France – Espagne : Les enjeux d’un choc au sommet !

L'équipe de France retrouve son "meilleur ennemi", l'Espagne, ce soir, en demi-finale de l'Eurobasket 2015. Un choc attendu par deux peuples. Présentation.

France – Espagne : Les enjeux d’un choc au sommet !
Beat Spain... again. Battue par l'ogre espagnol lors du premier sacre européen de la Roja en Pologne en 2009, l'équipe de France de basket entretient depuis une relation mêlant passion, vice et respect avec son voisin ibère.
"Avec l'Espagne, c'est un peu comme une histoire d'amour avec des 'Je t'aime moi non plus'", explique Florent Piétrus à travers une métaphore lyrique.
Comme toute relation, la rivalité entre la France et l'Espagne de la balle orange a évolué avec le temps. Elle a connu des hauts, des bas, des moments clés.
"Tout a démarré en 2009 en Pologne", se remémore Nicolas Batum.
[superquote pos="d"]"Avec l'Espagne, c'est un peu comme une histoire d'amour." Florent Piétrus[/superquote]Repêchés in extremis pour l'Eurobasket après avoir disposé de la Belgique en barrages cette année-là, les troupes du fraîchement nommé sélectionneur Vincent Collet ont presque réussi un sans faute. Huit victoires en neuf matches. Une seule défaite, au plus mauvais moment. Balayée par l'Espagne en quarts de finale (86-66), la France a accroché la cinquième place. Deux ans plus tard, elle se parait de l'Argent européen en Lituanie. Une consécration pour la sélection qui n'avait plus goûté pareille métal lors d'une compétition continentale depuis 1949. De quoi apaiser un peu la douleur d'un nouveau revers contre des Espagnols rois d'Europe. L'été suivant, Pau Gasol et ses coéquipiers brisaient une fois de plus les rêves français en éliminant la bande de Tony Parker en quarts de finale des Jeux Olympiques de Londres (59-66).
"La défaite la plus dure", pour le meneur des San Antonio Spurs. "On avait le contrôle de la rencontre."
En tête pendant une majeure partie du match, les Bleus se sont écroulés dans les moments les plus importants ce jour-là. Une défaite cruelle qui a laissé des traces. Plutôt que baisser la tête, TP, Boris Diaw et compagnie sont revenus encore plus motivés un an plus tard en Slovénie. C'est en demi-finale qu'ils se sont enfin offerts le scalp des Espagnols après une deuxième période sensationnelle, se frayant ainsi un chemin jusqu'au premier sacre de l'histoire du basket français. Un exploit qui restera à jamais dans les annales. Encore plus frais dans nos têtes, ce quart de finale de Coupe du Monde arraché sur les terres espagnols par une équipe privée de Tony Parker ou encore Nando De Colo. La grande Espagne rêvait d'une finale contre les Etats-Unis avant d'être terrassée par son ennemi intime. Cerise sur le gâteau, les Bleus décrochaient dans la foulée une médaille de Bronze à Madrid. http://www.dailymotion.com/video/x2sthmp_france-v-spain-game-highlights-quarter-final-2014-fiba-basketball-world-cup_sport

