[ITW] Nikola Vucevic : « Les pivots à l’ancienne, qui jouaient dos au panier, ça n’existe plus »

On a pu échanger avec Nikola Vucevic, pivot des Chicago Bulls, en prévision de son arrivée en France pour le NBA Paris Game en janvier.

[ITW] Nikola Vucevic : « Les pivots à l’ancienne, qui jouaient dos au panier, ça n’existe plus »

Deux ans après son arrivée aux Chicago Bulls, Nikola Vucevic cherche encore l’équilibre dans une équipe qui vise le plus haut niveau. Dans une année sous le signe d’un match exceptionnel à Paris et d’une renégociation de contrat, le pivot monténégrin vit une saison unique.

Nous avons pu échanger avec lui sur sa venue en France pour le NBA Paris Game 2023, sa situation aux Bulls, les rumeurs de transfert et d’extension de contrat, ainsi que plusieurs autres sujets.

BasketSession : Tu es né en Suisse, tu as grandi en Belgique, tu parles français, tu écoutes même du Booba et, en janvier, tu viendras jouer à Paris avec les Bulls pour le NBA Paris Game. Qu’attends-tu de ce moment-là personnellement ?
Nikola Vucevic : Ce sera un moment très spécial pour moi. Je suis francophone, je suis venu à Paris beaucoup de fois, j’ai beaucoup d’amis là-bas, de la famille qui habite en France et mon oncle est coach là-bas. Beaucoup d’amis vont venir du Monténégro, ma famille aussi, et beaucoup d’entre eux n’ont jamais eu l’opportunité de me voir jouer en live dans un match NBA. Donc ce sera vraiment quelque chose d’unique pour moi. Aussi, jouer devant un public français, le public parisien, c’est quelque chose de très spécial. Les gens en France sont de plus en plus fans de NBA et fans de basket en général. Je suis très content que l’on ait l’opportunité d’y aller, surtout avec les Bulls qui l’ont fait en 1998 avec Jordan. Je suis très, très content, honnêtement.

Comme tu le dis, la NBA gagne en popularité en France. Qu’en penses-tu et comment expliques-tu cette croissance ?
Nikola Vucevic : Je pense que c’est surtout grâce aux joueurs français qui ont fait et qui font toujours de grosses carrières. Bien sûr, je pense que ça commence avec Tony Parker qui fait une grosse carrière à San Antonio, qui gagne des titres, puis Boris Diaw. Maintenant, il y a les plus jeunes : Rudy Gobert, Evan Fournier et Nicolas Batum. J’en oublie forcément quelques-uns, mais, beaucoup de joueurs français ont fait de très belles carrières en NBA et c’est comme ça que ça commence. Aussi, je pense que les bons résultats de l’équipe de France lors des quinze dernières années — aux Jeux olympiques, en Coupe du monde et Coupe d’Europe — aident également.

Au-delà de ça, la NBA a vraiment ouvert la porte aux joueurs européens et ça a donné l’opportunité aux fans en Europe d’encore plus apprécier les meilleurs. C’est aussi beaucoup plus facile aujourd’hui, avec le League Pass, plus de matches à la télé, YouTube, Internet… Tout ça ouvre la porte à la NBA partout, mais surtout en France. Je me rappelle qu’on avait fait un match amical contre la France, avec l’équipe du Monténégro, à Villeurbanne. Beaucoup de fans voulaient prendre des photos, un autographe, ça m’avait un peu surpris. Honnêtement, je ne m’y attendais pas.

Au Magic, tu as été deux fois All-Star, au centre du projet. Aux Bulls, tu as changé de rôle, parce que tu joues à côté de joueurs comme Zach LaVine et DeMar DeRozan. Comment t’es-tu adapté ?
Nikola Vucevic : C’est très différent de ce que j’ai fait pendant mes six ou sept dernières années à Orlando, surtout les trois ou quatre dernières, pendant lesquelles j’étais vraiment le joueur principal de l’équipe. Beaucoup de choses tournaient autour de moi. Quand je suis venu ici, c'était un peu plus simple, parce qu’il n’y avait que Zach (LaVine). Maintenant il y a DeMar (DeRozan), ça a pris un peu de temps. Comme je suis un grand, je dépends un peu des autres. Mais je me trouve de mieux en mieux. La saison dernière, ça allait bien, surtout vers la fin et en playoffs. De l’autre côté, ça nous donne une opportunité d’être une bonne équipe, de viser gros. Il faut continuer à travailler. Pour moi-même, continuer à m’habituer, de trouver ma place au sein du groupe avec les autres gars, de donner mon maximum.

Tu en as parlé, l’année dernière vous êtes allé en playoffs. Chicago ne les avait pas faits depuis quatre ans. Comment as-tu vécu cela et comment l’avez-vous vécu collectivement dans le vestiaire ?
Nikola Vucevic : C’était très spécial, un succès pour l’équipe, surtout dans notre première année tous ensemble. Malheureusement, on aurait bien aimé aller un peu plus loin, mais on est tombé sur une équipe plus forte que nous à ce moment-là : Milwaukee, champion en titre. On a vraiment senti l’atmosphère quand on a joué ici, à domicile, les fans étaient vraiment à fond dedans. Quand tu joues pour ces grosses franchises, avec une grosse fanbase, tu sens vraiment leur soutien, quand ça va bien ou même dans les moments difficiles. Les playoffs, c’est quelque chose de spécial et on espère les refaire cette année.

