[ITW] Jaylen Hoard : son comeback réussi, la French Connection d’OKC et les Bleus

Jaylen Hoard a fait un retour explosif en NBA et on a eu la chance d'en discuter avec lui avant les derniers matches de la saison.

[ITW] Jaylen Hoard : son comeback réussi, la French Connection d’OKC et les Bleus

Si vous avez un peu suivi l'actu de la NBA ces derniers jours, vous n'avez pas pu passer à côté du retour très remarqué de Jaylen Hoard en NBA. Presque deux ans après avoir participé à la bulle de Disneyworld avec Portland, puis être apparu 19 matches sous le maillot du Thunder la saison passée, le Français de 23 ans a signé un contrat de 10 jours avec le Thunder. Dire qu'il a saisi sa chance sur les quatre matches au cours desquels il est apparu est un euphémisme. Contre Detroit (11 points, 20 rebonds), Portland (24 points, 21 rebonds) et Utah (23 points, 5 rebonds), l'ancien ailier de Wake Forest a surnagé et montré qu'il avait totalement sa place parmi l'élite.

Avant les deux derniers matches de la saison d'OKC, tous les deux à Los Angeles contre les Lakers et les Clippers, on a pu discuter avec Jaylen. Le membre du Team France - le groupe élargi pour les compétitions internationales - est heureux de l'opportunité mais garde la tête froide et beaucoup d'humilité.

BasketSession : Jaylen, comment ça va ? Les derniers jours ont été plutôt animés ! Comment tu vis cette période positive ?
Jaylen Hoard : Ça va ! Là, on a un jour de repos parce qu'on vient d'enchaîner deux matches et qu'on est arrivé à Los Angeles au milieu de la nuit, c'est toujours un peu galère. Pour cette période, je n'avais pas forcément d'attentes, parce qu'on m'a appelé au dernier moment et que tout est allé très vite. Aleksej Pokusevski est tombé malade, moi je me préparais pour un match avec le Blue, il nous en restait deux pour essayer de nous qualifier pour les playoffs de G-League. J'allais faire la sieste et ils m'ont téléphoné pour me dire que je devais partir tout de suite avec le Thunder et qu'il y avait match le lendemain. Les choses se sont enchainées tellement vite que je ne pouvais pas avoir d'attentes particulières. Je voulais déjà bien intégrer le groupe et au final tout s'est bien passé. La plupart des gars, je les connais. M'intégrer et trouver de la cohésion n'a pas été trop difficile, puisque dans l'équipe ce sont des gars avec lesquels j'avais joué en NBA l'année dernière ou cette année en G-League.

La saison dernière tu avais déjà fait des apparitions avec OKC et, personnellement, je les avais trouvées plutôt bonnes. Comment tu as vécu de ne pas redémarrer la saison avec le Thunder ?
Honnêtement, après la Summer League que j'ai faite avec eux, je trouve que je n'ai pas fait de bonnes performances, à part un match où j'avais été bon. En ayant été moyen, je ne m'attendais pas forcément à signer avec l'équipe du Thunder. Avec mon agent, on a parlé de différentes options. Il m'a dit que ce serait intéressant de retourner avec l'équipe de G-League pour continuer de bosser avec eux. Même si la G-League n'est pas très "glam" et que j'aurais pu aller en Europe ou ailleurs dans le monde pour jouer au basket, le développement que cette ligue permet et la chance qui est donnée aux joueurs est intéressante. On a voulu réessayer une année en se disant que si ça marchait c'était bien, mais que sinon on regarderait ailleurs.

C'est super important pour la NBA d'avoir un tir fiable. Du coup, dès que j'ai la balle, je tire sans hésitation parce que je sais que si je veux pouvoir jouer dans cette ligue, c'est ce que l'on attend de moi

