Frank Ntilikina, après le calvaire, la petite rédemption

Frank Ntilikina, après le calvaire, la petite rédemption

Frank Ntilikina va jouer une finale de Conférence avec Dallas. Même s'il n'est pas devenu la star que le public français et new yorkais espérait, l'international tricolore vit une discrète mais réelle renaissance à Dallas.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus

Frank Ntilikina est en finale de Conférence. Cette phrase, on espérait bien l'entendre un jour lorsque le Français débarquait en NBA gonflé d'espérance et de promesses il y a maintenant cinq ans. On s'imaginait qu'il y parviendrait peut-être sous le maillot des New York Knicks, qui l'avaient drafté en 8e position pour aider la franchise à redorer son blason. Ce sera finalement avec les Dallas Mavericks, après une traversée du désert dont on a cru qu'il ne sortirait que grâce à l'intervention d'Europe Assistance, en tirant un trait sur ses rêves de NBA.

On ne dit pas que le médaillé d'argent olympique est devenu une superstar en quelques jours. Mais en playoffs, des rencontres et des séries tournent grâce à des détails et des role players. C'est un fait : celle entre Dallas et Phoenix a changé au moment où Frank Ntilikina a intégré la rotation, lorsque Jason Kidd lui a confié un vrai rôle, au-delà de la simple figuration qui lui était promise. Après deux premiers matches perdus par les Mavs lors desquels Ntilikina joué 6 minutes en cumulé, Kidd a revu sa copie et offert trois fois 12 minutes, une fois 8 minutes et une fois 21 minutes au Français.

A chaque fois, le meneur membre du Hall of Fame a demandé à l'ex-French Prince of New York de concentrer toute son attention sur une mission : gêner et freiner autant que possible les arrières de Phoenix, à commencer par Chris Paul et Devin Booker. La pression d'organiser le jeu et d'être un attaquant compétent a disparu. Tout le monde ou presque a oublié que Ntilikina était pressenti comme un possible two-way player, avant que ses difficultés à la création ne redéfinissent les attentes autour de lui. Kidd a pris le parti de considérer que ce que savait faire Frank en attaque ne l'intéressait pas. Pour autant, il a cru en ses capacités à activer le mode poil à gratter, dans le registre où il avait faire naître de l'espoir du côté du Madison Square Garden.

"Quand il est en bonne santé, Frank Ntilikina peut nous aider des deux côtés du terrain. Dans le game 6 il a été très bon en défense et il avait mis un panier à 3 points important dans le game 4. Après, on ne le juge pas sur l'attaque, mais on l'observe sur le plan défensif. Je trouve qu'il a fait du très bon travail pour nous à ce niveau", a expliqué Kidd après la rencontre.

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Ce ne sont que des chiffres, mais ils sont tout de même parlants. Lorsque Frank Ntilikina a démarré une séquence comme défenseur principal sur Devin Booker et Chris Paul lors de cette série, les deux All-Stars ont shooté, à eux deux, à 11/31. Il y a bien sûr un effort collectif important à Dallas, comme on le voit depuis le début de la saison. Celui que Bill Simmons appelle Franky Nicotine, faute de pouvoir prononcer correctement son nom de famille, n'a pas muselé ces deux cracks en solo. Il les a néanmoins suffisamment bien tenus et a géré assez intelligemment ces situations potentiellement infernales. Son intensité et ses mains baladeuses ont été fructueuses, puisqu'il a notamment réalisé 6 interceptions sur les 5 derniers matches de la série.

Evidemment, on adorerait voir Frank Ntilikina retrouver un peu de la verve offensive qu'on l'a vu déployer au Mondial 2019 sur certains matches. Mais ce n'est peut-être pas le plus important pour le moment. Le meneur de 23 ans a de l'importance pour les Mavs et c'est déjà une belle victoire quand on se souvient d'où il revient. Après son démarrage prometteur, où le Garden l'a vu se fritter avec LeBron James et verrouiller quelques stars de la ligue, Ntilikina a stagné et régressé au gré des plans souvent décevants que ses coaches ont eu pour lui.

Lui-même n'a pas été irréprochable dans son implication sur et en dehors du terrain, mais il a semble-t-il retrouvé la lumière. A 23 ans seulement, il n'est clairement pas trop tard pour se faire une vraie place en NBA.

 

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