Toronto, et si la terreur changeait de camp ?

Voici notre preview NBA sur les Toronto Raptors. L'idée : montrer que la franchise canadienne a les armes pour semer la terreur défensivement.

Toronto, et si la terreur changeait de camp ?
Il règne une drôle d'atmosphère autour des Toronto Raptors. La plupart des équipes qui auraient récupéré l'un des meilleurs basketteurs de la planète seraient partagées entre euphorie et ambition débordante. Là, c'est une sensation de fin de cycle, presque de veille d'apocalypse, qui saisit une bonne partie des fans et des observateurs. Comme si le meilleur était passé et qu'une glissade irrémédiable était imminente. Dans les faits, on peut comprendre l'inquiétude. DeMar DeRozan, ce qui ressemblait le plus à un franchise player ces dernières années dans l'Ontario, a été tradé "comme un malpropre". Dwane Casey, artisan technique des meilleures saisons de l'histoire des Raptors, a été invité à rebondir chez les Pistons. Le nouveau head coach, Nick Nurse, n'a jamais exercé à ce poste. Enfin, tout Kawhi Leonard qu'il est, le MVP des Finales 2014 n'a l'air d'être là qu'en transit, attendant la moindre occasion pour quitter le Canada et la vengeance ourdie par Gregg Popovich. A-t-il seulement envie de se donner à fond ? Sa blessure est-elle complètement oubliée ? Cette narration est finalement invérifiable. La plupart des gens abordent le cas des Raptors en estimant que Masai Ujiri a dégoupillé. Et tenté un gigantesque coup de poker pour sauver son job... Et si ce move était bien plus réfléchi qu'il n'y paraît ? Si dans moins d'un an Kawhi Leonard re-signe, convaincu par le soutien de tout un pays et par le potentiel d'un groupe certes traumatisé par les humiliations infligées par LeBron James, mais au talent suffisant pour retrouver a minima la finale de Conférence, que dira-t-on ? L'accident est possible, probable même diront les plus pessimistes. Mais envisageons la chose sous un angle un peu différent.

Une team de spécialistes défensifs

Avec un effectif complet et un Leonard à 100%, les Raptors ont sans doute l'un des effectifs les plus défensivement effrayants de ces 10 dernières années. Et puisqu'on dit souvent que c'est la défense qui fait gagner des titres, pourquoi ne pas souligner l'énorme boost accompli par Ujiri en la matière ? Tout dépendra évidemment de la manière dont Nurse et son staff articulent la chose. Mais "sur le papier", attention... Par séquences, Toronto peut ainsi aligner les joueurs suivants :
  • Kawhi Leonard. Deux fois meilleur défenseur de la ligue, cyborg au sens de l'anticipation surhumain.
  • Danny Green. Imprégné des systèmes défensifs des Spurs depuis 2011 et familier du fonctionnement de Kawhi. Accessoirement membre de la All-Defensive Second Team en 2017.
  • OG Anunoby. Sophomore, certes, mais dont les prouesses défensives lui ont permis d'être titulaire et/ou présent dans les fins de matches avec Dwane Casey. A fait un boulot très correct face à LeBron. Un futur incontournable des All-Defensive teams.
  • Delon Wright. Quiconque a suivi la saison 2017-2018 des Raptors, a pu voir que même avec un temps de jeu limité, Wright a toujours apporté une énorme plus-value défensive et sur le plan de l'intensité.
  • Pascal Siakam. Le Camerounais a mis en avant ses qualités défensives la saison passée. Avec un goût prononcé pour le hustle et les contres.
  • Serge Ibaka. S'il paraît sur la pente (très) descendante depuis quelques années, notamment en défense, on parle quand même d'un joueur présent trois fois de suite dans une All-Defensive First Team. Et accessoirement d'un type deux fois meilleur contreur de la ligue. A 29 ans seulement, "Ibloka" devrait encore en avoir sous le capot. Peut-être le reverra-t-on cette saison si la tactique est plus "defense-oriented" ?
  • Kyle Lowry. S'il n'a jamais eu l'honneur de voir sa défense récompensée, le meneur All-Star est accrocheur et particulièrement bon pour voler des rebonds à des intérieurs adverses. On l'a aussi vu museler quelques rivaux à l'occasion. John Wall, pour ne citer que lui. Un peu sous-coté dans ce secteur.
D'aucuns ont des spécialistes défensifs dans leur groupe. Les Raptors SONT une équipe de spécialistes défensifs. Les autres membres du roster appelés à avoir un temps de jeu significatif - comme Jonas Valanciunas, CJ Miles, Fred Van Vleet ou Norman Powell - amènent d'autres choses mais ne sont pas des handicaps. Peu d'équipes, en dehors de celle dont la défense collective est déjà en place (au hasard, les Golden State Warriors) peuvent se vanter d'avoir une telle force de frappe. Perdre le jeu quasi-exclusivement offensif de DeMar DeRozan est-il si problématique quand on a ce qu'il faut en magasin pour éteindre la majeure partie des 29 autres équipes de la ligue ? Tout cela ne reste que du théorique. Il faudra voir en pratique ce que feront Nick Nurse et ses soldats. Enterrer les Raptors semble en tout cas être une mauvaise idée. Ou au moins une conclusion très prématurée. LeBron James, le boogeyman des Raptors, n'est plus à l'Est. Le chemin s'est donc libéré et les adversaires à écarter sont un peu moins intimidants. La pré-saison nous donnera déjà quelques éléments sur le fonctionnement de groupe lifté. Dès le 29 septembre, les "Drakes" seront en action contre Portland. Ils affronteront ensuite le Utah Jazz, les Australiens de Melbourne, les Brooklyn Nets et les New Orleans Pelicans. Leur premier match officiel sera dans un peu moins d'un mois face aux... Cleveland Cavaliers privés de leur "King".

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