John Wall : Enfin l’âge de raison ?

John Wall a transformé les Washington Wizards depuis son retour. Est-il finalement en train de devenir le leader attendu dans la capitale après trois ans de critiques intensives ?

Edwin MalboeufPar Edwin Malboeuf  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
John Wall : Enfin l’âge de raison ?
Le 30 novembre 1979 sort le légendaire titre « Another brick in the wall » des Pink Floyd. John Wall ne naîtra que onze ans plus tard mais l’essence de la chanson lui convient parfaitement : forge ta propre identité et ne sois pas une brique anonyme de plus dans le mur de la société. Anonyme, John Wall ne l’était pas vraiment à son arrivée en NBA mais depuis, il s’était fondu dans la masse. Numéro un de la draft 2010 après une année passée chez les Wildcats de Kentucky, sa saison rookie est prometteuse mais Blake Griffin, premier choix de la précédente draft effectue sa saison rookie la même année que Wall (car n’ayant pas joué un seul match l’année d’avant) et rafle le titre de meilleur débutant 2010-2011. Deuxième saison chez les pros marquée par le lockout et rebelote : nouvelle année correcte pour Wall avec les mêmes statistiques (16 points, 8 passes). Seulement voilà, dans le monde élitiste américain, correct ne suffit pas. Seule l‘excellence doit s’allier à la légitimité d’un statut. Les Washington Wizards attendent un leader, ils ont « seulement » un bon meneur de jeu. Les playoffs s’avèrent encore une contrée lointaine. Pendant que Griffin jouit de la venue de Chris Paul pour délaisser le leadership, Wall doit subir le poids des attentes de toute une ville. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les critiques ne sont pas tendres. Les dernières en date proviennent de David Falk, ex-agent de Michael Jordan :
« John Wall ne sera jamais aussi bon que Kyrie Irving ne l’était dans sa première semaine en NBA. » « Il ne sent pas le jeu », ajoute-t-il,  et n’a pas le potentiel pour espérer plus qu’être un simple joueur très athlétique.
Comme si ce coup de massue était celui de trop, John Wall a depuis aligné les performances dignes d’un joueur de son statut. En point d’orgue, ces 47 points, 8 passes et 7 rebonds le 25 mars face à la meilleure défense de la ligue, les Grizzlies. Le match précédent, il s’était fait exclure, et Wash’ abordait la rencontre contre le 4ème de l’Ouest sans Trevor Ariza, Bradley Beal, Martell Webster et Nene. Une performance référence comme celle-ci est-elle suffisante pour faire taire le reste de la NBA ? Stan Van Gundy, reconverti en analyste après son limogeage d'Orlando, était le premier à taper sur Wall. Il semble avoir ravalé sa langue depuis le retour du kid natif de North Carolina le 12 janvier.
« Je pense qu’il m’a fait changer d’avis sur sa valeur pour une équipe. Je ne suis pas encore sûr qu’on puisse construire autour de lui, mais si vous pouvez mettre un bon attaquant à côté de lui, ça pourrait être suffisant pour pousser cette équipe à l’échelon supérieur dans la conférence Est », se ravisait Van Gundy à USA Today le 28 mars.
Jalen Rose, lui aussi reconnu pour son verbe haut quand il s’agit d’assaillir les joueurs NBA, déclare qu’il avait senti depuis le début le potentiel exponentiel de Wall.
« Je n'ai pas arrêté de prévenir les abrutis à propos de Wall. »
John Wall serait-il finalement en train de prendre la pleine mesure du talent entrevue dès sa première saison ? Depuis son retour de blessure, les Wiz ont un bilan d’équipe de playoffs : 21 victoires, 17 défaites, dont plusieurs face à des grosses cylindrées telles que les Knicks, Clippers, Lakers (16 passes record de carrière le 22 mars), Rockets, Nuggets, Nets, Bulls. Un changement de cap orchestré (5 victoires, 28 défaites sans Wall) par un seul homme apparemment débarrassé de ses démons. Pas gestionnaire pour un sou, trop de pertes de balles, une adresse lamentable (7% à trois points l’an dernier !) tout cela semble derrière lui. Un déclic survenu cet été, après des entraînements intensifs à Los Angeles.
« Mon premier été, j’essayais juste de me préparer pour la NBA. Le deuxième, c’était le lockout, et je ne savais pas quand ça se terminerait. Cet été, je savais ce dont j’avais besoin pour progresser. Je savais que je devais travailler mon jump shot ».
Cette saison, il affiche ses meilleurs pourcentages en carrière avec 44,5% aux tirs dont 30% derrière l’arc, et 82% aux lancers-francs. Pink Floyd chantait « We don’t need no education ». Mais Wall a eu besoin de conseils. Depuis peu, il est en relation avec l’un des meilleurs meneurs défensifs de l’histoire : Gary Payton alias The Glove.
« Wall m’a twitté pour me demander mon numéro, je l’ai appelé et nous sommes en contact depuis. C’est un gars que j’apprécie parce qu’il m’a appelé pour me demander comment progresser en défense et comment devenir un meilleur meneur de jeu. »
John aura 23 ans en septembre. Il lui reste une année de contrat et pense mériter le salaire maximum. Les dirigeants de la capitale américaine semble d’ailleurs prêts à lui accorder.
« J’ai le sentiment de mériter le maximum de par mon caractère. Je pense rendre mes coéquipiers meilleurs. Je suis juste un leader. J’aime mener l’équipe et je crois que je peux changer la franchise. C’est le chemin que nous prenons avec cette équipe. »
Finalement, il avait peut-être seulement besoin de temps. Mais c’est une denrée rare en NBA. « Hey teacher, leave the kids alone ! »

Les 47 points de John Wall contre Memphis

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Ses stats en carrière

JOHN WALL CAREER SEASON AVERAGES
Year Team G GS MPG FG% 3P% FT% OFF DEF RPG APG SPG BPG TO PF PPG
10-11 WAS 69 64 37.8 0.409 0.296 0.766 0.5 4.1 4.6 8.3 1.8 0.5 3.78 2.54 16.4
11-12 WAS 66 66 36.2 0.423 0.071 0.789 0.7 3.8 4.5 8.0 1.4 0.9 3.86 2.08 16.3
12-13 WAS 38 31 31.7 0.445 0.300 0.822 0.6 3.0 3.6 7.7 1.4 0.7 3.45 2.45 16.8
Career -- 173 161 35.8 0.422 0.246 0.787 0.6 3.7 4.4 8.1 1.6 0.7 3.74 2.34 16.4
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