Rudy Gobert en mode muraille : l’année du 4e titre de DPoY ?

Rudy Gobert fait un début de saison de très haut niveau sur le plan défensif avec les Wolves et fait déjà figure de candidat sérieux à un 4e titre de meilleur défenseur de l'année.

Rudy Gobert en mode muraille : l’année du 4e titre de DPoY ?

Rudy Gobert est de retour. Les Wolves n'ont joué que 7 matches, l'annonce vous semblera donc peut-être un peu prématurée. C'est pourtant le cas et Minnesota en profite allègrement. Il faut dire pourtant que  Gobert, en tout cas sa version "triple meilleur défenseur de l'année", n'était pas bien loin, en fin de compte. Au milieu des expérimentations de Chris Finch, des blessures de joueurs majeurs et des frustrations individuelles, le pivot de l'équipe de France restait un joueur avec une vraie plus-value, simplement handicapé par le prix dépensé par Minnesota pour le recruter et un sentiment d'injustice face aux critiques.

Rudy n'est pas, et ne sera jamais, une option n°1 traditionnelle. En revanche, ce qu'il montre sur ce début de saison le replace dans la catégorie très particulière des joueurs absolument cruciaux et dont la simple présence sur le parquet change la dynamique d'une équipe. En somme, ce qu'il était pour le Jazz, avec lequel il a tout de même participé à trois demi-finales de Conférence et six campagnes de playoffs consécutives.

On le sait, beaucoup refuseront de le considérer comme un joueur de calibre All-Star en invoquant un manque de moves offensifs et de leadership. Finalement, ces sélections pour le gala de mi-saison sont-elles encore si importantes que ça pour Rudy Gobert aujourd'hui ? Elles l'ont été, bien sûr. Mais elles ne doivent plus déterminer le joueur qu'il peut encore être et l'impact qu'il peut avoir sur une équipe ambitieuse. Ce n'est pas à 31 ans et dans une équipe où figurent des attaquants aussi doués qu'Anthony Edwards et Karl-Anthony Towns, que Gobert va se mettre à être une menace offensive majeure en NBA. Le fait qu'il ne tourne qu'à 12 points de moyenne, son plus faible total par match depuis 6 ans, n'a aucune importance. Minnesota n'en a pas besoin. Evidemment, s'il peut éviter de sortir des 2/11 sur la ligne comme contre Boston lundi, personne ne lui en voudra. Mais l'important est ailleurs.

On le voit bien depuis la reprise de la saison, son apport défensif et ce qu'il provoque pour le reste de l'équipe sont déterminants et extrêmement visibles.

A l'heure de ces lignes, Minnesota a la meilleure défense de toute la NBA et Rudy Gobert affiche le meilleur defensive rating de la ligue. Sur un classement bien trop hâtif du Defensive Player of the Year, on n'aurait absolument aucune gêne à placer un bulletin Gobert dans l'urne. Et s'il vous semble que ce serait par pur chauvinisme, dites vous que Kevin O'Connor de The Ringer, qui a comme seul lien avec la France un amour un peu déraisonnable pour Killian Hayes,  et un patron (Bill Simmons) qui ne manque jamais une occasion de critiquer Gobert, a déclaré cette semaine :

"Il n'y a pas photo. Rudy Gobert est sans conteste le meilleur défenseur en NBA depuis le début de la saison. Point. C'est de la domination pure". 

"J'essaye d'être un peu plus imprévisible cette saison"

Face aux Celtics, qui avaient jusque-là roulé sur tous leurs adversaires, c'est même un récital qu'a livré Rudy dans cet art dont il est devenu maître en NBA. Au-delà de ce qui est quantifiable, son activité, les erreurs qu'il a provoquées, sa capacité à dissuader l'adversaire de s'aventurer dans sa zone, sa volonté de gêner et surprendre au large pour de la défense autour du périmètre, ainsi que son sens de l'anticipation ont permis aux Wolves de réussir ce petit exploit : faire chuter une équipe qui n'avait pas encore perdu. Kristaps Porzingis, excellent depuis le début de la saison, a certes mis 20 points, mais à 5/14 et en inscrivant la majorité de ses points sur la ligne, la faute en partie à la qualité de la défense que lui a opposé Gobert.

Interrogé sur son regain de forme en ce début de saison, Rudy Gobert a expliqué de quelle manière il procédait pour être dominant dans ce secteur.

"J'essaye d'être un peu plus imprévisible cette saison, en ce qui concerne ma défense. Les big men ne s'attendent pas toujours à ce que je vienne les chercher et leur mettre la pression plus loin du panier. Ils se disent qu'ils peuvent m'attaquer, mais ça me va. Je sais que j'ai de bonnes chances de les contrer. J'essaye en tout cas de me forcer à les sortir de plus en plus de leur confort. J'ai confiance en mes coéquipiers et en ma capacité à parcourir la distance qui nous sépare du cercle si je sors au large. Je pense affecter plusieurs joueurs en même sur chaque possession". 

Rudy Gobert ne joue pas seul contre cinq adversaires, bien évidemment. S'il est le principal responsable de cette imperméabilité précoce des Wolves, il ne faut pas nier l'apport de Jalen McDaniels, excellent à chaque fois qu'il a pu être sur le terrain cette saison et capable de faire shooter ses adversaires directs 16.6% moins bien qu'en temps normal. Ni celui d'Anthony Edwards, qui prend petit à petit la mesure de son statut de franchise player et de two-way player. Le reste du groupe, avec parfois moins de régularité, est au diapason, ce qui donne une entame très, très intéressante de ce point de vue-là.

Puisque cette semaine on est dans la période des conclusions hâtives, faisons-en une petite qui ressemble plus à un pronostic : Rudy Gobert va décrocher un 4e trophée de DPoY et rejoindre Dikembe Mutombo et Dwight Howard en tête du classement de la spécialité.

CQFR : Edwards fait chuter Boston, Embiid surpuissant