Brunson, SGA, Markkanen : Mais qui est le vrai MIP de la saison ?

Quatre candidats solides pour le MIP. Un trophée particulièrement dur à décerner cette saison.

Brunson, SGA, Markkanen : Mais qui est le vrai MIP de la saison ?

Existe-t-il un trophée à la définition plus floue que celui du MIP ? Le « Most Improved Player » récompense, comme son nom semble l’indiquer, le joueur qui a le plus progressé. Mais les critères qui se cachent derrière cette appellation restent très subjectifs. La NBA précise tout de même qu’il doit s’agir d’un joueur qui s’est révélé et non d’un autre qui reviendrait après une période plus délicate. Une nuance importante qui pourrait avoir une incidence sur la course à la récompense cette saison.

En raison des méthodes de sélection indécis, le panel de candidats est assez large chaque année. Ils sont quatre à vraiment se détacher à cinq semaines du début des playoffs : Shai Gilgeous-Alexander, Jalen Brunson, Lauri Markkanen et Tyrese Haliburton. Décider du grand favori parmi ce quatuor de stars montantes est une tâche bien difficile. Mais quelque part, c’est aussi ce qui fait de cette récompense l’une des plus intéressantes.

Déjà parce qu’il est compliqué de comprendre qui a vraiment progressé. Tout simplement. Il arrive que des joueurs soient restés sensiblement les mêmes mais ont juste profité d’une meilleure opportunité, d’un temps de jeu accru, etc. D’autres, arrivés très récemment dans la ligue, ont naturellement passé un cap mais cette évolution était alors prévisible et attendue. C’est pourquoi les sophomores sont rarement nommés, même si Gilbert Arenas a par exemple reçu le MIP à la suite de sa deuxième saison dans la ligue.

Tyrese Haliburton

Haliburton, alias « Prince Hali », est devenu All-Star pour la première fois en 2023. Tout comme ses concurrents Markkanen et SGA. Déjà intéressant aux Sacramento Kings lors de ses deux premières saisons en NBA, il s’est affirmé comme le patron aux Indiana Pacers, où il avait été transféré un an en arrière. Son rôle est plus important qu’il ne l’a encore jamais été dans la ligue et il l’assume complètement.

Tyrese Haliburton, faites place au Prince Hali !

Les Pacers ont gagné 27 des 53 matches qu’il a disputé alors qu’ils ont perdu 11 des 13 rencontres ratées par le meneur. Voilà qui en dit long sur son impact sur le jeu de cette équipe. Tout passe par lui. Il est le meilleur marqueur d’Indiana avec 20,6 points par match mais il est surtout le deuxième meilleur passeur du championnat avec 10,3 offrandes chaque soir. Tyrese Haliburton est amené à devenir le prochain gestionnaire de très grand talent, pile au moment où Chris Paul se rapproche de la retraite. Le relais est assuré.

Il a progressé, c’est certain. Mais c’est aussi le fruit de pouvoir jouer une première saison complète avec les Pacers. Ses statistiques actuelles ne sont pas beaucoup plus élevées que lors de la vingtaine de matches disputés avec Indiana l’an passé et son %TS (true shooting) est le même. C’est aussi sa troisième saison dans la ligue, celle au cours de laquelle les prospects les plus jeunes tendent à vraiment passer un cap. Il leur faut traditionnellement deux ans pour vraiment intégrer les exigences tactiques et physiques de la NBA.

Lauri Markkanen

Lauri Markkanen est lui aussi devenu un potentiel « franchise player » en 2023. Membre du package envoyé par les Cleveland Cavaliers au Utah Jazz en l’échange de Donovan Mitchell, il a pu profité de la reconstruction à Salt Lake City pour s’y affirmer en première option offensive. Et il fait clairement parler la poudre : 25,8 points par match à 51% aux tirs et 40% à trois-points.

Le Finlandais est une machine à scorer. Comme il l’avait d’ailleurs déjà montré lors de chacune de ses apparitions avec sa sélection nationale. C’est une révélation… mais ceux qui le suivaient de près savaient déjà qu’il en était capable. Markkanen était déjà lancée sur cette voie lors de ses deux premières saisons aux Chicago Bulls, même si celles-ci paraissent lointaines aujourd’hui. Il tournait par exemple à presque 19 points et 9 rebonds de moyenne en 2019.

Les taureaux n’ont pas su l’exploiter correctement et les Cavaliers l’ont considéré comme un joueur de devoir en le faisant évoluer à un poste qui n’est même pas le sien. Du coup, est-ce que sa montée en puissance doit-elle être vue comme un « comeback », ce que la NBA exclut normalement de sa définition pour le MIP ?

Son PER est tout de même plus élevé qu’il ne l’a jamais été (22 cette saison, 17 au mieux) et la progression statistique est significative, même s’il joue pour une équipe au bilan négatif.

Shai Gilgeous-Alexander

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Shai Gilgeous-Alexander a lui aussi explosé en termes de chiffres : de 24,5 à 31,2 points par match malgré un temps de jeu assez similaire. La hausse des pourcentages est intéressantes – de 45 à 51% - mais elle s’explique en partie par le fait que le Canadien a arrêté de tirer à trois-points. C’est devenu une arme offensive de premier plan en NBA.

Le saut de « star » à « superstar » est d’ailleurs peut-être le plus difficile à réaliser. Mais SGA est-il vraiment une superstar ? Ja Morant s’est retrouvé dans une situation à peu près similaire l’année dernière et il a été élu MIP. Mais la différence se fait au niveau du bilan : les Memphis Grizzlies ont terminé deuxièmes alors que le Oklahoma City Thunder, malgré les cartons de son meilleur joueur, lutte finalement pour le play-in.

La progression de Gilgeous-Alexander reste spectaculaire. Surtout qu’il impacte le jeu des deux côtés du parquet, sans doute plus que n’importe lequel de ses concurrents dans cette course au trophée.

Jalen Brunson

Jalen Brunson représente un cas encore différent. Il est monté en régime cette saison. Second couteau derrière Luka Doncic aux Dallas Mavericks, il est devenu le maître à jouer des New York Knicks. En passant de 16,3 à 23,9 points. La progression est moins sensible une fois les statistiques ramenées sur 36 minutes : de 18 à 24 points. Mais elle reste parlante.

Il est évident que Brunson profite surtout d’une nouvelle opportunité. Il a montré lors des derniers playoffs qu’il pouvait assumer un rôle majeur en attaque et c’est pourquoi les New York Knicks ont misé plus de 100 millions sur sa tête. Il lui fallait maintenant assumer ce nouveau statut sur toute une saison. Il le fait avec brio. C’est le moteur de son équipe. Un vrai leader, une caractéristique impossible à quantifier mais pourtant tellement importante.

Le point qui peut éventuellement jouer en sa faveur, c’est le bilan des Knicks. Brunson a été le principal artisan d’une très belle saison de la part des New-yorkais, cinquièmes de la Conférence Est alors qu’ils étaient au mieux donnés qualifiés via le play-in. Il a changé le visage de la franchise et ça doit être pris en compte au moment de décerner le trophée.

Verdict : Pfiouuuu. Pas sûr d’être vraiment avancé. Peut-être une petite pièce sur Jalen Brunson ou Lauri Markkanen.