Westbrook et Harden, duo voué à l’échec ?

Westbrook et Harden, duo voué à l’échec ?

Russell Westbrook a rejoint son ami James Harden dans le Texas via un transfert. Mais les Houston Rockets en ressortent-ils vraiment plus forts ?

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Après Paul George puis Jerami Grant, c’est donc Russell Westbrook qui a été transféré par l’Oklahoma City Thunder. Une refonte majeure de l’effectif de la franchise en seulement cinq jours. Russ, figure emblématique de l’organisation depuis le départ de Kevin Durant en 2016, a donc obtenu un bon de sortie après onze années de loyaux services. L’équipe va prendre une nouvelle direction, un nouveau départ, et elle a préféré assurer à sa superstar un avenir plus compétitif ailleurs. Le joueur avait comme destination préférentielle – et réalisable – le Miami Heat et les Houston Rockets. C’est donc dans le Texas qu’il a été expédié en l’échange de Chris Paul (qui sera redirigé vers une autre formation a priori) et de deux tours de draft. Aussi une page qui se tourne pour les Rockets. Le couple formé par James Harden et CP3 aura donc tenu deux ans, leur relation s’étant dégradée fortement un an après le mariage. La première année fut heureuse, la seconde beaucoup moins. Ils ne se sont jamais remis de leur défaite in-extremis en finales de Conférence en 2018, quand les Golden State Warriors les ont sortis en sept manches suite justement à la blessure de Paul, absent des deux dernières rencontres. Harden ne pouvait plus supporter son aîné. Et il est évident que les dirigeants ont vite tranché entre le MVP 2018 et un futur Hall Of Famer vieillissant, dont le niveau de jeu a baissé d’un cran et qui reste sous contrat jusqu’en 2022 avec 44 millions garantis lors de sa dernière année à… 37 balais. Sur l’aspect financier et du point de vue de l’âge, les Texans ont sans doute fait une bonne affaire. Ils ont désormais une deuxième superstar issue de la même génération qu’Harden – Westbrook est plus vieux de neuf mois. Mais, paradoxalement, Houston n’est pas nécessairement plus costaud que lors des deux saisons précédentes sur le papier. Intrinsèquement, RW est peut-être plus fort que Paul à l’heure actuelle. Il sort tout de même de trois saisons consécutives avec un triple-double de moyenne, évidemment du jamais vu en NBA. Neuf exercices de suite à plus de 20 points par match. Il est plus productif que le joueur qu’il vient remplacer à Houston – sans être forcément plus efficace. Parce que même s’il est plus jeune, est-il forcément dans son « prime » ? La saison écoulée n’a pas été rassurante pour le meneur. Il était très bon dans son rôle de lieutenant de luxe de Paul George lors des premiers mois de la régulière. En revanche, il est retombé dans ses travers en playoffs et il a été complètement dominé par Damian Lillard. Plus inquiétant encore, son tir semble l’abandonner de plus en plus. 42% aux tirs, l’un des plus faibles de sa carrière. 29% à trois-points. Et même seulement 65% aux lancers-francs. Ça ne présage rien de bon. Surtout maintenant qu’il prend de l’âge. Il ne pourra pas constamment se reposer sur ses qualités athlétiques. Et que lui restera-t-il s’il n’arrive plus faire la différence en percussion ? Le déclin de Westbrook – dans les années à venir – fait peur. Il faudra peut-être qu’il se réinvente pour se maintenir parmi les meilleurs. Ce qui nécessiterait aussi une remise en question de sa part. Sa maladresse pose aussi problème dans le cadre de cette association avec Harden. Contrairement à Paul, il n’est pas vraiment capable de jouer sans le ballon. Il coupe rarement. Il reste statique à attendre la balle, avec des défenseurs qui n’hésitent pas à s’éloigner de lui sans craindre qu’il punisse derrière l’arc. Alors ça peut évidemment évoluer. Il peut apprendre à jouer intelligemment même sans avoir la gonfle. Mais le « fit » est loin d’être parfait sur le papier. Il ne faut pas oublier non plus que James Harden et Russell Westbrook sont amis. Ça peut faciliter leur entente. Ils vont se parler, la communication sera sans doute plus saine. Mike D’Antoni devrait aussi partager leur temps de jeu pour que chacun puisse avoir ses moments au contrôle de l’attaque. Le coach est d’ailleurs sans doute l’un des grands perdants de cet échange. Daryl Morey, son GM qui voulait le mettre dehors, lui a collé dans les pattes un joueur qui ne colle pas à sa philosophie. C’est à se demander combien de temps le moustachu restera encore sur le banc de touche. Mais tout n’est pas à jeter dans ce duo. Il a tout de même du potentiel. Notamment… quand Westbrook aura la balle en main. Ça reste une fusée mise sur orbite capable de dynamiser toute une attaque. Il n’a jamais été entouré par autant de bons shooteurs ! D’ordinaire, il avait finalement peu d’espace pour manœuvrer, la faute aux lanceurs de pavés du Thunder. Là, si la défense se resserre sur lui, il y a des spécialistes du tir pour mettre dedans. Et il a déjà prouvé qu’il était tout à fait à même de bien ressortir les ballons en « drive-and-kick ». Les dix passes par match sont à sa portée, même avec un playmaker comme Harden à ses côtés. Le barbu sera peut-être le premier à en profiter. Il marquait quasiment tous ses points tout seul l’an dernier ce qui est absolument dingue vu qu’il avait passé la barre des 36 pions par match. Là il aura sans doute des angles plus ouverts quand il évolue en marge du ballon. Par contre, ce sera sans doute aussi l’inverse dès qu’il sera au contrôle. C’est problématique parce qu’Harden est le meilleur joueur de cette équipe. C’est lui qui doit mener. C’est lui qui doit assumer le rôle de première option. Les Rockets vont changer petit à petit de méthodes. Mais on doute qu’ils soient en mesure d’aller chercher un titre, même avec Russell Westbrook.
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