Pourquoi tout le monde oublie Chris Paul ?

Chahuté, critiqué et boudé, Chris Paul est pourtant le meilleur meneur de la ligue. Décryptage d'une superstar anciennement adulée et désormais peu appréciée en NBA.

Pourquoi tout le monde oublie Chris Paul ?
Il y a des joueurs NBA que tout le monde déteste à commencer par Christian Leattner, Bill Laimbeer et Kris Humphries. Il y en a d’autres comme Kyrie Irving, James Harden, Blake Griffin, DeMarcus Cousins ou Kevin Love qui peinent encore à s’attirer les faveurs du plus large public pour des motifs divers et variés. Des stars comme Kobe Bryant ou LeBron James ont sans doute autant de fan que de haters. Et puis il y a Chris Paul. [superquote pos="d"]"Chris Paul, le calumet de la paix entre la génération highlights et les nostalgiques du jeu pur des 80’s."[/superquote]Il y a sept ans, CP3 était encore ce jeune meneur déjà patron de sa propre franchise – les New Orleans Hornets – tout juste nommé All-Star pour la première fois en février 2008. Il tournait à 21,1 pts, 4 rbds et 11,6 pds par match. Un article consacré à l’étoile montante de la Louisiane et paru dans notre numéro REVERSE du mois de mars 2008 s’intitulait alors « Everybody love Chris ». Car oui, tout le monde aimait Chris Paul. Le grand Jean-Sébastien Blondel le décrivait alors comme « le calumet de la paix entre la génération highlights et les nostalgiques du jeu pur des 80’s. Un joueur à part qui satisfait les uns comme les autres et ouvre les yeux aux deux camps sur les raisons de l’autre d’adorer ce jeu. Il y a le Paul tradition d’un côté, celui dont le jeu est d’une justesse affolante, qui est là pour gagner des matches et non pour faire le spectacle. Mais il y a également le Chris showman, croisement détonnant des dribbles d’Isiah Thomas et de la vision du jeu de Jason Kidd. » Cela définit parfaitement le prodige drafté en quatrième position à sa sortie de Wake Forest en 2005. Comment ne pas aimer une jeune star capable de guider sa franchise vers le titre de sa division lors d’une saison à 56 victoires au sein de la terrible Conférence Ouest, de porter ensuite cette même équipe jusqu’au deuxième tour des playoffs en éliminant les Mavericks et en chutant ensuite lors d’une septième manche décisive contre les redoutables San Antonio Spurs ? Le tout pour ses premiers playoffs NBA – 24 pts à 50% aux tirs, 5 rbds et 11 pds de moyenne – et avec pour coéquipiers David West, Tyson Chandler, un Peja Stojakovic sur le déclin, Morris Peterson, Melvin Ely ou encore Jannero Pargo ? Aujourd’hui, tout le monde ne déteste pas Chris. C’est plutôt que tout le monde s’en fiche. Le talent de la star des Los Angeles Clippers est indéniable et il est reconnu de tous, même si certains le considèrent encore comme un joueur frileux en playoffs alors qu’il affiche des moyennes en carrière à 20,6 pts (48% aux tirs et 38% à trois-points), 4,8 rebonds, 9,7 passes et 2,4 interceptions en post-saison. Il a longtemps été présenté comme le meilleur joueur de la ligue à son poste mais son nom s’est étrangement éclipsé des discussions pour ce titre honorifique, laissant place à ceux de Stephen Curry, Russell Westbrook, Damian Lillard, John Wall ou même Kyrie Irving. Il n’est pas mentionné non plus parmi les candidats potentiels au titre de MVP alors qu’il réalise une superbe saison. Et pourtant, Chris Paul est toujours le meilleur meneur de la NBA.

