison, il testera le marché en 2015. Les désaccords sont trop profonds entre les deux parties pour être réparés. Les dirigeants l’ont sans doute compris et ils se sont rendus à l’évidence : la star va partir. Autant alors garder la situation en main et tirer la meilleure contrepartie possible. Et à ce petit jeu-là, aucune équipe ne peut offrir autant que les Cleveland Cavaliers.

Reconstruire, again

[caption id="attachment_174567" align="alignleft" width="300"] Andrew Wiggins, l'élément le plus attractif de l'offre des Cavs.[/caption] Rien n’indique qu’Andrew Wiggins sera une superstar dans cette ligue, même si l’engouement autour du premier choix de draft fait que l’on a tendance à surévaluer les rookies qui débarquent en NBA. Nous avons lu plusieurs rapports de scouts différents au sujet du joueur canadien et même si tous reconnaissaient un talent certain, la grande majorité d’entre eux nourrissaient des doutes sur sa capacité à devenir un « alpha dog » comme LeBron James ou Kevin Durant. Le meilleur scénario que nous avons lu est le suivant : « Andrew Wiggins sera l’un des sept meilleurs joueurs NBA dans six ou sept ans ». Nous sommes donc bien loin du successeur de Michael Jordan et les scouts peuvent se tromper. Peut-être que Wiggins sera un crack, peut-être qu’il aura simplement une carrière très solide en NBA. Mais peu importe, sa venue pourrait apporter de l’espoir aux supporteurs des Wolves. De quoi adoucir la pilule d’une énième reconstruction. [superquote pos="d"]Top 7 de la ligue dans six ou sept ans, le meilleur scénario pour Wiggins ?[/superquote]Le joueur formé à Kansas a des capacités athlétiques hors du commun. Il est aussi amené à devenir une force défensive de premier plan sur les ailes. En revanche, son tir et son dribble sont encore en chantier. Mais le gamin a prouvé en Summer League – selon la valeur que l’on attache aux performances en ligue estivale – qu’il a du ballon et du talent à revendre. Un rôle de franchise player en devenir l’attend aux Wolves, une franchise où il pourra d’abord évoluer sans pression, gavé de ballon par Ricky Rubio, avec un gros temps de jeu et des responsabilités accrues comparées à celles qu’on lui promet à Cleveland avec LeBron James. Wiggins évoluerait à l’aile, son poste de prédilection et serait l’un des joueurs phares de l’équipe sans pour autant être la première option évidente en attaque. Minnesota s’offrirait une nouvelle jeunesse dorée sous contrat pour au moins sept et six ans dans les cas respectif de Wiggins et Bennett (en supposant que les Wolves s’alignent sur toutes les offres faites aux deux joueurs lorsqu’ils seront restricted free agents en… 2018 et 2017). Si le dernier premier choix de draft est l’élément le plus attractif de l’offre des Cavaliers, il ne faut pas oublier pour autant son compatriote sélectionné à la même position un an plus tôt. [caption id="attachment_129391" align="alignleft" width="300"] Anthony Bennett n'a pas encore montré l'étendue de son talent.[/caption] Anthony Bennett a certes déçu lors de sa première saison NBA mais les conditions n’étaient de toute façon pas réunies pour permettre au jeune ailier fort de briller. Il a débuté la saison blessé avec la pression d’un statut auquel il ne s’attendait pas. Il a débarqué dans une franchise extrêmement mal gérée depuis plusieurs saisons, au sein d’un vestiaire rongé par les tensions entre les jeunes joueurs. Une nouvelle atmosphère pourrait faire le plus grand bien à celui que l’on a souvent présenté comme une version revisitée de Larry Johnson, lui aussi passé par UNLV. Bennett a montré des flashs de son talent en fin de saison – alors que tout était plié pour les Cavaliers – et il a encore affiché ses progrès en Summer League. Il s’est parfaitement remis de sa blessure à l’épaule, il est affuté et son opération des amygdales lui aurait fait le plus grand bien selon ses propres mots. Son évolution balle en main devrait lui donner encore plus de polyvalence, lui qui est déjà capable de jouer à l’aile ou sous le cercle dans un rôle d’intérieur fuyant. Comme Wiggins, il n’est pas encore prêt et il n’a pas nécessairement le potentiel d’une superstar en devenir mais c’est un joueur intéressant autour duquel les Wolves peuvent rebâtir une équipe solide.

Une opportunité unique pour Flip Saunders

[caption id="attachment_120105" align="alignright" width="300"] Flip Saunders, président, coach et actionnaire minoritaire des Wolves.[/caption] Certains fans pesteront contre cette nouvelle période de reconstruction mais Flip Saunders a si bien négocié qu’il occupe un poste unique de Président – GM – actionnaire minoritaire – coach, un rôle unique dans la ligue ! Rares sont ceux dans cette ligue à pouvoir se vanter d’une telle sécurité de l’emploi. Il peut donc se permettre de réclamer du temps. Débarqué à Minnesota pour mettre fin à la mascarade David Kahn et pour relever l’équipe, le Président – GM – actionnaire minoritaire – coach a l’occasion de reconstruire la franchise à son image. En sacrifiant Kevin Love et éventuellement Kevin Martin et/ou J.J. Barea, les Wolves aligneront une équipe plus jeune encadrée (LaVine, Wiggins, Bennett, Dieng, Muhammad, etc) par des « vétérans » eux aussi en dessous de la trentaine comme Ricky Rubio ou Nikola Pekovic. Si jamais le Président – GM – actionnaire minoritaire – coach tient vraiment à aligner une équipe un tant soit peu compétitive, il peut toujours négocier avec les Philadelphie Sixers un échange Anthony Bennett – Thaddeus Young et proposer un cinq Rubio – Martin – Wiggins – Young – Pekovic. Pour l’instant, les Wolves ont les cartes en mains. Mais chaque mois écoulé les rapproche du départ inévitable de Kevin Love. Minnesota a mal géré l’après Kevin Garnett mais il est désormais trop tard pour réparer les mauvais choix passés. En revanche, il est encore temps d’envisager l’avenir avec plus de sérénité, même si, pour cela, les Wolves devront encore patienter trois ou quatre ans avant d’être vraiment compétitifs.