À ton arrivée en NBA, tu prenais 0 tir à trois points en moyenne. Ton plus gros volume, c’est 6,5 par match au Magic, aujourd’hui c’est toujours 4,5. Les intérieurs à trois points sont l’une des plus grosses évolutions de la ligue sur les dernières années et tu en es l’un des symboles. Comment expliques-tu cette évolution ?
Nikola Vucevic : C’est important d’évoluer avec le temps, avec le basket moderne. Les pivots à l’ancienne, qui jouaient dos au panier, ça n’existe plus vraiment. Il fallait trouver un moyen d’évoluer et de conserver un haut niveau dans le nouveau basket. J’étais déjà assez bon à mi-distance, c’était quelque chose que je faisais beaucoup, et ça m’a aidé. Il fallait juste que je travaille mon tir à trois points, c’était un ajustement. Bien sûr, ça a pris du temps, mais avec beaucoup de travail, c’est arrivé. Ce n’est pas arrivé en un an, ça a pris deux ou trois saisons pour que j’arrive vraiment à être à l’aise à trois points.

Aujourd’hui, ça a vraiment changé mon jeu, ça m’a donné une autre option. Il y a de plus en plus de grands qui le font, ça aide l’équipe, ça donne du spacing. Mais c’est aussi important de ne pas oublier de faire les autres choses qui t’ont amené à ce niveau-là. Pour moi, c’est important de trouver le mix des deux.

Il y avait déjà beaucoup de rumeurs de transferts autour de toi à Orlando, c’est le cas de tous les grands joueurs. Ça revient aujourd’hui avec ces rumeurs sur les Lakers. Comment arrives-tu à gérer ces choses-là ?
Nikola Vucevic : Honnêtement, je ne fais pas trop attention à ça. 99% du temps, ce sont juste des rumeurs, parfois pour des clics, parfois il y a peut-être quelque chose, mais ça on ne le sait pas. Au début, ça me gênait un peu, parce que j’étais plus jeune, donc je faisais un peu plus attention. Aujourd’hui, de toute façon, c’est quelque chose qui est en dehors de mon contrôle. Je ne peux rien faire par rapport à ça, donc j’essaie de ne pas perdre d’énergie là-dessus.

Wembanyama ? Il n’y a pas vraiment eu de joueurs comme lui avant. C’est très impressionnant ce qu’il réussit à faire à un si jeune âge. [...] Ce qui m’impressionne vraiment, c’est qu’il a l’air humble, d’avoir les pieds sur terre malgré toute la hype et ce qui se passe autour de lui.

Cet esprit, on imagine que tu le gardes aussi par rapport à la question de l’extension de contrat. Récemment, on a entendu des rumeurs comme quoi la situation n’avait pas avancé. Tu ne t’en préoccupes pas du tout ou ça reste quand même dans un coin de ta tête ?
Nikola Vucevic : Non, pas trop. Je suis déjà en NBA depuis 11 ans et j’ai déjà eu de gros contrats, ce n’est pas forcément le prochain qui va changer ma vie. Ce n’est pas quelque chose qui me met la pression. Bien sûr, c’est important pour moi, j’ai envie d’avoir un autre contrat et quelque chose que je pense mériter. D’un autre côté, si on ne se met pas d’accord, je serai free agent cet été, donc je pourrai choisir où je veux aller ou si je veux rester ici. Ce sera à moi de faire le choix. Des deux côtés, il y a quelque chose de positif. S’ils veulent que l’on discute, je serai content de le faire. Sinon, on attendra l’été et on verra ce qui va se passer.

On demande à tout le monde ce qu’il pense de Victor Wembanyama, mais vous partagez le même poste, vous parlez la même langue, vous partagez des qualités comme l’adresse extérieure. Que penses-tu de lui et quel genre de joueur penses-tu qu’il deviendra ?
Nikola Vucevic : Je pense qu’il sera lui-même. Il n’y a pas vraiment eu de joueurs comme lui avant. C’est très impressionnant ce qu’il réussit à faire à un si jeune âge. Je pense que c’est encore plus difficile quand tu deviens aussi grand. A 2,21m à 18 ans, ce n’est pas facile de contrôler son corps aussi bien. Il y arrive, ça se voit à la manière dont il joue, son tir, son dribble. Ce qui m’impressionne vraiment, c’est qu’il a l’air humble, d’avoir les pieds sur terre malgré toute la hype et tout ce qui se passe autour de lui. J’espère qu’il restera comme ça, parce que c’est important. Je lui souhaite beaucoup de chance et j’espère le voir l’année prochaine.

Beaucoup de gens te connaissent en France par rapport à ta relation avec Evan Fournier, car on vous voyait très proches au Magic. Quel lien avez-vous aujourd’hui, alors que vous êtes dans deux équipes différentes ? Que penses-tu de sa situation aux Knicks, où il est sorti de la rotation ?
Nikola Vucevic : On est toujours de très, très bons amis. On se parle très souvent et je lui ai bien sûr parlé de sa situation. Il n’y a rien de pire que de ne pas jouer, surtout pour un grand joueur comme Evan, qui a une grosse carrière en NBA et que tout le monde connaît très bien. Je pense que beaucoup de gens ont été un peu choqués par la décision de coach de le sortir de la rotation. C’est difficile pour lui, je suis sûr, surtout parce qu’il sait qu’il peut aider l’équipe. C’est un grand joueur.

Mais je connais Evan, il ne va pas se relâcher. Il va travailler encore plus dur, être encore plus fort mentalement. Je sais que dès que l’opportunité se présentera, que ce soit à New York ou autre part, il va nous montrer le Evan qu’on connaît. Je le respecte beaucoup, parce qu’il est resté professionnel, il ne s’est pas plaint dans la presse ou quoi que ce soit. Il continue à travailler, à soutenir ses coéquipiers. Quand le moment arrivera, il sera prêt. Donc moi, je suis là pour le soutenir et j’espère que ça arrivera vite pour lui.

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