Ingram de confiance, une tonne de promesses

Si les New Orleans Pelicans ont démarré la saison au ralenti, Brandon Ingram carbure et est en train de confirmer tout son potentiel.

Ingram de confiance, une tonne de promesses
Brandon Ingram n'est pas le garçon le plus expressif ou théâtral de la ligue. On l'avait remarqué lors de ses premières saisons en NBA avec les Los Angeles Lakers. L'ancien Dukie a toujours un air faussement nonchalant et la dégaine de quelqu'un qui s'excuserait presque de ne pas avoir encore complètement appris à vivre dans un corps de 2,01 m et 88 kg. Il n'y a finalement que lorsqu'il faut prêter main forte à un camarade dans un échange de mandales avec l'adversaire- comme la saison dernière contre les Rockets - qu'Ingram sort de sa réserve. Quitte à prendre quatre matches de suspension... Depuis 15 jours et ses débuts avec les New Orleans Pelicans, l'ailier de 23 ans s'exprime uniquement balle en main et il le fait fichtrement bien. Alors que tout le monde attendait les débuts de Zion Williamson et d'éventuels cartons offensifs du prodige, c'est Brandon Ingram qui affiche tous les soirs le niveau de jeu d'un franchise player pour NOLA. Sommé, comme Lonzo Ball, de prouver que les Lakers ont perdu gros dans le deal pour faire venir Anthony Davis,  s'exécute dans des proportions que l'on n'imaginait pas forcément. La nuit dernière, lors du match contre les Brooklyn Nets, Ingram a passé encore un cap dans la réalisation de ce potentiel que l'on pensait aussi endormi que sa mine. Si les Pelicans se sont inclinés (135-125), le n°14 s'est fait violence pour que son équipe reste dans le coup. Résultat : 40 points (record en carrière), 5 rebonds et 5 passes à 17/24, avec un récital offensif épatant. Par instants, on aurait cru voir Kevin Durant avec quelques centimètres en moins, de par cette capacité à shooter à mi-distance par-dessus n'importe qui ou à atteindre le panier sans forcer grâce à des bras tentaculaires et un toucher propre. C'est sans doute le morphotype commun des deux hommes qui donne cette impression. Brandon Ingram est encore loin du niveau d'excellence de "KD", mais le simple fait qu'il convoque des points communs est une petite victoire.

Une bonne tête de MIP

Sur les 6 premiers matches de la saison, le natif de Caroline du Nord tourne à des moyennes qu'a pu afficher Durant sur certaines saisons. Avec 26 points, 7 rebonds et 4 passes par match à 55.2% d'adresse globale et 48% à 3 points (en en prenant près de trois fois plus !), Brandon Ingram est l'un des joueurs les plus performants de toute la ligue depuis la reprise. S'il sera évidemment compliqué de tenir la cadence, l'ancien protégé de Coach K chez les Blue Devils a une bonne tête de candidat au MIP. Il ne remportera en tout cas pas le prix de l'enflammade. Après son meilleur match en carrière, l'analyse était froide et emprunte de perfectionnisme.

"J'ai raté un floater, un double-pas face au panier et un jump shot aussi. J'aurais pu faire mieux", a expliqué "BI" devant la presse.

Si le doute était permis quant à sa capacité à passer un cap dès son arrivée à NOLA, c'est aussi à cause de ses problèmes de santé. Il faut rappeler que Brandon Ingram a manqué la fin de saison dernière en raison de la présence d'un caillot de sang dans son organisme. Chris Bosh a dû arrêter sa carrière prématurément à cause d'un souci similaire et de l'impossibilité de trouver un traitement satisfaisant. Cet été, Ingram a revu son programme musculaire et changé quelques habitudes basiques pour éviter une rechute. Pour le moment, c'est payant et aucune alerte n'est à signaler. L'ancien Laker rayonne et se sent comme un poisson dans l'eau avec ces responsabilités accrues.

"Tout le monde a de la liberté. J'en ai peut-être un peu plus que les autres, mais on fait ce qu'on veut sur le terrain. On créé pour les autres et pour nous-mêmes", s'est satisfait Ingram dans un entretien accordé à The Undefeated.

S'il se comporte en leader technique sur le terrain, Brandon Ingram n'est pas, et ne sera peut-être jamais, un aboyeur et un meneur d'hommes. Alvin Gentry s'est montré très satisfait de ce qu'a montré sa recrue estivale jusque-là, mais il semble en attendre plus sur le plan vocal.

"Sur le plan du jeu, Brandon a fait absolument tout ce qu'il pouvait pour nous aider. Mais on cherche toujours ce gars qui va s'imposer sur le plan du leadership. Par exemple, Jrue (Holiday) est un super leader avec ce qu'il fait sur le terrain, mais on n'a toujours pas ce gars qui va verbalement se frotter aux gars. On le cherche", a déploré Gentry.

Avec 5 défaites et une seule victoire depuis le début de la saison, les New Orleans Pelicans ont déjà compris qu'il leur serait difficile de jouer les playoffs cette saison. L'important est donc que les membres du noyau dur que souhaite créer David Griffin accumulent des kilomètres ensemble. Et si l'un d'entre eux s'avère être plus rapidement prêt que les autres pour le très haut niveau, ce n'est pas plus mal. Pour le moment, Brandon Ingram est cet homme-là. Il lui reste à montrer qu'il peut jouer à ce niveau plus que quinze jours et garder cette confiance en lui lorsque Zion Williamson débarquera. Les deux hommes ont d'ores et déjà une belle estime l'un pour l'autre, Ingram ayant décrit le n°1 de la Draft 2019 comme un joueur "qu'on ne voit qu'une fois dans sa vie"...