Dans le CQFR du jour, le débat a vite glissé d’une actu assez calme aux enseignements de l’EuroBasket 2025. Notamment concernant l’un des grands bonhommes de la compétition, Alperen Sengun. Ce que le pivot turc a montré cet été a conforté une intuition devenue conviction au fil des matches : on tient peut-être l’une des prochaines grandes figures de la ligue.
De “pépite” à patron : l’été de la bascule
« On connaissait son talent, c’est un joueur qui était All-Star la saison dernière, mais je n’étais pas certain qu’il soit capable d’être vraiment la figure de proue de son pays et de l’emmener aussi loin, en finale, en étant excellent tout du long. Il aurait même pu être MVP du tournoi, ça n’aurait pas été un scandale », pose Shaï.
Le curseur a changé de place. On ne parle plus seulement de toucher, de jeu au poste et de vision hors norme pour son âge, mais de l’aptitude à endosser le rôle le plus lourd : leader d’une équipe ambitieuse, sous pression, face aux meilleures défenses FIBA.
Cette dimension ne s’est pas limitée à l’attaque. « J’étais surpris par sa défense aussi », ajoute Shaï, rappelant que le staff de Houston l’a souvent “challengé” sur sa défense et sa dureté. Sur l’Euro, Alperen Sengun a opposé du volume, des aides pertinentes et une vraie présence au cercle. Le tout sans renier son identité créative.
En finir avec les comparaisons avec Jokic
L’analogie est tentante, mais trompeuse. « Les comparaisons avec Jokic, on les comprend… maintenant il faut arrêter. Ce n’est pas le même joueur », tranche Théo. Oui, il y a des points communs – sens de la passe, lecture à mi-poste, capacité à punir les aides – mais Alperen Sengun n’est pas un clone. L’été a surtout montré qu’il savait imposer son tempo en FIBA sans diluer ce qui fait sa singularité NBA.
Le mot “superstar” reste lourd à manier. « Je pinaille sur le terme, j’ai du mal parce qu’il y en a très peu, mais star NBA qui va peser dans les années à venir, c’est validé », nuance Théo. La sémantique importe peu : ce que Sengun a offert cet été, c’est la projection crédible d’un futur top 10/15 de la ligue lorsqu’il sera entouré comme un vrai franchise player.
Confiance, agressivité, responsabilités : le trio qui change tout
« Je l’ai trouvé hyper habité, hyper agressif. Tout ce qui est positif sur un match de basket, je l’ai trouvé vraiment bien », insiste Shaï. Et cette agressivité n’a pas effacé sa justesse, ni nuit à sa créativité : son jeu de passes a continué de structurer l’attaque turque, il a assumé les possessions lourdes, et – détail révélateur – ses tentatives “trop ambitieuses” en fin de match ressemblent moins à des écarts qu’à l’apprentissage d’un patron qui vit avec la balle.
Côté NBA, l’onde de choc est attendue. « Il va jouer dans une équipe très ambitieuse, il n’a jamais vraiment été totalement la première option. Avec la Turquie, il a totalement embrassé cette fonction », observe Shaï. Pour Théo, l’enjeu est clair : transposer ce leadership tous les soirs, face à des plans de jeu calibrés pour le stopper, sans perdre l’économie de gestes qui rend son jeu si productif.
Ce que l’Euro change pour les Rockets
Le staff des Rockets a déjà bâti une partie du projet autour de lui. L’Euro apporte une confirmation majeure : on peut lui confier l’initiative et les clés offensives sans crainte. « J’avais peur que Houston loupe le coche avec lui. Heureusement, ça n’a pas été le cas, on a vu la manière dont ils ont décidé de miser sur lui et de le responsabiliser… C’est un joueur qui n’a pas peur et qui a envie d’être l’un des patrons de son équipe », souffle Théo. Shaï projette même une marche supplémentaire : « Là, il s’est affirmé comme potentiellement une superstar NBA dans les années qui viennent. »
Ce cap impose quelques évidences côté Texas : lui donner encore plus de touches en tête de raquette, multiplier les coupes fortes autour de lui, et faire de sa lecture l’option numéro 1 des fins de quart-temps. L’Euro suggère aussi que sa courbe défensive est ascensionnelle : plus de minutes en drop classique quand le contexte l’exige, mais aussi plus d’audace parfois, avec une mobilité a surpris.
Le plafond, désormais ?
Reste la grande question, celle qui signe l’entrée dans la caste des “game-changers” : la constance. « Je m’attends à ce que le plafond soit plus élevé que ce qu’on imaginait il y a 18 mois », résume Shaï. Théo verrouille le cadre : arrêter la comparaison permanente, valoriser son profil unique, et juger sa progression sur trois axes – influence sans la balle, discipline défensive, et gestion des dernières minutes.
Si l’Euro n’est pas un verdict, il peut être un révélateur. Celui d'Alperen Sengun raconte un joueur qui a cessé d’être seulement un régal pour les fans hardcores et qui commence à peser sur l’issue des tournois. C’est précisément là que naissent les superstars.
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