Les Phoenix Suns, pourquoi ça ne marche pas

Prometteurs il y a deux saisons, les Phoenix Suns accusent le coup en ce début de saison. Difficile d'y voir clair dans le brouillard au sein duquel se trouve la franchise.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
Les Phoenix Suns, pourquoi ça ne marche pas
Un layup et un dunk de Brandon Knight en fin de rencontre n'ont pas suffi à éviter une nouvelle défaite des Phoenix Suns, battus sur le fil par le Thunder d'un Russell Westbrook intenable. Les deux paniers tardifs de Knight sont venus nuancer la prestation en demi-teinte du meneur des Suns, auteur de 15 points (à 6/20 aux tirs) et 6 passes décisives mais coupable d'avoir perdu 5 ballons. Malgré l'issue de la partie, les joueurs de Jeff Hornacek se montraient optimistes en conférence de presse.
"On s'est battu tout le match", soulignait P.J. Tucker à l'Arizona Central. "J'ai adoré notre débauche d'énergie. Nous n'avions pas fait autant d'efforts depuis un long moment. Si on continue à jouer comme ça, les résultats suivront."
Un éclair de positivité après une septième défaite consécutive - la neuvième en dix rencontres. Les Suns ont dégringolé au classement depuis un mois, devançant seulement les New Orleans Pelicans et les Los Angeles Lakers au sein de la Conférence Ouest. Une position évidemment jugée décevante pour une franchise qui espérait se mêler à la course aux playoffs cette saison.

Les effets négatifs du renouveau soudain des Phoenix Suns

[caption id="attachment_207597" align="alignleft" width="318"] Goran Dragic était le maître à jouer d'une surprenante équipe des Suns victorieuse de 48 matches il y a deux saisons.[/caption] Il y a deux ans, une surprenante équipe des Suns guidée par Eric Bledsoe et Goran Dragic échouait aux portes des playoffs. Un succès inattendu, même pour les dirigeants de la franchise qui nient cependant toute tentative de 'tanking'.
"On n'a jamais essayé de perdre des matches", racontait le propriétaire Robert Sarver à ESPN. "On voulait faire jouer des jeunes joueurs autour de qui nous avions l'espoir de construire une grande équipe. Certains d'entre eux ont juste dépassé nos attentes."
Dirigé par le néo-coach Jeff Hornacek, les Suns ont pratiqué un basket rapide et imprévisible, prenant leurs adversaires de vitesse avant de terminer la saison avec 48 victoires malgré la terrible concurrence à l'Ouest. Des résultats encourageants presque arrivés trop tôt si l'on se fie à la suite des événements. [superquote pos="d"]Les Suns ont changé les deux tiers de leur effectif en moins d'un an[/superquote]Seuls cinq joueurs de cette équipe portent encore les couleurs des Suns aujourd'hui (P.J. Tucker, Alex Len, Archie Goodwin, Markieff Morris et Eric Bledsoe). Deux d'entre eux, Len et Goodwin, jouaient à peine dix minutes par match à l'époque. Quant à Morris, il a demandé son transfert avec insistance durant toute l'intersaison et a été récemment suspendu pour deux rencontres après avoir jeté une serviette sur son coach dans un élan de frustration. Les excellentes prestations des Suns en 2014 ont fait pousser des ailes à un propriétaire impatient et à des dirigeants revigorés par ce succès rapide. L'espoir a entraîné de la précipitation. La franchise s'est mise à voir trop grand, trop vite. Et la direction a paniqué devant les premières difficultés rencontrées. Difficile d'expliquer autrement les grandes manœuvres entreprises en février dernier, quant les Suns ont échangé la moitié de leur effectif. Ils ont libéré un Goran Dragic mécontent dont le contrat arrivait à expiration. Ils ont expédié à Boston un Isaiah Thomas dont l'attitude agaçait certains de ses coéquipiers. Surtout, ils ont sacrifié un tour de draft (protégé top 3 en 2016 et non protégé par la suite) des Los Angeles Lakers pour acquérir Brandon Knight.

