Phoenix s’est loupé, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Les Suns sont d'ores et déjà la plus grosse déception de la saison en NBA. L'intersaison s'annonce épineuse...

Phoenix s’est loupé, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Les Phoenix Suns sont LE fiasco de ces playoffs, avec une élimination dès le premier tour sur un sweep assez violent infligé par les Timberwolves. Que peut-il - et que va-t-il - se passer au sein de la franchise pour effacer ce cuisant échec ? Analysons un peu ce que cet échec signifie pour chaque strate de la franchise, avec les possibles implications.

Le proprio et le GM

L'ancien de Michigan State a eu le syndrome du nouveau proprio qui veut tout gagner tout de suite. Historiquement, ça ne marche pas très bien en NBA. Et on peut se demander à quel point James Jones, le GM, qui avait fait du travail plus méticuleux et patient ces dernières années, a vécu la requête de son patron. Quelques heures après son arrivée aux rênes de la franchise, Kevin Durant débarquait dans un trade. Sur l'intersaison suivante, c'est Bradley Beal qui rejoignait Phoenix, au détriment de la profondeur de banc et de l'équilibre du roster. Le tout après avoir soldé en grande partie l'héritage de l'équipe qui avait disputé les Finales NBA 2021 contre les Bucks : exit le coach Monty Williams, le meneur Chris Paul et l'intérieur Deandre Ayton. Devin Booker comme seul survivant de ce groupe, ce n'était visiblement pas suffisant.

Ishbia et par extension Jones, s'ils continuent de collaborer, doivent moins chercher à faire dans le star system et trouver le moyen de proposer au futur coach, ou à Frank Vogel (qui a quand même signé pour 5 ans...), un effectif plus équilibré.

Frank Vogel

Même s'il a encore quatre ans de contrat, on serait assez surpris de voir Frank Vogel sur le banc la saison prochaine. Comme souvent, le coach sert de fusible avant que la direction ne se penche sur les joueurs. Et comme il y a peu de leviers pour faire évoluer ce roster de manière significative... Vogel a beau avoir remporté le titre dans la bulle en 2020 avec les Lakers, il n'a jamais semblé en mesure d'imprimer sa patte et de sortir d'un style collectivement pauvre et axé sur le génie de ses stars. Comme le raconte Shams Charania dans son article chez The Athletic, la voix de l'ancien coach des Pacers, du Magic et des Lakers n'a jamais vraiment porté. Et lorsqu'il a tenté de faire trembler les murs, ses joueurs ont apparemment trouvé ça contre-nature et pas très productif. Vogel reste un bon technicien, mais il n'est probablement pas l'homme de la situation. On se disait aussi ça de Joe Mazzulla pendant les playoffs l'an dernier, mais Boston a pris la (bonne) décision de poursuivre avec lui, donc rien n'est prévisible à cet instant.

Le Big Three

On avait été assez scotchés par le niveau qu'avaient été capables de développer ensemble Kevin Durant et Devin Booker la saison dernière, sur le peu de temps où ils avaient été associés. Malheureusement pour les Suns, on n'a plus vraiment revu cette alchimie prometteuse et les raisons peuvent être multiples.

L'arrivée de Bradley Beal et le besoin de l'inclure dans la dynamique - tout All-Star qu'il est - n'a pas été simple et Beal a dû composer avec un rôle différent de celui auquel il a été habitué. Ce peut aussi être dû à l'âge de Kevin Durant, tout simplement, ou en tout cas aux kilomètres et blessures accumulés sur la deuxième partie de sa carrière. KD reste un attaquant surnaturel, comme on l'a vu par séquences cette saison et en playoffs, mais il ne semble plus avoir la capacité de porter une équipe en difficulté sur ses épaules des deux côtés du terrain pour réduire à néant les espoirs des adversaires.

Il avait justement signé pour ne plus être l'unique héros, comme à Brooklyn (par la force des choses en l'absence de Kyrie et après le départ de Harden), et avoir des joueurs autour de lui capables de se transcender également. C'est normalement le cas de Devin Booker, qui s'il a fini sur un match à 49 points, ne transpirait pas autant le leadership et le joueur décisif que par le passé. Ses statistiques en SR sont sensiblement les mêmes que l'an dernier, avec même un accent plus appuyé sur le playmaking, mais le ressenti n'est pas le même.

Sauf rebondissement, Phoenix est obligé de repartir autour de ces trois joueurs-là.

- Bradley Beal a toujours une no-trade clause et n'a aucun intérêt à quitter Phoenix, d'autant que son contrat n'a rien de très engageant pour une autre équipe :

  • 2024-25 : 50,2 millions de dollars
  • 2025-26 : 53,7 millions de dollars
  • 2026-27 (player option) : 57,1 millions de dollars

- Devin Booker est le franchise player et n'a pas manifesté, pour le moment, l'envie de jouer ailleurs

- Kevin Durant a montré une certaine instabilité ces dernières années, mais on l'imagine mal demander son trade après un an. KD a clairement fait savoir que son rôle en attaque lui avait laissé un goût amer. Les sources de Shams Charania lui ont en tout cas indiqué que le MVP 2014 n'avait pas apprécié d'être "trop souvent relégué dans le corner" et sentait qu'il n'avait "pas eu les bons schémas pour tirer profit de ses qualités", avec une attaque essentiellement basée sur le pick and roll.  Cela ressemble plus à une volonté de voir Frank Vogel être remplacé qu'à une future demande de trade, mais on surveillera quand même la situation. KD est encore sous contrat jusqu'en 2026 avec les Suns.

Le supporting cast

Grayson Allen, qui a vécu un 1er tour cauchemardesque entre contre-performances et blessure, s'est avéré être une bonne recrue et a fréquemment être une bonne deuxième ou troisième option offensive, avec le meilleur pourcentage à 3 points en NBA cette saison. Jusuf Nurkic a fait une plutôt bonne saison régulière (11 pts, 11 rbds de moyenne), mais a comme souvent disparu en playoffs, où son impact a été limité pour rester poli. Pour le reste, ça a été franchement limité en talent et en impact, ce qui s'est vu à la fois en saison régulière et en playoffs.

Ce groupe manque un peu de personnalité et de leadership à l'ancienne, ce qui semble fou quand on pense que les membres du Big Three ont tous les trois été des franchise players à un moment donné. Le CV ne fait pas le leadership et le recrutement, même à la marge, devrait être axé autour de la venue de joueurs dits de caractère, avec de l'expérience et la capacité de remobiliser un groupe, ce que n'ont pas montré KD et Booker sur cette campagne.

L'arrivée d'un meneur plus gestionnaire, même si c'est en sortie de banc, ne serait pas de trop non plus. Beal et Booker sont des arrières avec la capacité de diriger le jeu, mais leur ADN est celui de scoreurs purs. En ce sens, la perte de Chris Paul n'a pas été compensée.

Pour se renforcer, Phoenix va probablement devoir hypothéquer à nouveau une partie de son avenir. Les deux meilleurs atouts des Suns sur le marché sont les premiers tours de Draft 2024 et 2031. L'intersaison débute déjà pour Phoenix, bien plus tôt qu'attendu et avec bien plus de décisions épineuses qu'espéré...