Phoenix Suns, la parole est à la défense

Historiquement perçus comme des passoires en défense, les Phoenix Suns sont en passe de faire faux-bond aux idées reçues. Les hommes de Jeff Hornacek ont bâti leur succès des deux côtés du parquet. Décryptage.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Phoenix Suns, la parole est à la défense
Chaque franchise NBA a ses traditions et ses caractéristiques de jeu qui traversent les époques. Expliquons-nous. Les Detroit Pistons sont souvent présentés comme une équipe rugueuse, dur au mal, orientée en priorité sur la défense. Cet esprit est la marque de fabrique des équipes victorieuses des Pistons (les « Bad boys » au début des années 90, Rasheed Wallace et ses guerriers en 2004). Pour les San Antonio Spurs, on peut évoquer l’idée de basket bien léché, de collectif parfaitement huilé. D’où la notion de tradition. Peu importe si ces idées sont toujours d’actualité, c’est souvent l’image que renvoie une franchise. Pour les Phoenix Suns ? Le basket offensif, rapide. Le beau jeu. Une réputation renforcée par le succès des Suns de Mike D’Antoni, avec Steve Nash à la baguette.
« C’est intéressant de constater l’image que renvoie les équipes sur une longue période. Phoenix a toujours été l’équipe qui marque le plus de points mais qui ne défend pas beaucoup. On veut être la meilleure attaque mais on veut aussi défendre », témoigne Jeff Hornacek au Arizona Central.
Ancien joueur des Phoenix Suns désormais à la tête de l’équipe, Jeff Hornacek est conscient des préjugés qui entourent son groupe. Dès son arrivée sur le banc, le coach a évoqué les thèmes traditionnels de sa franchise : « jeu rapide, contre-attaque, rythme effréné ». Mais les surprenants Suns – sixièmes de la Conférence Ouest – ne se contentent pas de tuer leurs adversaires en attaque, ils ont appris à défendre.

La meilleure défense, c’est l’attaque… ou l’inverse

Reposés par le break du All-Star Weekend, les hommes de Jeff Hornacek ont entamé la dernière ligne droite de la saison régulière sur les chapeaux de roue : trois matches, trois victoires. Trois rencontres avec plus de 100 points marqués, une banalité pour la huitième meilleure attaque de la ligue en termes de points marqués sur 100 possessions (106,5 pts). Durant cette courte période, les Phoenix Suns ont limité leurs vis-à-vis à 37,5% d’adresse aux tirs.
[superquote pos="d"]"Nous sommes très difficiles à arrêter lorsqu'on défend dur" P.J. Tucker[/superquote]« Personne ne dit jamais rien à propos de la défense », grogne P.J. Tucker, l’homme de l’ombre, au Arizona Central. « Personne ne pense à la défense. C’est tellement important pour notre équipe. Nous sommes très difficile à arrêter quand nous défendons durs car nous mettons des stops et nous sommes l’une des meilleures équipes de la ligue en contre-attaque. »
Seuls six équipes (Sixers, Lakers, Wolves, Nuggets, Warriors et Rockets) ont un rythme plus soutenu que les Phoenix Suns (98 possessions par match en moyenne). Goran Dragic et sa bande marquent 18% de leurs points en contre-attaque, le must de la ligue dans le domaine. Certes, les Suns sont rapides, offensifs et spectaculaires. Mais une fois placé sur demi-terrain, leur basket est souvent stéréotypé (isolations et pick&roll) comme le soulignait le meneur de jeu slovène en début de saison. Phoenix a donc tout intérêt à défendre dur pour chiper un maximum de ballons et foncer en contre-attaque (8,3 interceptions par match, dans le top 10 de la ligue). Le premier rideau défensif a une importance non négligeable. Eric Bledsoe est un redoutable défenseur et Goran Dragic a lui aussi progressé dans ce domaine. P.J. Tucker est le chien de garde attitré de l’équipe. Gerald Green profite de ses qualités athlétiques pour rendre la vie difficile à son adversaire direct (mais aussi pour caler des gros blocks). Le constat s’applique aux autres joueurs de l’effectif. Les Phoenix Suns sont jeunes, athlétiques, rapides. Cerise sur le gâteau, Jeff Hornacek a su leur donner l’envie de défendre dur. Dès les premières réunions avec son groupe, il avait annoncé que la défense dicterait le temps de jeu de chaque joueur. Les joueurs l’adulent et ont l’envie de se donner à fond sur le parquet pour leur coach. On en a encore eu la preuve face aux San Antonio Spurs – privés de Kawhi Leonard et Tony Parker – il y a deux jours. San Antonio a été limité à 85 points.
« On a contesté tous les tirs. Ils n’ont pas pris beaucoup de shoots ouverts. Si l’on parvient à maintenir ce niveau d’effort, on limitera le pourcentage de réussite de nos adversaires », explique le coach.   « Les gars n’abandonnent pas. S’ils se prennent un écran, ils reviennent rapidement sur leur joueur pour défendre. »
Cette saison, les Phoenix Suns ont appris à mettre de l’intensité des deux côtés du parquet. Et ça explique sans doute leur succès.

Objectif playoffs

Selon l’adage, « la défense fait gagner des titres ». La franchise de l’Arizona est encore loin de son premier sacre. Mais les hommes de Jeff Hornacek devraient – sauf grande surprise – retrouver les playoffs. Une performance quand on réalise la densité de la Conférence Ouest. Si les Suns sont réputés pour leur tempo infernal, ils n’auraient jamais tenu le rythme d’une saison aussi longue sans pouvoir compter sur une défense en progression.
« On veut faire les playoffs donc on doit rester concentré sur notre défense », assure Marcus Morris.
Un léger passage à vide et les Phoenix Suns pourraient redouter le retour des Memphis Grizzlies ou des Minnesota Timberwolves. Ils n’ont donc pas le choix. Ils doivent défendre dur chaque soir avec l’objectif de, peut-être, casser un jour les idées préconçues.
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