Et s’il restait une dernière chance à Spoelstra de sauver le Heat ?

Erik Spoelstra et le Miami Heat ont peut-être un dernier joker pour essayer d’enrayer la dynamique des Nuggets : une défense en Triangle-and-2.

Et s’il restait une dernière chance à Spoelstra de sauver le Heat ?

On le sait, Erik Spoelstra a plus d’un tour dans son sac. Mais après avoir complètement fait déjouer les Celtics au tour précédent, le coach du Miami Heat est en train de buter sur un animal différent. Une sorte de monstre à deux têtes, Nikola Jokic-Jamal Murray, avec des tentacules qui s’avèrent létales (Aaron Gordon, Bruce Brown, Christian Braun, KCP, Porter Jr) si on essaye de viser cette double tête.

Même l’arme secrète du sorcier floridien, la zone 2-2-1, a montré ses limites face aux Nuggets. Après deux matches à l'apprivoiser, Michael Malone a finalement trouvé la faille en plaçant Jokic dans le short corner plutôt qu’en tête de raquette pour faire sortir Bam Adebayo de la peinture et complètement désorganiser les rotations défensives des ailiers. Alors que la zone 2-2-1 s’avère inefficace, et que le jeu à 2 entre Jokic et Murray sur les écrans déjoue n’importe quelle couverture défensive, il ne reste peut-être plus qu’une alternative pour Erik Spoelstra : la fameuse Triangle -and-2.

La Triangle-and-2, qu’est-ce que c’est ?

La Triangle-and-2 est une défense combinée. C’est-à-dire qu’elle combine une défense de zone avec une défense individuelle. Si la Box-and-1 est plus populaire et plus utilisée, la Triangle-and-2 peut être une arme fatale face à une équipe dotée de deux éléments offensifs au-dessus du lot. C’est justement le cas de figure que rencontre le Heat face aux Nuggets. 

Dans une Triangle-and-2, vous avez donc deux joueurs qui défendent en individuel sur les deux meilleurs éléments adverses tandis que trois joueurs défendent en zone en formant un triangle qui peut être à pointe haute ou à pointe basse selon la position des trois autres adversaires sur le terrain. 

Le but de cette organisation défensive est de couper du jeu les deux meilleurs atouts adverses, en invitant donc les trois joueurs restants à prendre les clés d’un camion qu’ils n’ont pas l’habitude de conduire. La Triangle-and-2 peut être vraiment fatale face à une équipe qui manque de shooteurs en dehors des deux joueurs marqués à la culotte.

Une stratégie souvent payante

Dans un passé récent, on peut sortir trois exemples marquants de Triangle-and-2. On peut tout d’abord cité la demi-finale olympique entre l’Australie et les États-Unis en 2021. Après avoir encaissé 41 points lors des 15 premières minutes et compté 13 points de retard face aux Boomers, Gregg Popovich a alors utilisé une Triangle-and-2 en sortie de temps mort pour contenir les assauts de Patty Mills et Dante Exum dans un premier temps, puis de Mills et Joe Ingles avec Devin Booker et Jrue Holiday en chiens de garde.

Résultat : un cinglant 14-4 en cinq minutes qui a complètement retourné le sort de la rencontre. En détails, les Américains ont défendu 8 possessions en Triangle-and-2 en provoquant 4 pertes de balle et en limitant les Australiens à 1 sur 4 aux tirs. Coupés dans leur élan, les coéquipiers de Mills perdent finalement la rencontre 78-97.

Le deuxième exemple n’est pas forcément un bon souvenir pour nous Français car il s’agit de la finale du dernier Eurobasket entre l’Espagne et la France. Après un run (9-2) des Bleus lors des trois premières minutes du 3e quart-temps qui leur ont permis de recoller à 3 points des Espagnols, Sergio Scariolo, qui avait déjà utilisé une Box-and-1 plus tôt dans le match, organise sa défense en Triangle-and-2 avec Jaime Fernandez et Xabi Lopez-Arostegui collés aux shorts d'Evan Fournier et de Thomas Heurtel. Quatre minutes plus tard, l’Espagne mène de 11 points après avoir provoqué 3 pertes de balle en 6 possessions défendues et cassé complètement le momentum français.

Le dernier exemple remonte au 9 mai 2023. Ce jour-là, Nanterre reçoit Boulogne-Levallois pour le retour de Victor Wembanyama dans son club formateur. Après avoir pris l’eau dans les 15 premières minutes avec 39 points encaissés et 11 points de retard, les hommes de Pascal Donnadieu passent en Triangle-and-2, avec Wembanyama et DeVante Jones marqués de près par Dussoulier et Bibbins.

Effet immédiat, Nanterre caracole en tête à la pause après avoir passé un 19-7 à la troupe de Vincent Collet. Mais finalement Nanterre s’incline 72-82 coupable sans doute d’avoir poussé la Triangle-and-2 un peu trop longtemps. Car si elle peut faire des miracles, cette défense combinée présente évidemment des faiblesses.

Le Heat peut-il tenir 3 matches de plus avec une Triangle-and-2 ?

La Triangle-and-2 est généralement une défense efficace lorsqu’elle est utilisée de manière sporadique. Son objectif est de surprendre donc logiquement, plus elle est utilisée plus l’adversaire a le temps de s’ajuster et de s’adapter. On l’a vu avec la zone 2-2-1 de Miami qui après avoir très bien fonctionné contre les Celtics puis face aux Nuggets lors des 2 premiers matchs, elle a fini par complètement essouffler lors du Game 3. 

Très rarement utilisée, cette défense combinée peut causer du tort à l’équipe qui l’adopte en raison d'une coordination défaillante entre les 3 joueurs qui défendent en zone. Quand sortir ? Jusqu’où ? Trapper ? Ne pas trapper ? Switcher sur les écrans entre les 2 joueurs pris en individuel ? Autant de questions qui peuvent traverser l’esprit des joueurs et dont les réponses dépendent de ce que souhaite le coach.

Adeptes des picks inversés, Jokic et Murray pourraient faire très mal en cas de switch entre les deux défenseurs qui les prennent en individuel

Il n’y a pas de règles arrêtées dans une Triangle-and-2. Un entraîneur peut très bien décider d’envoyer un troisième joueur au niveau d’un écran entre les deux joueurs pris en individuel, comme demander à ses joueurs en zone de contrôler la peinture. Les problèmes de coordination et de communication que provoquent cette défense sont ses plus grosses failles comme le rebond défensif, un domaine où n’excelle pas forcément le Heat...

En réalité, Erik Spoelstra est peut-être face à un problème que même la Triangle-and-2 ne saurait résoudre. Car s’il l’utilise, il devra le faire avec parcimonie. À des moments clés (en fin ou début de quart-temps ? après un gros run de Denver ?), mais certainement pas pendant l’intégralité d’une rencontre. La solution pourrait peut-être de varier cette Triangle-and-2 avec sa zone 2-2-1 et avec une autre zone match up. Ce qui lui permettrait de laisser Duncan Robinson, déterminant en attaque mais en difficulté en défense, plus longtemps sur le terrain. Mais peut-être qu’il faudra se rendre à l’évidence: ces Nuggets sont peut-être juste beaucoup trop forts ?

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