V comme Vengenza

[caption id="attachment_292140" align="alignleft" width="318"] Pau Gasol plane depuis le début de l'Eurobasket.[/caption] L'Espagne crie vengeance. Un an qu'elle attend ça. Un an qu'elle rumine sa déception, sa frustration.
"On est venu pour battre la France chez elle", clame haut et fort Pau Gasol, icône de la sélection et qui dispute - a priori - son dernier Eurobasket, comme Tony Parker, apôtre du basket en son pays.
Le parallèle (inversé) entre le chocs de l'an passé et celui à venir aujourd'hui est saisissant. Il y a presque un an jour pour jour, la Roja au complet, l'une des grandes favorites de la Coupe du Monde, affrontait devant son public une formation française présentée comme diminuée. Les cartes ont été redistribuées depuis. Les Bleus sont les hommes à abattre. Les Champions d'Europe en titre. Ils ne sont pas au complet - on rappelle les forfaits d'Antoine Diot et d'Alexis Ajinça notamment - mais ils peuvent compter sur les retours de Parker et De Colo, la présence des cadres comme Diaw, Batum et Piétrus ou encore l'avènement des nouvelles générations. Ils ont le luxe d'accueillir l'événement dans la plus grande salle d'Europe. 27 000 supporteurs français acquis à la cause de leur équipe favorite au stade Pierre Mauroy.
[superquote pos="d"]"On est venu battre la France chez elle." Pau Gasol[/superquote]"C'est le match que tout le monde attend. Il ne devrait pas y avoir beaucoup de places libres jeudi soir (propos recueillis après la qualification contre la Lettonie mardi - NDLR). On va peut-être même agrandir la salle et jouer dans le stade entier", plaisante Vincent Collet avant de poursuivre : "C'est une superbe affiche devant notre public."
[caption id="attachment_290791" align="alignleft" width="318"] Mike Gelabale : "On est venu pour battre l'Espagne."[/caption] L'Espagne fait moins peur. La perspective d'un duel contre les joueurs ibères n'a plus le même impact psychologique sur les Français maintenant qu'ils ont remporté les deux dernières manches. La sélection de Sergio Scariolo doit aussi composer avec les absences de José Calderon, Ricky Rubio, Juan Carlos Navarro ou encore Marc Gasol. Le chasseur est désormais dans la peau du chassé mais Nicolas Batum et ses coéquipiers sont toujours remontés comme des pendules lorsqu'il s'agit d'affronter l'Espagne.
"J'attends du public qu'il soit fou", prévient l'ailier des Charlotte Hornets.
"On sait que les Espagnols ont soif de revanche", ajoute Florent Piétrus.
"C’est parfait de retrouver l’Espagne. Faire l’Euro à domicile sans jouer l’Espagne aurait été décevant. C’est une équipe que l'on aime jouer car l'on a toujours plus d’envie, plus d’agressivité... ça va être kiffant", conclu Mike Gelabale.

Gare à la bête blessée !

[superquote pos="d"]Troisième meilleure attaque du tournoi, l'Espagne sait aussi défendre ! [/superquote]De l'envie, de la concentration, du soutien... les Bleus en auront besoin pour se hisser en finale. Car même si l'Espagne n'est plus aussi effrayante sur le papier et ne domine plus autant son sujet que les campagnes précédentes, elle demeure une référence sur la scène du basket international. La Roja a notamment du talent à tous les postes, de Sergio Llull à la mène à Pau Gasol dans la peinture. Ce dernier plane d'ailleurs sur la compétition mais nous reviendrons un peu en détails sur ses performances par la suite. Joueurs d'Euroleague confirmés, stars NBA, produits locaux... L'Espagne est encore une fois bien armée.
"Ils ont une expérience extraordinaire et ils sont articulés autour de joueurs de très haut niveau", remarque Vincent Collet.
http://www.dailymotion.com/video/x36m6vn_pau-gasol-amazing-performance-v-poland-eurobasket-2015_sport Même sans leurs dragsters - Rubio, Navarro - pour assurer le tempo, les Espagnols s'appuient une nouvelle fois sur une attaque flamboyante pour dompter leurs adversaires. Ils inscrivent 85,9 points en moyenne chaque soir, soit la troisième marque du tournoi. Ils pratiquent encore un basket altruiste avec peu de fioritures. Du basket que l'on prend plaisir à regarder.
« Cette affiche promet un match très difficile. L’Espagne est une équipe qui joue très bien au basket, qui a beaucoup d’expérience, qui joue bien ensemble et qui est aussi très athlétique. On sait que ça va être dur quoi qu’il arrive. » Résume sobrement Boris Diaw.
[caption id="attachment_251985" align="alignleft" width="318"] Sergio Llull, un des nombreux joueurs d'expérience de l'Espagne.[/caption] Le potentiel offensif des Espagnols est impressionnant mais c'est bien en défense qu'ils nous ont surpris lors du quart de finale contre la Grèce. Bien en place, ils ont mis la pression sur les porteurs de balle grecs pour enrayer complètement les systèmes de Vassilis Spanoulis et ses coéquipiers. Ils n'ont pas cherché à enflammer la partie, ils ont préféré casser le rythme. Une force trop peu mise en avant lorsque l'on évoque le cas de la sélection de Scariolo. Elle ne dispose pas d'une défense de fer mais ses joueurs d'expérience sont capables de mettre quelques "stops" à l'attaque adverse sur quelques séquences, notamment dans les moments les plus chauds d'une rencontre. L'Espagne a été mise en difficulté pendant trois quarts-temps contre la Pologne (en huitièmes) et la Grèce (en quarts) et elle est parvenue à faire la différence dans les dix dernières minutes à chaque fois.