Bledsoe - Knight, un duo talentueux mais inefficace

[caption id="attachment_303452" align="alignleft" width="318"] Brandon Knight est plus à l'aise lorsqu'il est le seul maître à bord.[/caption] Si les Suns ont considérablement bouleversé leur roster, ils ont tout de même souhaité conserver la même identité. Un meneur - Dragic - a été remplacé par un autre meneur - Knight - dans le but d'associer un autre playmaker à Eric Bledsoe. Le duo est prometteur sur le papier. Les deux joueurs ont un profil intéressant mais les résultats ne suivent pas pour l'instant. Selon les statistiques avancées disponibles sur NBA.COM, Phoenix marque 2,6 points de moins que son adversaire (en moyenne et sur 100 possessions) lorsque Bledsoe et Knight évoluent ensemble sur le parquet. Un chiffre qui illustre l'incompatibilité entre les deux joueurs qui ont besoin du ballon pour exister sur le terrain. [superquote pos="d"]La mésentente entre Knight et Bledsoe serait à l'origine de tensions dans le vestiaire[/superquote]En 2010, Brandon Knight rejoignait l'université prestigieuse de Kentucky pour y prendre le relais... de Bledsoe, drafté en juin cette année-là, à la mène. C'est donc dans la peau d'un point guard qu'il a été sélectionné en huitième position par les Detroit Pistons un an plus tard. C'est à ce poste qu'il a débuté sa carrière et c'est encore à la mène qu'il s'est illustré sous l'uniforme des Milwaukee Bucks avant d'être transféré à Phoenix. Il refuse de s'imaginer en tant qu'arrière et tient à le rappeler à quiconque l'interroge sur sa position en NBA. L'hypothèse d'une ligue sans postes fixes trouve ses limites lorsque deux joueurs au style de jeu trop similaire ne parviennent pas à cohabiter. Dans les faits, les Suns sont loin de pratiquer le basket rapide et agressif qui a fait la réputation de la franchise en NBA. Le jeu est trop stéréotypé, trop prévisible, avec Bledsoe et Knight qui attaque chacun leur tour sans réellement créer une menace lorsqu'ils n'ont pas la gonfle entre les mains. Dans une longue tribune dédiée aux problèmes des Suns, Zach Lowe décrit de façon très intéressante les conséquences néfastes de cette absence de mouvements lors des fins de match serrées lorsque les défenses se resserrent. Il y révèle aussi les tensions naissantes au sein du vestiaire liée à l'inefficacité de l'association entre les deux meneurs.

Vers un nouveau système plus traditionnel ?

[caption id="attachment_303010" align="alignleft" width="318"] A l'instar de Devin Booker et T.J. Warren, Alex Len incarne l'avenir des Suns.[/caption] La franchise de l'Arizona va-t-elle être contrainte de faire un choix ? Les dirigeants ont constamment misé sur Bledsoe jusqu'à présent. Ils ont acquis l'ancien joueur des Los Angeles Clippers en 2013 et lui ont offert son premier job en tant que titulaire à plein temps. Ils l'ont prolongé pour 70 millions sur cinq ans un an plus tard et lui ont fait de l'espace en se débarrassant de Thomas et Dragic. Rien n'indique qu'ils se sépareront aussi de Knight. Pour l'instant, le choix est dicté par un autre facteur, à savoir la nouvelle blessure au genou d'Eric Bledsoe, indisponible jusqu'à la fin de la saison. Son absence permet à son coéquipier de reprendre en main la gestion du jeu. Sans réussite jusqu'à présent même si les Suns ont montré un visage plus convaincant contre Oklahoma City hier soir. Car même si Knight s'est montré maladroit, son association avec un arrière de formation, le jeune Devin Booker, a laissé entrevoir quelques promesses.
"Tout le monde aura une opportunité de marquer si l'on bouge bien la balle et que l'on joue ensemble", remarquait Brandon Knight.
Les Suns ne gagnent pas mais ils ont retrouvé un peu de mouvement en attaque avec Tucker et T.J. Warren, auteur de 29 points (record en carrière) contre le Thunder, sur les ailes et Booker en soutien de Knight dans le backcourt. [superquote pos="d"]Les dirigeants des Suns ont multiplié les choix incohérents[/superquote]Phoenix a peut-être tout intérêt à jouer avec un seul meneur et la blessure de Bledsoe est une opportunité pour tester un autre système tout en confiant plus de responsabilités aux jeunes prometteurs que sont Booker, Warren ou encore Len. Le reste de l'effectif est un peu à l'image de la direction (des directions ?) prise par la franchise : il part dans tous les sens. Tyson Chandler a été recruté dans l'optique de séduire LaMarcus Aldridge. L'ancienne star des Portland Trail Blazers a finalement opté pour les San Antonio Spurs, laissant la franchise de l'Arizona avec un pivot expérimenté utilisé avec parcimonie par Hornacek et son staff. Markieff Morris a un potentiel intéressant au vue de son salaire mais son attitude nuit à son développement et à celui de son équipe. Même le coach est tiraillé entre l'intérêt de la franchise à faire jouer les jeunes et l'envie de gagner le plus de matches possibles pour satisfaire un propriétaire impatient qui vient de licencier deux assistants. Il est évidemment encore trop tôt pour tirer un trait sur l'association entre Brandon Knight et Eric Bledsoe alors que les deux hommes n'ont même pas disputé l'intégralité d'une saison entière ensemble. Mais les Suns s'apprêtent tout de même à dépenser 112 millions de dollars pour son backcourt sur les quatre prochaines années. Une somme non négligeable, même après l'explosion du Cap, pour des positions aussi importantes au sein d'une ligue dominée par le pick&roll. Comme les Suns après la défaite contre Oklahoma City, on peut, au choix, pointer du doigt les choix incohérents des dirigeants de la franchise ou entrevoir l'espoir d'une progression certaine incarnée par les jeunes joueurs de l'effectif. On retiendra surtout qu'un succès trop rapide peut parfois avoir des conséquences tout aussi inattendue et pour le moins néfaste.
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