Chris Paul, le meneur complet par excellence

[caption id="attachment_235195" align="alignnone" width="625"] Distribution, scoring, défense... Chris Paul sait absolument tout (très) bien faire sur un parquet NBA.[/caption] Le poste de meneur est le plus dense de la ligue. Il est aussi l’un des plus importants, même si sa nature a subi des évolutions fondamentales au cours des dix dernières années. Il est demandé à un point guard de savoir tout (bien) faire sur un parquet. On distingue tout de même trois aspects du jeu que se doivent de maîtriser les meneurs les plus talentueux : 1) être en mesure de se créer son propre tir et de marquer des points sans pour autant nuire à la productivité de ses coéquipiers 2) alimenter en munitions ses coéquipiers et les placer dans les meilleures dispositions pour marquer 3) être en mesure de défendre sur le meneur adverse Aucun meneur NBA n’a une meilleure maîtrise de ses trois points fondamentaux que Chris Paul. Stephen Curry est un attaquant fantastique mais sa défense reste perfectible. Russell Westbrook est monstrueux mais son style atypique présente certains risques. Kyrie Irving est un jeune joueur extrêmement talentueux mais il est plus à l’aise lorsqu’il n’est pas le principal créateur – rôle incarné par LeBron James à Cleveland. CP3 sait tout faire et il fait tout. [superquote pos="d"]Le plus important, ce n'est pas tant le nombre de points qu'il marque mais la façon dont il les met : il est extrêmement efficace ! [/superquote]Le natif de Winston-Salem n’a jamais été à proprement considéré comme un scoreur. Sa panoplie est trop large pour qu’il soit cantonné à cette simple casquette. Pourtant, seuls meneurs marquent plus de points que lui en moyenne (Westbrook, Curry, Irving, Lillard et Rose). Avec plus de 18 points par match, Paul se classe encore une fois parmi les joueurs les plus prolifiques de la ligue à son poste. Le plus intéressant ce n’est pas tant le nombre de points marqués par le maître à jouer des Clippers mais plutôt la manière dont il les met. Il est terriblement efficace. Sans être catalogué parmi les spécialistes du tir de loin, il se classe tout de même parmi les vingt joueurs les plus adroits de la NBA derrière l’arc (minimum 4 tentatives par match) avec un très correct 38% de réussite. Il est aussi le troisième meneur le plus efficace de la ligue dans le champ (48%) derrière Goran Dragic et Stephen Curry (minimum 10 tentatives par match). Il excelle aussi sur la ligne des lancers (88%). On constate d’ailleurs que CP3 n’est pas si loin de la barre mythique du 50-40-90 sur une saison avec ce joli 48-38-88. Il n’est pas le plus grand – 1,83 m – ni le plus athlétique mais son jeu n’a vraiment de faiblesse. Il peut aussi bien anéantir son adversaire en pénétration ou à trois-points.

Un maître Jedi du tir à mi-distance

[caption id="attachment_152707" align="alignleft" width="300"] Chris Paul est un excellent shooteur à mi-distance, tout simplement le meilleur de la ligue.[/caption] Mais l’arme de prédilection de Chris Paul demeure le tir à mi-distance. Anobli par Michael Jordan, le shoot à cinq-six mètres est un instrument devenu obsolète au sein de la NBA moderne de plus en plus porté sur le moneyball et ses trois shoots de prédilection : les layups/dunks, les lancers-francs et les trois-points. Mais le tir en tête de raquette demeure un aspect essentiel du jeu des porteurs de balle dans une ligue dominée par le pick&roll. Les défenses ont pris l’habitude de reculer face aux attaquants les plus véloces vers le cercle et, dans cette configuration, savoir shooter avec précision après le dribble en sortie d’écran provoque des maux de tête aux adversaires. Si la défense anticipe la pénétration, le porteur du ballon dispose généralement de l’espace nécessaire pour shooter depuis le coin de la raquette (« elbow » en VO). Encore faut-il être en mesure de convertir ces tirs. CP3, justement, est le meilleur joueur de la ligue depuis cette zone. Ce point a été mis en lumière par Kirk Goldsberry dans un article consacré à l’adresse à mi-distance du meneur de L.A. [superquote pos="d"]Chris Paul n'a besoin de personne pour se créer son tir et il est tout de même l'un des joueurs les plus adroits en NBA [/superquote]1) Chris Paul : 49,5% (202/408) 2) Al Horford : 48,3% (173/358) 3) Dirk Nowitzki : 48,1% (238/495) 4) David West : 47,9% (162/338) 5) Nikola Vucevic : 47,1% (161/342) Les quatre joueurs qui suivent Paul sont des intérieurs. Ils ne se créent pas leur propre tir et la majeure partie de leurs tentatives résultent d’une passe (situation de pick&pop par exemple). Leurs pieds sont solidement ancrés dans le sol et ils bénéficient de shoots à priori plus faciles que le meneur des Clippers. Et il est pourtant plus adroit. Il n’a besoin de personne pour se créer des opportunités de marquer. Il joue de son agilité balle en main, de ses dribbles de séparation véloces et parfaitement maîtrisés, du contrôle de son corps et d’un certains vice pour s’offrir l’espace nécessaire pour shooter à mi-distance. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=NwwUvtT9pv4[/youtube] [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=58hgzAJhbIg[/youtube]

