Analyse : Pourquoi les Cavaliers n’ont plus la même équipe sans Kevin Love

Souvent critiqué, Kevin Love est essentiel au succès des Cavaliers. Cleveland n'a clairement pas la même allure sans lui.

Analyse : Pourquoi les Cavaliers n’ont plus la même équipe sans Kevin Love
Les Cleveland Cavaliers ont officiellement validé leur ticket pour le second tour des playoffs en triomphant pour la quatrième fois consécutive des Boston Celtics hier soir. Les coéquipiers de LeBron James n’ont pas tergiversé pour leur entrée en matière mais ils n’avaient pourtant pas l’esprit à la fête après la rencontre. L’opposition particulièrement musclée entre les deux équipes a laissé des traces. Kevin Love, lui, y a laissé une épaule. [html][/html] La star des Cavaliers a accusé Kelly Olynyk de l’avoir blessée volontairement et d’autres joueurs de Cleveland partagent cet avis. L’essentiel est ailleurs. Love s’est déboîté l’épaule et il pourrait manquer deux à trois semaines de compétition et donc éventuellement une partie du second tour des playoffs (si ce n’est son intégralité). Un sacré coup dur pour une équipe candidate au titre NBA. L’ancien All-Star des Minnesota Timberwolves incarne souvent le rôle du bouc émissaire, un peu comme Chris Bosh avant lui, à Miami. Kevin Love est le membre le plus critiqué du trio de superstars formé avec LeBron James et Kyrie Irving. Ses statistiques ont chuté depuis son arrivée à Cleveland et les difficultés d’adaptation qu’il a rencontrées lui ont valu les railleries d’une partie du public. Sa présence est pourtant essentielle aux Cavaliers dans leur quête d’une bague de champion NBA.

Kevin Love, un joueur majeur des Cavaliers

[caption id="attachment_231279" align="alignleft" width="300"] Kevin Love tournait à 18 pts et 9 rbds en 3 matches avant sa blessure.[/caption] L’apport de Kevin Love à Cleveland est indéniable. Il y a d’abord sa valeur brute, à savoir les points, les rebonds ou encore les passes qu’ils cumulent chaque soir de match. Même s’il n’est plus la première option offensive de son équipe, l’intérieur rapporte plus d’une quinzaine de points et près d’une dizaine de rebonds. Il a même su hausser son niveau de jeu lors des premiers matches de playoffs de sa carrière. Il tournait à 18,3 pts et 9 rbds sur les trois premiers duels avec les Celtics avant de se blesser dès le début de la quatrième manche. Au-delà de ses points marqués, il convertissait 42,9% de ses tentatives derrière l’arc. Un must pour un intérieur. Son adresse extérieure est un point important de l’attaque des Cavaliers. Cleveland ne développe pas tout à fait le même basket avec ou sans Kevin Love. En effet, comme Chris Bosh à Miami, sa présence pèse sur la défense adverse même lorsqu’il ne touche pas le ballon. [caption id="attachment_262073" align="alignnone" width="640"] Brandon Bass reste scotché à Kevin Love sur cette pénétration de LeBron James afin d'éviter d'offrir à l'intérieur des Cavaliers un tir à trois-points seul dans le corner. Le King finira facilement au cercle.[/caption] [caption id="attachment_262079" align="alignnone" width="640"] Changement de stratégie pour Boston quelques actions plus tard : Tyler Zeller va faire prise-à-deux sur LeBron et Bass se retrouve contraint de défendre sur Mozgov. James transfère alors à Love, seul à trois-points. Bingo.[/caption] L’impact de Kevin Love sur le bulldozer offensif des Cavaliers, l’une des équipes les plus efficaces de la ligue en attaque cette saison, se retranscrit aussi dans les statistiques. Cleveland inscrivait 119 points sur 100 possessions avec son ailier-fort All-Star sur le parquet lors des trois premiers matches de playoffs. L’équipe de David Blatt affichait également un +/- de +27 et shootait à 40% derrière l’arc, toujours avec Love sur le parquet. En revanche, lorsqu’il se reposait sur le banc, les Cavs n’inscrivaient plus que 95 points sur 100 possessions et convertissaient 26% de leurs tentatives de loin pour un différentiel redescendu à +2. Alors, certes, il s’agit de données calculées sur trois matches seulement mais l’écart des chiffres selon le fait que Love joue ou non est significatif, d’autant plus que les Cavaliers étaient opposés aux Celtics, un adversaire à priori plus modeste que celui qui les attend au second tour des playoffs. Les statistiques avancées des Cavaliers pendant la saison régulière confirment les hypothèses émises par celles obtenues lors des trois premières rencontres de playoffs. L’équipe est TOUJOURS plus forte quand Kevin Love est sur le parquet.

Quelles solutions en son absence ?