En G-League, tu as fini par jouer intérieur et poste 5. On t'a demandé des choses différentes et tu t'es très bien adapté, avec une belle série de double-doubles notamment. Est-ce que tu t'es surpris toi-même ou est-ce que tu savais que si la chose se présentait ça se passerait aussi bien ?
Honnêtement, de base je n'étais pas fan du tout (rires). Mais c'était nécessaire. DJ Wilson a taffé toute la saison et il a été logiquement appelé par Toronto, puis Olivier (Sarr) a super bien joué aussi et a été signé en two-way par le Thunder. Du coup, j'étais un peu le seul joueur de grande taille (il mesure 2,03 m, NDLR) qui restait dans l'effectif. C'était un peu galère au début, c'était difficile. Je crois que mes deux premiers matches n'étaient pas terribles, mais petit à petit je suis devenu plus à l'aise dans ce rôle. Avec les coaches, on a regardé beaucoup de vidéos pour voir comment je pourrais avoir de l'impact. Même si ce n'est pas mon poste traditionnel, ça s'est de mieux en mieux passé au fur et à mesure du temps.

Depuis ton retour en NBA, on te voit à l'aise à 3 points et tu as même déjà marqué plus de paniers primés que tout au long de la saison en G-League. On sait qu'en NBA on ne jure que par les joueurs qui ont un shoot fiable. Est-ce que c'est un aspect de ton jeu que tu avais ciblé ?
C'est une chose que j'ai beaucoup travaillée tout au long de l'année avec les coaches de G-League. Les stats disent que je n'ai marqué qu'un panier à 3 points, mais c'est parce qu'ils n'ont compté que les stats après le showcase de décembre, en fait j'en ai mis un peu plus. En ce moment je suis en confiance par rapport à mon tir. Comme tu l'as dit, c'est super important pour la NBA que les joueurs aient un tir fiable. Du coup, dès que j'ai la balle, je tire sans hésitation parce que je sais que si je veux pouvoir jouer dans cette ligue, c'est ce que l'on attend de moi et c'est ce que je vais devoir faire.

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Ce doit être particulier d'arriver dans une équipe à un moment où la plupart des fans et le front office ont quasiment envie que l'équipe perde les matchs pour être bien placé à la loterie. Quand on est un joueur comme toi qui a une petite fenêtre d'opportunité pour saisir sa chance, comment est-ce qu'on vit ça ? 
C'est difficile pour moi de me soucier de ça. Je ne peux pas dire que je ne suis là que pour moi, mais quand tu es sous contrat pour 10 jours, c'est comme un essai et tu essayes forcément de montrer des choses. De mon côté, j'essaye juste de jouer du mieux que je peux. Le reste, je ne peux pas vraiment le contrôler. Il nous reste deux matches, je vais essayer de bien finir et de jouer dur, on verra pour le reste. Là, c'est vrai que c'est une équipe particulière. C'est très différent des groupes avec plus de vétérans, comme ce que j'ai connu à Portland. Là-bas, surtout quand tu es rookie, tu ne joues pas forcément beaucoup. Même aux entraînements ou aux training camps c'est différent. C'était difficile ne serait-ce que d'avoir de l'espace et du temps pour faire des reps et participer à des drills. A OKC, il n'y a que des jeunes joueurs. Tout le monde a un peu sa chance à un moment ou à un autre et une occasion de se montrer. C'est quelque chose de plutôt cool dans notre situation.

Parmi ces jeunes, il y a Théo Maledon et Olivier Sarr. Les médias vous ont beaucoup parlé de cette connexion tout au long de l'année et j'imagine que c'était agréable. Avec Olivier, qui a malheureusement été coupé cette semaine, et toi qui avez fait une partie de vos études aux Etats-Unis, ils vous considèrent encore comme des Frenchies ?
Oui encore un peu (rires). En fait, tous les jours on nous parle de ça. On nous taquine. Les autres joueurs nous disent tout le temps d'arrêter de parler français entre nous. On a toujours des réflexions, mais moi ça me fait plaisir d'avoir pu passer toute l'année avec Théo et Olivier. Olivier vient d'être coupé et j'ai pu parler un peu avec lui. Je ne voulais pas trop l'embêter avec ça parce que je sais que c'est quelque chose de compliquer à gérer. De base, bien sûr qu'il était un peu déçu, mais il sait qu'il a montré de belles choses. Lui non plus ne pouvait pas vraiment contrôler ce qui s'est passé. Il a fait ce qu'il avait à faire et a montré ce qu'il savait faire sur le terrain. Pendant sa période avec le Thunder, il a vraiment super bien joué. Personnellement, je ne me fais aucun souci, je sais qu'il va retrouver quelque chose.

