Joakim Noah, DPOY, qui d’autre ?

Joakim Noah a été élu hier soir Defensive Player Of The Year. Une récompense méritée qui suscite pourtant une vague de contestations en France.

Joakim Noah, DPOY, qui d’autre ?
Le trophée de Defensive Player Of The Year déchaîne les passions. Chaque saison ou presque, une grande partie du public se plaint de son lauréat. La défense est un élément clé du basket et comme le dit si bien l’adage, elle fait gagner des titres (à condition d’avoir une attaque plus que correcte, sachez-le). La réputation des joueurs NBA de ce côté du parquet se fait très rapidement et il est ensuite difficile de décoller des étiquettes. Exemple, aujourd’hui encore Carmelo Anthony est considéré comme un mauvais défenseur par une majeure partie des fans. Si « Melo » est évidemment loin de décrocher le titre de DPOY, il n’est pas parmi les « plus mauvais défenseurs » (si jamais ce terme a un sens ?) de la NBA. A l’inverse, certains joueurs sont vite catalogués comme des défenseurs d’élite sous prétexte qu’ils collectionnent une quantité de rebonds, bloquent des tirs et dépensent beaucoup d’énergie sur le parquet. Kenneth Faried en est le parfait exemple (oui, l’intérieur des Nuggets n’est pas un bon défenseur). La défense est très difficile à quantifier. Il existe des dizaines de statistiques et toutes peuvent être interprétées différemment. Tout ça pour en venir à notre thème : l’élection de Joakim Noah hier soir. Le Français est devenu le deuxième joueur de l’histoire des Chicago Bulls – après Michael Jordan – à être nommé DPOY. Une récompense qui a fait grincer des dents chez certains supporteurs français. Doit-on y voir un rapport avec les absences de « Jooks » lors des compétitions internationales ? Peut-être, sans doute. Ou pas. Noah méritait son trophée. Si l’on se base d’abord sur les statistiques brutes les plus « basiques » comme les rebonds défensifs, les contres et les interceptions, on s’aperçoit que le pivot des Chicago Bulls se situe parmi les meilleurs de la ligue, sans pour autant dominer son sujet. Avec 7,7 rebonds défensifs, 1,2 steals et 1,5 block, Noah se place respectivement en 9e, 49e et  14e position de ce classement. Ces statistiques – pas impressionnantes – témoignent de son activité défensive. Roy Hibbert a bloqué plus de tir (2,2) mais il ne chipe quasiment aucun ballon (0,4), idem pour Serge Ibaka (2,7 blocks, 0,5 steals). Le contre est l’ultime recours pour un défenseur. Un vrai stoppeur est censé : a) empêcher son adversaire d’avoir la balle, b) contenir et rester face à son vis-à-vis si jamais ce dernier a tout de même eu la gonfle, c) contester voire bloquer le tir si jamais il est dépassé, d) faire l’écran-retard pour sécuriser le rebond. Idem pour les interceptions. Sont-elles le fruit d’une bonne défense ou d’une prise de risque – se jeter sur chaque passe – qui peut coûter gros à son équipe en cas de raté (Russell Westbrook est l’exemple parfait) ? Les chiffres peuvent être analysés de plusieurs manières… [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=M9ZbfJFDR38[/youtube] Des statistiques, encore. Place au « Defensive Rating ». Ce terme est lui aussi contesté car la défense collective a une influence sur les chiffres. Les Chicago Bulls ont encaissé 97,7 points sur 100 possessions lorsque Joakim Noah était sur le parquet. Hormis Roy Hibbert (95,9), aucun candidat au trophée de DPOY ne fait mieux. En effet, les Pacers et les Bulls sont deux des meilleures défenses de la ligue. Et alors ? Le trophée de meilleur défenseur de l’année est peut-être fait pour ça après tout, récompenser le meilleur joueur de la meilleure défense ? Noah a profité du système de Tom Thibodeau, il l’a lui-même reconnu. Mais le All-Star est au centre même de ce schéma très performant mis en place par les Bulls. Contrairement à Hibbert, « Jooks » est un défenseur complet capable de contenir les extérieurs près de la ligne à trois-points, de ralentir les pénétrations sur les pick&roll (il EXCELLE dans ce domaine, non chiffré évidemment), d’imposer sa densité physique au poste, etc, etc. Les Hawks jouent avec un intérieur fuyant et on voit bien le résultat… Roy Hibbert est à la rue. Parenthèse : le pivot des Pacers a sans doute payé sa fin de saison compliquée. On voit beaucoup de fans réclamer un trophée pour Serge Ibaka. On peut le comprendre. L’intérieur du Thunder représente une menace près du cercle, de quoi faire réfléchir les attaquants adverses. Cette dissuasion constitue déjà une action défensive en soi. Mais quid de sa défense face aux autres Big Men des raquettes ? Pour tenter de comparer Noah et Ibaka, nous nous sommes appuyés sur les données fournies par SynergySports. Les résultats sont sans appel : Le Français dépasse l’Espagnol dans TOUTES les catégories (qui, rappelons-le, ne prennent pas en compte les données collectives mais purement individuelles !). Que ce soit en isolation, au poste bas, sur pick&roll ou en spot-up, Noah affiche des meilleures statistiques qu’Ibaka (voir ici). Les Bulls encaissent moins de points que le Thunder lorsqu’un adversaire est marqué par « Jooks ». Certains regrettent l’absence des extérieurs dans aux meilleures places du classement. Ils ont raison. Des joueurs comme Jimmy Butler, Andre Iguodala ou Kawhi Leonard méritent d’être cités. Mais la nomination de Joakim Noah à leur place n’est pas scandaleuse pour autant. La réforme des votes est un autre débat. Les journalistes ont sans doute été influencés par la progression globale de la star des Bulls cette saison. Le Français a encore passé un cap et il fallait récompenser d’une manière ou d’une autre cette évolution. Il a fait forte impression et ses performances ont sans doute joué un rôle auprès des votants. Mais comme Marc Gasol la saison dernière, Noah mérite son trophée. Le reste n’est qu’une question de point de vue. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=dFUU3QrLb5U[/youtube]