Un gestionnaire et un passeur d'exception

Tony Parker a pris une autre dimension lorsqu’il s’est mis à convertir régulièrement ces tirs en sortie de dribble après un écran. Les défenses ont dû respecter son adresse à mi-distance, ce qui contribue à créer des espaces pour les autres attaquants sur le parquet. Les adversaires sont contraints d’aider pour contenir non seulement la pénétration mais aussi le tir à mi-distance en tête de raquette, de quoi libérer au moins l’un des deux intérieurs ou un shooteur démarqué à l’opposé. C’est exactement le dilemme auquel sont confrontées les défenses adverses lorsque Chris Paul opère balle en main. Ils sont généralement au moins deux joueurs à suivre la star des Clippers sur chaque pick&roll. La bonne lecture du jeu de ce dernier permet à ses coéquipiers de bénéficier de tirs ouverts à trois-points. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=VAN8yQELyrw[/youtube] De la même façon, DeAndre Jordan n’a plus qu’à foncer vers le cercle pour conclure en alley-oop après avoir posé son écran. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=sbrmYFWoDQ8[/youtube] [superquote pos="d"]Une nouvelle fois, Chris Paul est le meilleur passeur NBA[/superquote]Savoir créer son propre tir est l’un des facteurs essentiels qui démarque les superstars des joueurs de complément dans cette ligue. Le rythme est souvent ralenti en playoffs. Le jeu de transition est souvent délaissé au profit de celui sur demi-terrain et, dans ces circonstances, il est primordial de pouvoir compter sur un ou plusieurs attaquants en mesure de faire la différence sans l’aide de ses coéquipiers. En ce sens, Chris Paul est un franchise player. Il est aussi – encore une fois – le meilleur passeur de la ligue à ce jour avec près de 10 caviars par rencontre (à égalité avec John Wall). Un titre individuel honorifique qu’il a déjà décroché à trois reprises au cours de sa riche carrière. Paul est un chef d’orchestre, ce n’est pas une nouveauté. Il a toujours un coup d’avance sur ses adversaires, ce qui lui permet de servir ses coéquipiers dans les dispositions idéales. C’est aussi un excellent gestionnaire. Il sait alterner les séquences collectives et les actions individuelles. Il a tendance à faire jouer ses partenaires en première période avant d’accélérer la cadence au retour des vestiaires (8 pts et 6 pds en première mi-temps, 10 pts et 4 pds après la pause).