Les Bleus ? J'attends une opportunité et quand je l'aurai, il faudra que je la saisisse

Les deux derniers matches de la saison sont donc à Los Angeles, où vous venez d'arriver. Qu'est-ce que ça représente pour toi L.A. ?
Los Angeles c'est très cool. Avant, mon ancienne agence, Wasserman, était basée ici, donc j'ai eu l'occasion d'y passer du temps avant la Draft. La ville est vraiment bien et il y a plein de choses autour qui sont chouettes à voir, il y a la nourriture... J'ai de la famille ici. Ma tante y vit, ma cousine est dans une université pas loin... D'ailleurs, pour le match contre les Lakers il y aura aussi mon frère Elijah, qui va venir depuis sa fac de New Mexico. C'est la première fois que je vais jouer au Staples Center. La dernière fois que j'ai affronté les Lakers, c'était dans la bulle, dans un contexte particulier.

Cette semaine il y a le retour du Nike Hoop Summit, dont les deux dernières éditions avaient été annulées. Quel souvenir tu gardes de cet événement que tu as joué en 2018 et que conseillerais-tu à Yohan Traoré et Sidy Cissoko, les deux représentants tricolores de cette année ?
Le Hoop Summit, c'était incroyable. C'était un objectif que je m'étais fixé quand j'étais à l'INSEP et même avant je dirais, quand j'étais à Castelnau à 15-16 ans. J'avais vu que beaucoup de Français qui avaient fait le Hoop Summit avaient fini en NBA. C'est la trajectoire que je visais, donc si je faisais une bonne performance au Hoop Summit, ça pouvait m'aider pour la Draft. C'est une superbe expérience parce que tu joues dans une salle NBA. Quand j'ai appris que j'étais sélectionné, c'était une grande joie. En plus j'étais avec Bathiste Tchouaffé, qui était à l'INSEP avec moi, on a gagné le match en plus donc c'est un très bon souvenir. Pour Yohan et Sidy, je ne les connais que de nom, mais je ne peux que leur conseiller de jouer le plus dur possible et de ne pas avoir peur de tenter des choses, d'être libres. On avait été durs en défense et ça nous a tous aidés dans le match et pour après. Il faut profiter de l'expérience, c'est aussi ça qui est important. Tu es dans l'Oregon, qui est mon état préféré, on te fait faire un tour du campus Nike, des headquarters...

Qu'est-ce qui fait que l'Oregon est ton état préféré aux US ?
J'aime les paysages de l'Oregon. Je suis quelqu'un qui aime explorer la nature. Là bas tu as la montagne, la mer, plein de choses à voir. Il y a aussi que les gens de l'Oregon sont adorables. C'était une superbe expérience pour moi à Portland. Mon meilleur pote habite là-bas aussi, c'est un de mes endroits préférés. Avant de signer avec OKC, j'espérais rester à Portland mais ça n'a pas pu se faire et c'est comme ça. L'expérience avec les Blazers était vraiment cool. On avait des vétérans comme Damian Lillard, CJ McCollum, Carmelo Anthony... Ils m'ont appris plein de choses, c'est une chance d'avoir pu jouer avec ces gars-là.

Tu fais partie du Team France Basketball, le groupe élargi pour les rencontres internationales avec les Bleus. Est-ce que tu vises une sélection à court ou moyen terme ?
L'équipe de France est un objectif pour moi, bien sûr. De là à dire quand ce sera possible, ce n'est pas trop la question. J'attends une opportunité et quand je l'aurai, il faudra que je la saisisse. On verra ensuite où ça me mène. Ce serait super, mais je sais que c'est compliqué d'intégrer l'équipe. On a pu voir aux JO que le niveau est énorme et il y a beaucoup de joueurs. C'est plus compliqué d'y entrer que dans d'autres pays, mais j'espère y parvenir.

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Jaylen a une chaîne Youtube sur laquelle on peut retrouver des sujets autour de lui et de sa famille, avec ses soeurs Anaia (dont on vous avait parlé dans le Mook MORE THAN BALLERS) et Leah, et son frère Elijah.

 

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