Shai Gilgeous-Alexander, l’heure de vérité

Si OKC est une équipe émergente, son franchise player, Shai Gilgeous-Alexander semble avoir le niveau pour que l'ambition du Thunder soit immédiate.

Shai Gilgeous-Alexander, l’heure de vérité

Lorsque l'on joue dans un petit marché et au sein d'une équipe qui n'a pas passé un tour de playoffs depuis 2016, être un candidat au titre de MVP ne tombe pas sous le sens. Shai Gilgeous-Alexander sort d'une saison phénoménale sur le plan individuel, avec une 5e place au classement du MVP. Dans une ligue avec des extraterrestres statistiques comme Nikola Jokic, Giannis Antetokounmpo ou Joel Embiid, c'est presque déjà une victoire. Avec une efficacité diabolique (51%), 31 points par match et une capacité à rentrer des paniers importants, "SGA" a bluffé tout le monde et probablement donné quelques regrets aux fans des Clippers, qui se demandent s'ils n'auraient finalement pas préféré voir une star éclore chez eux, plutôt que d'envoyer le trésor de guerre de la franchise pour faire venir Paul George et Kawhi Leonard.

Le moment est venu, désormais, de faire grandir aussi le Thunder, en le ramenant à un statut de contender quitté après la fin de l'aventure articulée autour de Kevin Durant et Russell Westbrook. Pour être ambitieux, la formule est généralement assez simple. Il faut un coach de qualité (Mark Daigneault n'est pas encore connu du grand public mais il propose un cocktail de compétences tactiques très avancées et un bon relationnel avec ses joueurs), un roster équilibré et talentueux (c'est le cas, avec le potentiel déjà entrevu du côté des Josh Giddey, Jalen Williams, Lu Dort et, plus récemment, Chet Holmgren), mais aussi et surtout... un vrai franchise player. Sur cette fameuse saison 2023-2024, Shai Gilgeous-Alexander a prouvé qu'il était du métal dont on fait les go-to-guys et les superstars.

Sur le terrain, le garçon est létal, clutch et productif, avec en plus une vraie capacité à défendre si la situation l'exige. En dehors, bien qu'il soit du genre placide et posé dans les interviews, tout le monde a pu découvrir le versant flashy de sa personnalité qui se retranscrit dans son style vestimentaire. "SGA" a de quoi être une source d'inspiration et un moteur on et off the court.

Son jeu parle de lui-même. Rien ne lui a été donné, il est allé chercher tout ce qu'il accomplit aujourd'hui. S'il continue comme ça, je pense qu'il peut devenir l'un des meilleurs joueurs du monde. Sans aucun doute.

Si son éclosion progressive et linéaire a pu surprendre, ce n'est pas le cas de ceux qui l'ont côtoyé dans ses premières années d'exposition. Hamidou Diallo, avec lequel on avait pu discuter lors du NBA Paris Game 2023, fait partie de ceux-là, lui qui a côtoyé le Canadien du côté de Kentucky.

"J'ai toujours su que Shai serait un super joueur, parce que c'était un bosseur. Il est comme ça. En NBA, quand tu es capable de travailler, tu peux atteindre n'importe quel objectif. Une fois qu'il a eu l'opportunité de le montrer, il n'a plus jamais regardé en arrière. Son jeu parle de lui-même. Rien ne lui a été donné, il est allé chercher tout ce qu'il accomplit aujourd'hui. S'il continue comme ça, je pense qu'il peut devenir l'un des meilleurs joueurs du monde. Sans aucun doute".

Et ça, c'était avant qu'il ne soit littéralement l'un des meilleurs joueurs du "monde" lors de sa première compétition FIBA officielle avec le Canada. Si la sélection coachée par Jordi Fernandez a pu aller aussi loin et décrocher une médaille de bronze après, notamment, avoir explosé la France au 1er tour, c'est en partie grâce à la présence du métronome qu'a été Shai Gilgeous-Alexander. Bien que le contexte de jeu soit différent, il a affiché les mêmes dispositions et la même application qu'en NBA. A OKC, tout le monde est conscient que c'est désormais ce visage-là qu'affichera le joueur de 25 ans.

Chris Paul est retombé amoureux du basket grâce à Shai et OKC

Chris Paul, qui n'a évolué qu'une seule saison au Thunder, a eu des mots très forts pour son ancien apprenti dans l'émission Sloane Knows.

"Le joueur dont le développement m'a le plus impressionné dans ma carrière ? Je suis partial parce qu'il est comme mon frère, mais je dirais Shai. Ce qui est fou, c'est que lorsqu'il s'est fait trader, j'étais à Vegas et je suis allé le saluer à la Summer League. Je lui ai dit que le Thunder serait une superbe situation pour lui et que j'étais heureux pour lui. Cinq ou six jours plus tard, j'étais tradé là-bas aussi. 

Cette année à OKC a probablement été l'une des plus importantes de ma carrière. J'ai eu l'opportunité de me réinventer avec Shai Gilgeous-Alexander, Darius Bazley, Dennis Schröder, Steven Adams...  Ces gars-là m'ont aidé, quelque part, à retomber amoureux du basket. 

Quand je pense à Shai quand il était mon coéquipier et que je le vois jouer à un tout autre niveau aujourd'hui, je suis tellement heureux pour lui !"

Pas besoin de se limiter à ses coéquipiers ou ex-coéquipiers. Danny Green était de passage dans le podcast Run your Race et a été dithyrambique au sujet de Shai Gilgeous-Alexander. Lorsque son interlocuteur lui a demandé de mettre en parallèle Shai avec un autre joueur majeur de la ligue, Luka Doncic, Green a donné une réponse qui en surprendra plus d'un.

"C'est un joueur de calibre MVP et il a de vraies chances de l'avoir un jour. Luka, aujourd'hui, est plus proche d'un LeBron sur le côté all-around et qui rend une équipe meilleure. Mais Shai a un plus grand arsenal offensif. Luka est doué aussi, mais je dis que Shai est peut-être plus dur à défendre. Il rend les choses plus élégantes, a plus de variété.

Il y a un peu de Kyrie dans son jeu en ce qui concerne la finition et le maniement du ballon. Shai utilise ses épaules de manière incroyablement efficace. Face à lui, les gars s'envolent. Et lorsque tu essayes de te remettre face à lui, il te fait partir dans une feinte ou propose un autre mouvement. C'est très dur à défendre. Tu lui mets un gars plus grand en face, il ira plus vite que lui. Tu lui mets un gars plus petit, il sera plus costaud". 

Pour reprendre la formule de Danny Green, Shai Gilgeous-Alexander a les épaules. Pour résister au choc et annihiler la pression que ne manqueront pas de lui mettre les défenseurs adverses à nouveau cette saison. Mais aussi pour porter une franchise qui sera, à n'en pas douter, l'une des plus excitantes à voir évoluer en NBA cette saison. Reste à savoir à quelle hauteur "SGA" pour l'emmener. Les playoffs ? Le 2e tour ? Au-dessus si les usual suspects ne sont pas dans le coup ?