Un compétiteur acharné en défense

[caption id="attachment_154295" align="alignleft" width="300"] Kevin Durant, Stephen Curry ou James Harden, Chris Paul défend sur tous les profils d'attaquants.[/caption] La domination de CP3 ne se limite pas à une moitié de terrain. Au contraire même, son succès a pour origine son acharnement en défense.
« Je me concentre uniquement sur la défense lorsque je me prépare pour un match », témoigne Chris Paul à ESPN. « La plupart des scoreurs sont des arrières et ils portent leur équipe. J’essaye donc de toujours accepter le challenge en défense et de marquer le match de mon empreinte de ce côté du parquet. »
A l’inverse de bien d’autres superstars – principalement à la mène – il tire une grande fierté de sa capacité à éteindre son adversaire direct.
« Il veut toujours défendre sur le meilleur joueur adverse. C’est un compétiteur. Il y a des meneurs qui se cachent et ne le font pas. Chris est le meneur le plus complet de la ligue. Il peut distribuer le jeu, marquer quand il le faut, défendre, prendre des rebonds, etc. C’est un dur », note son coéquipier Matt Barnes.
[superquote pos="d"]Chris Paul ne se cache pas : il défend sur les meilleurs joueurs adverses sans l'aide de personne [/superquote]Le meneur des Clippers ne recule effectivement devant aucun challenge et les meilleurs joueurs à son poste ont pu s’en rendre compte encore cette saison. Damian Lillard a par exemple été limité à 5 petits points (1/13 aux tirs), Stephen Curry n’a marqué que 12 points lors d’une rencontre contre Los Angeles et Russell Westbrook, alors en plein boom, avait souffert contre Paul, terminant la rencontre avec 24 points tout en étant particulièrement maladroit. Chris Paul est un défenseur hargneux et vicieux. Son esprit de compétiteur se rapproche de celui de Michael Jordan – il est peut-être même le joueur moderne qui s’en rapproche le plus en terme d’état d’esprit – même si le jeu de Sa Majesté et celui de CP3 sont évidemment bien différents. Dans un autre long sujet accordé aux nouvelles statistiques avancées exposées lors de la dernière MIT Sloan Conference, Kirk Goldsberry (encore lui) démontre pourquoi Paul est le meilleur défenseur extérieur de toute la NBA. En effet, le professeur de Grantland explique, graphiques, chiffres et vidéos à l’appui, que les vis-à-vis du All-Star ont tendance à prendre moins de shoots qu’à l’accoutumée et être moins adroits lorsqu’ils affrontent les Clippers. Il éteindra donc ses adversaires tout en les forçant à passer le ballon. La nouvelle métrique inaugurée par Goldsberry et ses associés font donc de Paul le joueur du backcourt qui encaisse le moins de points sur la tête. 1) Chris Paul : 10,8 pts 2) Norris Cole : 11,1 pts 3) Nick Calathes : 12 pts 4) C.J. Watson : 12 pts 5) Greivis Vasquez : 12,3 pts [superquote pos="d"]Les stats analytiques couronnent CP3 en défense [/superquote]Cette statistique est encore en élaboration et certaines explications fournies ne semblent pas très convaincantes. Toujours est-il que la star accorde une importance particulière à la défense. N’est-ce pas ce que l’on demande aux meilleurs joueurs de la ligue, à savoir être efficace des deux côtés du parquet ? Stephen Curry peut toujours compter sur Klay Thompson ou Andre Iguodala pour contenir le meilleur meneur adverse sur certaines séquences. Tony Parker a Danny Green et Kawhi Leonard à sa disposition. Kyrie Irving fait des efforts mais les Cavaliers ont tout de même recruté Iman Shumpert pour lui donner un coup de main. Damian Lillard compte sur le soutien de Wesley Matthews et Nicolas Batum. Chris Paul – et aussi John Wall – se débrouille seul. Il n’a pas le luxe de pouvoir se reposer en défense en laissant un stoppeur se charger du meneur adverse pendant que lui se contente de surveiller de près un shooteur à l’opposé. Il se donne sans relâche des deux côtés du terrain à chaque instant.

Un public lassé par la star et les Clippers ?

[caption id="attachment_147993" align="alignleft" width="300"] Chris Paul peut-il vraiment mener les Clippers au titre NBA ?[/caption] Alors pourquoi ce manque de reconnaissance ? A la mi-mars, Chris Paul n’était pas cité dans le top 5 de la majorité des MVP rankings alors qu’il est toujours le joueur à suivre à son poste.
« Ça n’a pas d’importance », coupe-t-il. « J’ai juste besoin de gagner un titre. Je vous laisse tout le reste. Je m’en fiche. Je laisse les titres de meilleur passeur et meilleur intercepteur, j’ai juste besoin de gagner un titre de champion NBA. »
Le problème vient peut-être de là, justement. Il n’a jamais gagné et il n’a même jamais passé le second tour, ce qui lui vaut une réputation de loser auprès de certains fans. Ces mêmes amateurs de NBA oublient tout de même qu’il a porté une équipe moyennasse de New Orleans en playoffs à plusieurs reprises – et en gagnant beaucoup de matches – au sein d’une Conférence Ouest déjà incroyablement dense. Ils oublient aussi que les blessures – les siennes ou celles de ses principaux coéquipiers – ont handicapé les espoirs des Hornets. En rejoignant les Clippers (et encore une fois, n’oublions pas qu’il aurait pu jouer avec Kobe Bryant et Pau Gasol aux Lakers…), on s’attendait effectivement à ce qu’il passe enfin le cap du second tour. Les joueurs de Doc Rivers ne sont pas passés loin d’éliminer Oklahoma City l’an passé mais la défaillance de Paul dans le game 5 aura finalement coûté la qualification en finale de Conférence… [superquote pos="d"]"Je vous laisse toutes les distinctions individuelles, je veux juste un titre NBA." Chris Paul[/superquote]La franchise de Los Angeles à ses fans mais elle est boudée par une partie du public qui supporte mal Blake Griffin, DeAndre Jordan, Chris Paul, la réputation de showmen des Clippers ou alors leur fâcheuse manie de se jeter à chaque contact et de râler auprès des arbitres après chaque coup de sifflet. Les Angelenos étaient attendus très haut cette saison et ils occupent finalement la septième place de la Conférence Ouest avec 42 victoires et 25 défaites. On est bien loin du parcours des Houston Rockets de James Harden ou des Golden State Warriors de Stephen Curry. Il est tout de même évident que les Clips sont meilleurs avec que sans leur maître à jouer. Paul est la pierre fondatrice du projet de la franchise (bon, ok, en fait c’est Blake Griffin). Il a tenu la baraque avec DeAndre Jordan en l’absence de « Quake » guidant les Clippers vers 9 victoires en 15 matches malgré des affrontements face à plusieurs ténors de la ligue comme Golden State, Portland, Oklahoma City (deux fois), Dallas (deux fois), Chicago, Houston ou San Antonio. C’est dans ces moments que l’on réalise à quel point il est important pour son équipe. C'est aussi dans ces moments que l’on se rend compte que l’effectif des Clippers est relativement limité par rapport à celui d’autres armadas de la Conférence Ouest. Doc Rivers le coach dispose de l’un des meilleurs cinq de la ligue mais son banc est limité et les dirigeants (Doc Rivers le GM) n’ont pas su trouver les bons ajustements – du moins pas ceux qui feraient basculer l’équipe vers un nouveau cap.