Rudy Gobert contre Pau Gasol, acte II

[caption id="attachment_293751" align="alignleft" width="318"] Rudy Gobert va à nouveau croiser la route de Pau Gasol.[/caption] Il faut dire qu'à chaque fois que la Roja est empêtrée dans une situation délicate, elle peut compter sur un joueur de classe mondial. Un patron. Presque un Saint. Don Pau Gasol. 23,6 points à 59% de réussite. 75% à trois-points. La star des Chicago Bulls se balade depuis le début de l'Eurobasket. Il s'apprête à croiser sur sa route un certain Rudy Gobert, albatros de l'équipe de France qui a encore progressé par rapport à la saison dernière, lorsqu'il avait fait mordre la poussière aux frangins Gasol.
"Je ne pense pas que Pau Gasol ait oublié...", précise Nicolas Batum au sujet du duel de l'an passé. "Cette fois-ci, les Espagnols savent à quoi s'attendre. C'est à Rudy de faire attention et d'avoir la même mentalité que l'année dernière pour le stopper et le limiter. Il en est capable."
http://www.dailymotion.com/video/x2sthlz_france-v-spain-best-block-2014-fiba-basketball-world-cup_sport [superquote pos="d"]"Je ne pense pas que Pau ait oublié le duel contre Rudy..." Nicolas Batum[/superquote]Physiquement, Rudy Gobert a les atouts pour gêner Pau Gasol. Il est encore plus mobile que l'an passé. Encore plus long. Et surtout plus expérimenté. Il lui faudra être malin et rester vigilent. De même, ses coéquipiers ne pourront pas se permettre de prendre l'eau sur chaque pick-and-roll comme c'est encore trop souvent le cas à chaque match des Bleus.
"Pau Gasol et Sergio Rodriguez exploitent à merveille le pick-and-roll. Les problèmes qu'ils posent sur ce système sont uniques en Europe. Ils ont une maîtrise supérieure à toutes les autres équipes", explique Vincent Collet.
La bataille dans la peinture, où l'impact de Nikola Mirotic n'est pas à oublier, sera sans doute l'un des clefs de la rencontre de ce soir.

La France, l'équipe à abattre

[caption id="attachment_293363" align="alignleft" width="318"] Nando De Colo est le meilleur joueur des Bleus depuis le début du tournoi.[/caption] Les Bleus partent tout de même favoris, soyons honnêtes. Certes, ils n'ont pas toujours dominé leur sujet depuis le début de la compétition. Mais ils n'ont pas perdu un match. Et c'est parfois les données les plus simples qui sont les plus parlantes. Les Bleus n'ont pas perdu. Ils ont toujours trouvé les ressources nécessaires pour gagner, et ce quelle que soit la situation à laquelle ils ont dû faire face. Ils sont restés sereins, même dans les moments les plus durs. La sérénité des favoris. Des champions en titre. Seule la Serbie affiche un état d'esprit similaire sur cet Eurobasket. L'équipe de France s'est appuyée sur plusieurs joueurs différents, de Nando De Colo à Joffrey Lauvergne en passant par - évidemment - Boris Diaw et Tony Parker. Ce dernier est d'ailleurs relancé après son coup de chaud contre la Lettonie. Nul doute qu'il sera motivé comme jamais ce soir. Beat France, rêvent les Espagnols. Mais les Bleus ont encore le goût du sang dans la bouche.
"Pour nous aussi c'est une revanche. Ils mènent 3-2, on veut remettre les compteurs à égalité", prévient Batum.
Boucler la boucle. Eliminer la Roja une fois de plus et se frayer un chemin vers la finale à Lille synonyme de qualifcation directe pour les Jeux Olympiques de Rio. Pour cela, il faudra battre l'Espagne. Beat Spain !