Wembanyama contre Holmgren : le duel des rookies éclipse tout le reste

DE NOTRE CORRESPONDANT À SAN ANTONIO — Le choc Victor Wembanyama contre Chet Holmgren a relégué l’écrasante victoire du Thunder sur les Spurs (140-114) au second plan ce mercredi.

Wembanyama contre Holmgren : le duel des rookies éclipse tout le reste

Huées du public à l’énoncé du nom de Chet Holmgren, acclamations pour Victor Wembanyama. Pour les spectateurs présents au Frost Bank Center de San Antonio ce mercredi, l’attraction de la soirée était bien celle-ci : le duel entre les deux favoris au titre de Rookie of the Year, portée par la rivalité bourgeonnante entre les deux visages d’une nouvelle génération de basketteurs.

Mark Daigneault, le coach d’Oklahoma City, répudie l’idée de voir la rencontre se réduire à deux individus. « C’est un sport d’équipe. Ce n’est pas du tennis », a-t-il affirmé en conférence de presse d’avant-match. « Il y a d’autres joueurs sur le terrain, d’autres joueurs dans l’équipe. Je comprends qu’il y a une intrigue pour susciter l’intérêt. Nous reconnaissons son rôle, mais en même temps, nous nous concentrons sur les éléments qui sont pertinents et substantiels. Nous nous concentrons sur le match qui se déroule devant nous. »

Sur le volet collectif, l’affiche était bien moins attirante. Les deux équipes évoluent dans deux sphères bien distinctes cette saison. Le Thunder (30-13, 2e Ouest) avait beau être en back-to-back, il regardait tout de même les Spurs (8-35, derniers de l’Ouest) depuis un piédestal. Daigneault, courtois, dépeignait les hôtes comme un adversaire redoutable avant l’entre-deux. Mais une fois le ballon dans les airs, la logique a pris le dessus sur la politesse : une éclatante victoire de Shai Gilgeous-Alexander (32 ponts à 9/15 aux tirs, 10 passes) et des siens (140-114), le résultat attendu.

La domination des visiteurs était telle que la salle s’était presque vidée cinq minutes avant le buzzer final. San Antonio était menée de 30 points et la soirée du premier choix de la draft semblait terminée. Alors, il fallait bien un fil à suivre, une prise à laquelle se raccrocher. En l’occurrence, le duel entre Victor Wembanyama et Chet Holmgren qui, en réalité, a bel et bien eu lieu.

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Avantage pour Victor Wembanyama

Sans chercher le duel direct, les deux rookies ont pu se mesurer à de nombreuses reprises. Avec Holmgren comme principal défenseur du Français pendant la majeure partie de la rencontre, le décor était planté.

Wembanyama a ouvert son compteur de points par un drive défendu par son rival, pour conclure en finesse au panier. Il y a rapidement ajouté deux unités de plus, toujours face au même adversaire, mais cette fois depuis la ligne des lancers francs. En réponse, Holmgren a vite décoché un tir extérieur, qui a trouvé sa cible malgré la silhouette impressionnante qui fondait sur lui. Ces échanges se sont multipliés, gagnant en intensité au fil du match.

Dans ce genre de face-à-face, aucun vainqueur n’émerge jamais clairement. Ce n’est, en effet, pas un match de tennis. Mais, des deux, c’est tout de même sans doute Victor Wembanyama (24 points, 12 rebonds, 4 passes et 4 contres en 28 minutes) qui a mis le plus de balles de l’autre côté du filet. « Je pense que Victor a gagné le défi », a estimé Blake Wesley, son coéquipier. « Ils se sont affrontés presque toute la nuit et il a très bien joué. »

Sur ses quatre contres, il en a infligé un à son homologue américain. 30 secondes plus tard, il est parvenu à marquer au-dessus de lui, sous le panier, en jouant sur son avantage de taille — ce que peu de joueurs peuvent se permettre face à l’intérieur longiligne de 2,16 m. Enfin, dans le même quart-temps, il l’a débordé et s’est envolé pour un dunk pour boucler un spectacle total.

Dans le quatrième quart-temps, « Wemby » a même pu jouer son isolation, dégainant à mi-distance alors que la tension grimpait. Certaines de ces actions étaient ponctuées d’un regard malicieux, voire d’une célébration dirigée vers son adversaire. Ces instants les ont ramenés en 2021, à la finale de la Coupe du monde U19 où leur rivalité est née. « Chaque fois que je joue contre un joueur qui était dans cette équipe-là, je m’en rappelle », a-t-il admis. « À chaque fois, j’ai ce match dans un coin de ma tête. »

Une fois la rencontre terminée, le natif du Chesnay a néanmoins tenu à tempérer : « Je n’étais pas face à lui pendant tout le match. Mon objectif premier est toujours de gagner, je ne pense pas vraiment à ce genre de choses dans des matches comme celui-ci. »

La victoire pour Chet Holmgren

Chet Holmgren (17 points, 9 rebonds, 4 passes et 3 contres en 30 minutes), loin d’être éclipsé dans ce duel, a marqué six de ses sept paniers primés sous le regard de Wembanyama. Il s’est illustré par ses tirs à trois points (2/4) ou ses percées vers le cercle. Il a su l’emmener dans ses feintes en attaque et le limiter en défense.

Au début du quatrième quart-temps, Holmgren s’est mis à suivre le Français comme son ombre, pour intercepter une passe à son intention, le laisser derrière en transition, et finalement conclure au cœur de la défense des Spurs à l'autre bout du terrain. Lui aussi, il a eu ses moments.

L’intérieur s’est beaucoup appuyé sur le jeu collectif. En dépit de son excitation palpable autour du duel, il n’a pas perdu de vue son but premier : une seconde victoire sur la route en deux jours. Et c’est précisément ce qu’il a décroché.

« Vic est évidemment un joueur excellent et très talentueux. Mais je ne pouvais pas laisser cette confrontation m’éloigner de notre objectif de ce soir, qui était de gagner un match de basket : Thunder contre Spurs », a-t-il assuré après la rencontre.

« Il faut être un peu plus vigilant et il a un peu plus de gravité que certains autres joueurs dans d’autres équipes », a-t-il précisé. « Je dois rester une ancre défensive comme d’habitude, tout en me concentrant sur ce matchup. Il s’agit de trouver le bon équilibre. Je n’ai pas été parfait ce soir ; je pense que je ne le serai jamais. Mais je crois que nous avons fait du bon travail ce soir. »

Malgré le vaste tableau entourant leur duel, détourner le regard aurait été difficile. Le choc de deux rookies si uniques et prometteurs, deux géants maniant la sphère avec une telle dextérité, ne peut être que captivant. Si elle existe essentiellement dans le champ médiatique, la rivalité entre Victor Wembanyama et Chet Holmgren n’en est pas moins intéressante. Ce nouvel épisode le prouve.

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