Cavs-Warriors, à quel moment faut-il s’inquiéter ?

Les deux grandissimes favoris pour le titre ont démarré la saison mollement, pour ne pas dire plus. Cavs et Warriors doivent déjà passer la seconde.

Cavs-Warriors, à quel moment faut-il s’inquiéter ?
Les Golden State Warriors et les Cleveland Cavaliers se retrouveront pour un quatrième game 1 des Finales NBA consécutif le 31 mai 2018. On essaye en tout cas de s'en persuader et de ne pas céder à la panique de part et d'autre. Six ou sept matches sur une saison qui en comporte 82, c'est évidemment risible. Mais l'échantillon proposé par les deux équipes permet au moins de se rassurer sur un point. Les Warriors et les Cavs vont être obligés de mériter leur place et de bosser pour ne pas se faire surprendre lorsqu'avril viendra. L'opposition, même modeste, n'arrive plus les jambes tremblantes et le dos courbé. Les problématiques sont différentes dans l'Ohio et en Californie.

Du Guronzan pour les Cavs

A Cleveland, le schéma ressemble un poil à celui de l'an dernier, en pire. On criait au loup face aux errements défensifs du groupe de Tyronn Lue, avant que la barre ne soit redressée progressivement et que LeBron et sa troupe ne cisaillent l'opposition en playoffs. Plus qu'un réveil défensif - des lacunes parfois criantes subsistaient - c'est un regain d'efficacité en attaque et, surtout, des efforts collectifs supérieurs qui avaient fait basculer positivement la fin de saison. C'est cette absence d'énergie et de détermination qui rend cette entame franchement indigeste. En moins de 10 jours, les Cavs ont été battus, parfois surclassés, par des équipes contre lesquelles ils n'auraient pas eu à transpirer par le passé. Brooklyn, Orlando, Detroit, New York...

"La défaite de cette nuit et les dernières sont inacceptables. [...] Perdre contre des équipes comme celle-là, ce n'est pas tolérable. Il n'y a qu'une seule manière de nous en sortir : travailler. Les coaches, les joueurs, tout le monde doit travailler, et on va le faire", a expliqué Tyronn Lue sur ESPN.

On veut bien se dire que le génie de LeBron et l'expérience de ses collègues vont permettre de régler la mire. Peut-être même que les ajustements de Tyronn Lue dans sa rotation (si LeBron lui laisse cette marge de manoeuvre), dont certains ne feront pas l'unanimité en interne, s'avéreront payants. Il en a déjà tenté quelques uns - Dwyane Wade et Jae Crowder sur le banc, Tristan Thompson et Derrick Rose réintégrés après une pige de LBJ à la mène) - tous infructueux pour le moment.

L'âge des cadres en cause ?

Statistiquement, c'est le bazar. A l'heure actuelle, Cleveland a la 24e défense de la ligue, la 7e plus mauvaise donc, au nombre de points encaissés par possession. Selon Elias Sports Bureau, c'est la première fois depuis la première saison de LeBron James en NBA que l'une de ses équipes perd trois matches de rang contre une équipe qui n'était pas en playoffs la saison précédente. Depuis son comeback, jamais le "King" n'avait également pris de tels éclats (quatre défaites de 16.8 points en moyenne) consécutivement. Visuellement, c'est le bazar aussi. Les séquences où les Cavs se font transpercer sur des drives, ont un mètre de retard sur leur joueur en transition, où n'arrivent pas à boucher un tant soit peu l'angle de shoot des snipers adverses, sont légion. C'est presque un problème de capacité à enchaîner les efforts et les courses qui se pose en ce moment. Le rythme de jeu des Cavs est loin d'être effréné et ils se font littéralement éreinter en transition. Difficile de savoir si c'est un simple retard à l'allumage sur le plan physique, ou si l'âge des cadres va commencer à peser dans l'équation. LeBron James, Dwyane Wade, Kyle Korver ou encore JR Smith ont quelques kilomètres au compteur... Même pour LeBron James, dont la préparation a été tronquée par une cheville récalcitrante. Sur le plan des chiffres, le "Chosen One" tient à peu près son rang. Cela dit, on l'avait rarement vu aussi démuni en défense - il a clairement tiré la langue à plusieurs reprises contre les Knicks malgré une bonne volonté initiale - et sans faculté à passer en mode demi-dieu en attaque. Paradoxal, puisque James tourne à 58,6% d'adresse globale, mais n'avait jamais aussi peu marqué depuis sa saison rookie. Un paramètre à relativiser par ses rencontres passées au poste 1. La logique voudrait que LeBron, qui officiellement n'est pas inquiet de cette mauvaise série, pousse une gueulante en interne, incite le staff à procéder à quelques changements et tourne à 35 points, 10 rebonds et 8 passes dans les 15 jours qui viennent. On espère pour les Cavs que c'est comme ça que les choses se goupilleront, sans avoir besoin d'un remaniement similaire à celui qui avait conduit au départ de David Blatt, alors premier de la Conférence Est lors de la saison 2015-2016...