[caption id="attachment_123639" align="alignleft" width="300"] Tristan Thompson est une machine à gober des rebonds offensifs mais le secteur intérieur des Bulls est autrement plus performant que celui des Celtics.[/caption] Son absence va donc se faire ressentir. D’autant plus que les solutions sont relativement limitées pour David Blatt et son staff. Le coach peut décider de remplacer Love poste pour poste par Tristan Thompson, sixième homme valeureux de l’effectif. La montée en grade du Canadien aurait pour première conséquence de dégarnir un banc peu productif au niveau du scoring. Le jeune homme n’a pas du tout le même profil que Kevin Love. C’est un intérieur plus « classique », capable de conclure près du cercle après le pick&roll. Son jeu dos au panier reste limité à quelques hook shots. Contrairement à l’habituel titulaire du poste, Thompson n’a pas la capacité à étirer le jeu pour offrir des opportunités à ses coéquipiers. Il ne tire jamais de loin et son adresse à mi-distance n’effraie pas les défenseurs adverses (31%). Le rebond offensif reste son arme de prédilection et il a fait souffrir la raquette des Celtics en offrant multitudes de secondes chances aux shooteurs de l’Ohio lors du premier tour. [superquote pos="d"]Les Cavaliers sont toujours meilleurs avec Love sur le parquet [/superquote]Les Cavaliers ont fait de Tristan Thompson leur pivot lorsque David Blatt décide d’aligner un cinq « small ball » plus mobile et plus adroit de loin. Ce groupe inscrivait 126,4 points pour seulement 108,8 encaissés (net rating : +17,8) en 18 petites minutes lors des quatre matches de playoffs disputés jusqu’à présent. Mais l’intérieur remplaçait Timofey Mozgov et non Kevin Love dans ces situations. Avec le pivot russe et l’ailier-fort canadien (et les trois autres membres habituels du cinq), Cleveland concédait la bagatelle de 114,5 points et n’en marquait plus que 105,7 en 75 minutes pendant la saison régulière (net rating : -8,8). Ce cinq n’a clairement pas fait ses preuves et cela pourrait pourtant être le groupe aligné – éventuellement sans J.R. Smith, sous la menace d’une suspension pour son coup sur Jae Crowder – par David Blatt lors du match d’ouverture du second tour. Le coach peut également adopter un cinq plus petit et plus rapide pour surprendre son adversaire. Thompson retrouverait alors sa place de pivot et LeBron James se décalerait au poste 4 afin de travailler ses adversaires dos au panier. Le King excelle dans cette configuration et il a régulièrement évolué dans cette position pendant ses deux dernières campagnes avec Miami. Son décalage libérerait une place à l’aile, sans doute pour un shooteur. Là encore, les statistiques ne présagent rien de bon pour Cleveland. Les Cavaliers ont joué pendant 11 minutes avec un cinq composé de Kyrie Irving, Iman Shumpert (amené à prendre la place de Smith en cas de suspension), James Jones, LeBron James et Tristan Thompson. Ce groupe a des ratings horribles en attaque et en défense : 82,4 pts marqués pour 143 encaissés soit un net rating de -60,6. Là encore, on pourrait pourtant retrouver ce cinq-là sur le parquet lors du début du second tour. C’est un autre candidat aux finales NBA qui se profile à l’horizon pour Cleveland. Les Chicago Bulls mènent 3-1 face aux Milwaukee Bucks et ils ont l’occasion d’en finir avec la franchise du Wisconsin ce soir. Les taureaux ont longtemps souffert des blessures et – ironie du sort – ils sont désormais au complet (Kirk Hinrich a connu quelques pépins physiques, tout de même) pour se préparer à un affrontement épique contre des Cavaliers diminués.

Les Chicago Bulls, possible adversaires (redoutables) du second tour

[caption id="attachment_234283" align="alignleft" width="300"] La raquette des Bulls pourrait faire souffrir celle des Cavaliers privés de Kevin Love.[/caption] Si la présence de Kevin Love est essentielle à Cleveland, elle l’est d’autant plus contre une équipe comme Chicago. Les Bulls ont une raquette impressionnante composée de Joakim Noah, Pau Gasol, Taj Gibson, Nikola Mirotic. Plusieurs joueurs, plusieurs profils, plusieurs points forts. Même s’il n’a pas été très bon contre la Windy City en saison régulière – 14 pts et 10 rbds de moyenne en trois matches – Love était précieux pour son équipe. Les Cavaliers marquaient presque 4 points de plus que les Bulls (sur 100 possessions) avec Love sur le parquet. Il obligeait Joakim Noah (ou Pau Gasol) à s’éloigner du cercle pour venir le chasser derrière la ligne à trois-points. Une manœuvre qui contraint les Bulls à aligner Gasol (ou Gibson, etc) comme seul protecteur du panier en cas de pénétrations de Kyrie Irving ou LeBron James. Si les Cavs décident d’aligner Tristan Thompson et Timofey Mozgov ensembles, les Bulls pourront se permettre de cadenasser la raquette avec leurs deux pivots (tous les deux culminants à plus de 2,13 m). Cleveland pourrait aussi connaître quelques soucis de spacing. Il est coutume d’affirmer que l’on ne se rend compte réellement de la valeur d’un individu qu’au moment où l’on le perd. Les Cavaliers sont conscients de l’importance de Kevin Love. Les Bulls aussi. Les fans sans doute un peu moins. Ce second tour sera peut-être l’occasion de jauger cette équipe de Cleveland dans l’adversité et sans l’un de ses meilleurs joueurs. Ça passe ou ça casse. C’est la règle en playoffs. Au moins, on ne pourra pas accuser Kevin Love de tous les maux cette fois-ci.