Comment Kristaps Porzingis pose problème aux Mavericks

Attendu comme la deuxième star au côté de Luka Doncic, Kristaps Porzingis peine à assumer un statut devenu trop lourd pour son corps fragile.

Comment Kristaps Porzingis pose problème aux Mavericks
Quand Kristaps Porzingis est arrivé aux Dallas Mavericks, les supporteurs de la franchise texane rêvaient de son association avec Luka Doncic et de campagnes de playoffs héroïques. Deux ans après, le bilan est encore maigre : deux qualifications, certes, mais aussi deux sorties de route au premier tour. Mais rien d’alarmant. Au contraire, la manière dont le Slovène et ses partenaires ont poussé les Los Angeles Clippers dans leurs derniers retranchements promet un avenir radieux à l’organisation. Elle a le temps. Elle a le temps parce qu’elle peut compter sur Doncic. Pour Porzingis, en revanche, le futur s’est obscurci. Le Letton n’était pas au niveau sur ces playoffs, qu’il termine avec 13 points et 5 rebonds de moyenne à 29% derrière la ligne à trois-points. Bien loin des standards d’un All-Star (une sélection) et bien loin des attentes pour celui qui est encore – peut-être à tort – considéré comme le deuxième élément phare des Mavs. Lui-même avait une toute autre idée en tête en débarquant à Dallas. Il n’imaginait pas se retrouver dans la peau d’un joueur de complément de Doncic mais plutôt comme son alter ego. Une co-star ou une deuxième option « plus, plus. » Mais certainement pas un joueur utilisé essentiellement pour étirer les lignes ou pour poser des écrans en attaque. Alors l’ancien joueur des New York Knicks serait frustré. Frustré par son rôle plus que par la défaite de son équipe au premier tour.
« Bonne question », rétorquait l’intéressé quand un journaliste lui demande comment il peut vraiment s’adapter aux Mavericks. « J’essaye de faire le boulot. Je fais ce que j’ai à faire et ce que les coaches me demandent de faire. Sans trop réfléchir. Le reste suivra naturellement. »
Le reste représente ici le statut auquel Kristaps Porzingis aspire depuis qu’il a été drafté en quatrième position en 2015. Il se voit comme une star, encore aujourd’hui, et aimerait avoir l’opportunité de le montrer. Sauf que pour l’instant, tout ce qu’il montre, ce sont ses limites et surtout celles de son corps. Un jeune joueur – 26 ans en août – un tant perçu comme prometteur mais dont les multiples blessures au genou l’ont sérieusement fait perdre en mobilité.

Toujours la faute des autres

Admettre qu’il n’est plus physiquement en mesure de s’affirmer comme ce joueur là est particulièrement difficile. Il reste, comme ses pairs, un compétiteur qui n’a d’autre choix que de croire en lui. Personne n’arrive jusqu’en NBA, le championnat le plus relevé du monde, sans se faire confiance. Alors les soirs où ils ne marquent pas, ou peu, il charge de manière subtile mais pas vraiment discrète le plan de jeu des Mavericks.
« Ce sont nos systèmes », lâchait-t-il après une défaite contre les Houston Rockets le 7 avril dernier, un match au cours duquel il avait inscrit 23 points mais sans prendre de tir dans le quatrième quart temps. « Mais ce n’est pas la première fois que ça arrive. »
Une pointe (et plus que ça) d’agacement qu’il ne dissimule pas. Un tacle, même indirect, envers Rick Carlisle mais aussi Luka Doncic – avec qui il ne s’entend pas particulièrement bien –, qui se retrouve au cœur de toute l’attaque de Dallas quand son camarade se contente des miettes. C’était particulièrement vrai dans cette série. Le maître à jouer des Mavericks se retrouvait impliqué dans 75 à 80% des paniers marqués par les siens chaque soir. Des marques historiques. Luka Doncic et Kristaps Porzingis en froid ? Mark Cuban avoue ! Porzingis aurait bien voulu avoir plus de ballons à jouer. Et les coaches aimeraient sans doute que Doncic puisse se reposer par moment. Il semblait complètement claqué à la fin de ce Game 7, comme en témoigne sa différence d’impact entre la première et la seconde période. Mais à qui pouvait-il passer la balle ? Dans l’idéal, à un deuxième joueur de son calibre… donc a priori au géant balte. Sauf que ce n’est plus possible aujourd’hui. Malgré ses 221 centimètres, il ne sait pas (ne sait plus ?) se faire violence près du panier. Les Clippers l’ont pourtant incité à post-up en plaçant constamment un ailier sur lui, histoire d’être sûrs de pouvoir switcher les picks-and-pop entre les deux Européens. De la taille, du touché mais plus de puissance et peut-être même plus d’envie de se frotter dessous. Kristaps Porzingis se fait bouger plus qu’il ne bouge ses adversaires. Il est devenu un joueur au large. Un Brook Lopez de luxe. Sauf que sa perte de mobilité fait de lui une faille à exploiter pour les équipes qui défient les Mavericks. Il ne peut pas courir loin du panier et il ne protège pas le cercle non plus. Il ne domine pas aux rebonds.

Luka Doncic a besoin d'une deuxième star et ce n'est pas Kristaps Porzingis

[caption id="attachment_593831" align="alignnone" width="1155"] LUKA DONCIC Dallas Mavs white gold[/caption] En résumé, il ne fait pas l’affaire. Que ce soit Kevin Love aux Cleveland Cavaliers ou Chris Bosh au Miami Heat, les « Big Three » récents de LeBron James avaient un point commun : l’intérieur fuyant est cantonné au rôle du troisième homme. Luka Doncic suit les traces du King. Mais sa franchise va désespérément devoir lui trouver un numéro deux. Mais comment ? Dallas n’attire pas les principaux Free Agents. La présence du prodige peut aider à recruter… des vétérans, sans doute. Des stars, c’est plus compliqué. Les Mavericks pourraient toujours essayer de se positionner sur un transfert mais ils ont cédé deux choix de draft (2021 et 2023) en faisant venir… ben Porzingis. Dans la foulée, ils lui offraient un contrat maximum alors qu’il n’avait pas encore joué une seule minute sous ses nouvelles couleurs. Aujourd’hui, il est donc payé plus grassement que Giannis Antetokounmpo, Jrue Holiday, Bradley Beal, Jamal Murray, Jaylen Brown ou Jrue Holiday. Il lui reste en plus trois ans de contrat. Malgré un certain potentiel, Kristaps Porzingis n’a presque plus de valeur marchande. La franchise ne peut donc même pas essayer de le refourguer pour récupérer un meilleur joueur. Il faudrait presque qu’elle attache un asset dans son package pour qu’une équipe accepte de le prendre. C’est triste. Triste parce que sa présence limite évidemment la marge de manœuvre du front office. Déjà, pour que sa cote remonte, il faudrait qu’il puisse enchaîner les matches. Il n’en a joué que 43 cette saison. Une irrégularité chronique, liée à ses blessures, qui l’empêche de reprendre sa marche en avant. Les Mavericks sont promis à un grande avenir parce qu’ils ont Doncic. La présence de Porzingis leur donnait le droit de rêver. Mais au final, pour l’instant, il est peut-être le seul point noir à l’horizon.