Kyrie continue de se saborder, c’est mauvais pour lui et pour les Nets

Kyrie Irving s'est pris le bec avec un journaliste en tentant de répondre sur les polémiques autour de lui ces dernières semaines. On est pas loin de l'avoir définitivement perdu...

Kyrie continue de se saborder, c’est mauvais pour lui et pour les Nets

Il est de plus en plus difficile de trouver des circonstances atténuantes à Kyrie Irving. On a bien essayé, tant le talent divin du meneur des Nets et certains combats qu'il a menés hors des terrains durant sa carrière sont admirables. Mais au bout d'un moment, lorsqu'un joueur avec une voix et une notoriété aussi importantes que la sienne refuse d'admettre que ce qu'il fait est problématique, il faut abandonner tout espoir de le voir changer.

Peut-être d'ailleurs, que les journalistes comme Nick Friedell d'ESPN, avec lequel Kyrie a eu un échange vif et un peu malaisant samedi, devraient renoncer à lui poser des questions qui ne concernent pas le terrain. Il n'en sortira rien de bon. Le garçon est dans une bulle de spiritualité et de complotisme imperméable depuis des années déjà et il ne la quittera pas.

Friedell, donc, a tenté de relancer le meneur de Brooklyn sur une polémique qu'il avait jusque-là éludée, puisqu'elle s'était déroulée durant l'intersaison. Pour info, c'était avant le rappel à l'ordre du propriétaire Joe Tsai, cette semaine, lorsqu'il a appris que Kyrie avait partagé le lien du film "Hebrews to Negroes", qui comporte des théories antisémites déguisées en documentaire (si vous en doutez, allez lire ça).

Kyrie Irving s'offre une nouvelle polémique avec un recadrage XXL des Nets

Il y a quelques semaines, l'ancien joueur de Cleveland et Boston avait posté une vidéo d'Alex Jones, le patron du média fasciste et complotiste Infowars. Il y clamait qu'une organisation appelée "New World Order" gouvernait la planète et relâchait des maladies et des virus sur le monde pour le contrôler. Kyrie sait parfaitement qui est Alex Jones, récemment condamné à verser 1 milliard de dollars aux familles des victimes de la tuerie de Sandy Hook, qu'il a harcelées et diffamées pendant des années en prétendant que ce drame survenu dans une école en 2012 était un coup monté et que les victimes étaient des acteurs.

Friedell lui a donc demandé pour quelle raison il avait fait la promotion d'une opinion d'Alex Jones. Réponse de Kyrie :

"Je ne soutiens pas Alex Jones dans cette affaire Sandy Hook, ou ce qu'il a fait à des gens et des enfants qui ont dû revivre ce traumatisme. Le post que j'ai partagé date des années 90. Il parle des société secrètes aux Etats-Unis, des sectes qui gouvernent. Et tout ça est vrai, ça existe. Je ne faisais donc pas campagne pour Alex Jones ou ce qu'il pense.

Ce qui est drôle, c'est que de toutes les choses que j'ai pu poster, c'est celle-ci que les gens ont choisi de voir, parce qu'elle parle de la manière dont notre monde fonctionne".

Friedell l'a alors relancé sur les raisons qui le poussent à "promouvoir" un film comme celui susmentionné ou une vidéo comme celle de Jones. Kyrie n'a pas apprécié.

"Vous pouvez arrêter de dire que je fais la promotion de ça ? Ce n'est pas ça. Je mets juste ça en ligne. Ne me déshumanisez pas. Je peux poster ce que je veux. Je n'ai rien à comprendre venant de vous. Je ne réponds pas à la question ? Oh, Kyrie ne répond pas à la question, mettons le dans un clip sur Instagram pour être connu à nouveau !"

Kyrie est un paradoxe ambulant

On peut penser que le journaliste aurait dû lâcher prise et respecter la volonté de Kyrie Irving de passer à autre chose. On peut aussi se dire qu'Amazon est encore plus irresponsable de laisser un film comme celui-là dans son catalogue. Mais tout ça n'enlève pas à Kyrie sa part de responsabilité. En rien.

Dans tout ce qu'il a dit lors de ce passage devant la presse et ces derniers mois, il a été tellement paradoxal qu'il est légitime de l'interroger là-dessus.

On imagine bien, heureusement, que Kyrie ne croit pas TOUT ce que dit un type comme Alex Jones, qui relaye tous les complots les plus farfelus et sordides qui soient. On espère aussi qu'il n'est pas sur le même niveau de grillage de cerveau que Kanye West en termes d'antisémitisme. Mais s'il est convaincu que les juifs contrôlent le monde, que le Covid a été créé pour décimer la population afro-américaine ou que la Terre est rectangulaire, pourquoi ne pas "faire ses propres recherches" (un terme qu'il adore utiliser) pour trouver des gens un peu moins odieux à mettre en avant ? Spoiler : ce sera compliqué.

Et pourquoi faire semblant de ne pas comprendre que lorsque l'on est suivi sur les réseaux par des millions de gens qui nous admirent, tout ce que l'on poste, relaye, dit ou fait a un impact gigantesque ?

A deux minutes d'intervalle, Kyrie Irving dit qu'il est "dans une position unique en termes d'influence sur sa communauté", puis que ce sont les médias qui lui inventent une influence. "Je ne suis pas différent des autres humains. Vous êtes là à me prêter une influence que je n'ai pas", dit-il. Avant, quelques instant plus tard, de proclamer qu'avec ses followers, il a "toute une armée autour de lui". Il faudrait savoir.

Richard Jefferson a parfaitement résumé la situation pendant qu'il commentait justement le match des Nets :

"C'est décevant. Kyrie dit qu'il n'est pas antisémite et tout ça. J'en ai parlé avec lui, je le crois. Mais le tweet est toujours là. Pourquoi ? Et il a posté une vidéo d'Alex Jones, qui a torturé des familles entières sur cette tragédie de Sandy Hook.

Il doit comprendre comment utiliser les réseaux et à quel point des choses peuvent affecter les gens. S'il n'est pas sensible à ça, alors il cautionne. Quand on dit à ses followers, regardez ce que vient de dire cet individu, il faut être prêt à répondre aux questions des gens".

La saison est encore longue, mais le climat autour de Kyrie Irving et des Nets est déjà nocif. Le sportif et l'extrasportif s'impactent mutuellement de nos jours et on ne peut pas faire semblant de l'ignorer. Kyrie a beau avoir inscrit encore 35 points face à Indiana la nuit dernière, les Nets sont à 1-5 et la lumière négative qui est portée sur lui n'aide pas une équipe qui a déjà un paquet d'autres problèmes à régler.