Quelle empreinte dans l'histoire de la NBA ?

[caption id="attachment_126632" align="alignleft" width="300"] L'un de ses deux personnages a gagné 4 titres de champion NBA.[/caption] Mais Chris Paul n’a plus vraiment d’excuse. On a parfois le sentiment que le public s’est lassé, fatigué par ses plaintes, son vice, ses coups de gueule et ses flops. Russell Westbrook flop aussi. Kyrie Irving, Damian Lillard, John Wall, Stephen Curry et compagnie n’ont jamais mené une équipe au titre. Mais contrairement à la star de Los Angeles, on leur accorde encore le bénéfice du doute. Ils ont encore du temps. Paul aussi mais il domine cette ligue à son poste depuis un bon moment. Au point où les fans ont fini par oublier ou se lasser. Plusieurs joueurs ont été un temps présentés comme les principaux concurrents de Chris au titre honorifique de meilleur meneur NBA. De Rajon Rondo à Deron Williams, ils se sont tous éteints (Tony Parker est un cas particulier). Pas CP3. Westbrook, Curry et consorts donnent un souffle nouveau à la ligue. Une impulsion dont avait besoin une partie du public qui a arrêté de croire en Paul ou de l’apprécier à sa juste valeur.
[superquote pos="d"]"Je pourrais dire que j'ai joué avec l'un des meilleurs meneurs de tous les temps." J.J. Redick[/superquote]« Dans 30 ans, je pourrais dire que j'ai joué avec l'un des meilleurs meneurs de tous les temps", assure son coéquipier J.J. Redick. »
Non, tout le monde ne déteste pas Chris, c’est plutôt que tout le monde l’oublie plus ou moins involontairement. Dans son article, Jean-Sébastien Blondel concluait par ses mots : « Son talent en fait le digne héritier des Thomas, Kevin Johnson ou Tim Hardaway. De ces trois lutins mythiques, un (Isiah) a été champion NBA, un autre (KJ) a été en finale et le troisième a enchaîné les éliminations décevantes en playoffs. Trois génies, trois destins, trois possibilités. Chris Paul est confronté à la question qui ronge tous les athlètes : Quelle empreinte laissera-t-il sur son sport ? Celle d’un garçon talentueux qui n’a jamais été au bout ? Ou au contraire celle d’un leader implacable qui a su se blinder pour atteindre le titre suprême ? Sa page dans les bouquins d’histoire est quasi-vierge ; à CP3 d’en écrire les gros titres. Mais pour aller au bout, une chose est sûre : somebody’s gotta hate Chris. » Ces mots datent de 2008. Ils sont toujours d’actualité aujourd’hui. Chris Paul n’a jamais eu autant de détracteurs mais il ne compte toujours pas de titre NBA à son palmarès. En attendant, il demeure toujours le meilleur meneur de la ligue… à n’avoir jamais rien gagné.