Du dégraissant pour les Warriors

A Oakland, mal principal semble être la "graisse mentale" tant redoutée par les équipes qui aspirent à instaurer des dynasties. Intouchables en playoffs la saison dernière et annoncés comme grandissimes favoris à leur propre succession, les Warriors ont affiché une suffisance qu'on ne leur connaissait pas depuis le début de l'ère Kerr. Là aussi, il n'y a pas complètement péril en la demeure. Simplement des interrogations sur les dégâts que pourraient causer un tel comportement un peu plus tard dans la saison... C'est plus l'absence d'envie de se faire mal ou d'empêcher l'adversaire de revenir dans un match qui frappe pour le moment. Défensivement, alors que c'est évidemment l'une des forces de ce groupe depuis sa formation, Golden State est passif. Les joueurs, cadres ou non, vont moins à la rescousse du partenaire. Laissent plus de marge à des adversaires à qui ils inspiraient une crainte presque démesurée il y a encore quelques mois. Des équipes comme Detroit ou Memphis, pourtant pas les plus prolifiques et tournées vers l'attaque en NBA, ont trouvé des failles inattendues. Contre ces deux équipes et face à Houston en ouverture, les Dubs ont à chaque fois dilapidé un avantage assez important au score, preuve du manque de concentration qui a provoqué cet étonnant bilan de 4 victoires et 3 défaites.

Draymond "gringe"

Le joueur qui symbolise ces difficultés, c'est justement la caution fighting spirit et expertise défensive de l'équipe : Draymond Green. Le All-Star se sent persécuté par l'arbitrage - on n'ira pas jusque-là - et constamment ciblé par des adversaires provocateurs - là, en revanche, c'est assez évident. Moins efficace pour verrouiller ses vis à vis, Green est à fleur de peau et imagine une sorte de complot dans les hautes sphères.

"Qu'est ce que je suis censé faire si on me frappe deux fois ? Il y a un passif entre la NBA et moi. Je ne vois pas d'autre raison pour expliquer le fait que j'ai été expulsé (contre Washington après une prise de bec avec Bradley Beal, NDLR)", a-t-il déploré sur ESPN.

En attaque, il y a là aussi une marge de progression. Une fois que Golden State aura retrouvé le moyen de tuer les matches dès la première mi-temps, une partie du problème sera résolu. Face aux Pistons, l'adresse des cadres n'est pas en cause. Il est rarissime que les Californiens perdent un match alors que Kevin Durant, Stephen Curry et Klay Thompson ont compilé 84 points à 33/50 (66%). Lorsque les champions en titre se montreront un peu plus précautionneux avec la gonfle, les choses iront également mieux. Les 26 pertes de balle accusées contre Detroit sont le pire total de la franchise en la matière depuis novembre 2014.

"On doit commencer à considérer ces rencontres comme importantes. A l'heure actuelle, on dirait que ce n'est pas le cas. Nos gars manquent d'énergie, de concentration et de discipline. On a commencé à s'intéresser à ce match à 6 minutes de la fin parce qu'on était menacés. L'équipe qui le méritait l'a emporté. Le karma a joué son rôle", a reconnu Kerr.

Impossible de les imaginer répéter ces faiblesses lors de leurs prochains matches un peu corsés, à commencer par le prochain contre des Clippers intéressants depuis la reprise. Mettre de l'envie, de la passion et du combat pendant cette saison régulière reste un pré-requis pour les Warriors s'ils veulent à nouveau être au top de leur forme lorsque les matches-couperets commenceront.