Kawhi Leonard, ode pour un cyborg

Impossible de savoir ce que Kawhi Leonard fera dans quelques semaines, lorsque le parcours des Toronto Raptors en playoffs aura pris fin. Une chose est sûre. L'équipe qui le récupérera (ou le prolongera si le coup de poker de Masai Ujiri se transforme en coup de génie) comptera un joueur invraisemblablement fort dans ses rangs. […]

Kawhi Leonard, ode pour un cyborg
Impossible de savoir ce que Kawhi Leonard fera dans quelques semaines, lorsque le parcours des Toronto Raptors en playoffs aura pris fin. Une chose est sûre. L'équipe qui le récupérera (ou le prolongera si le coup de poker de Masai Ujiri se transforme en coup de génie) comptera un joueur invraisemblablement fort dans ses rangs. C'est fou comme une saison blanche et une autre disputée en s'économisant peuvent vous faire oublier la grandeur d'un joueur. Leonard n'est pas "juste" un bon défenseur ou un MVP des Finales NBA récompensé sur un coup de bol. Ce qu'il est en train de réaliser dans cette campagne de playoffs est une piqûre de rappel nécessaire. Il n'y a presque aucun basketteur plus complet et à son apogée technique et physique que Kawhi Leonard en NBA aujourd'hui. Kevin Durant est sans doute celui dont le niveau est le plus injustement élevé. Giannis Antetokounmpo celui pour lequel il est le plus facile de prévoir une domination dans les années à venir. Mais à l'instant "t", dans ces playoffs, l'ancien joueur des San Antonio Spurs est un cyborg injouable, ni plus, ni moins.

Son shoot en fin de match résume tout

Son game 4, dimanche, pour égaliser contre les Sixers et éviter aux Raptors d'être dos au mur, est un modèle du genre. Le niveau incroyable du Californien se manifeste de bien des manières. Flair et agressivité en défense, adresse exceptionnellement élevée (voir son shotchart depuis le debut des playoffs ci-dessous) en attaque, montée en pression lorsque les minutes s'égrainent, moyennes magnifiques (32.3 points, 7.7 rebonds, 3.4 passes à 58.7% en global et 50% à 3 points)... Mais s'il faut résumer la confiance avec laquelle Kawhi Leonard arpente le terrain en ce moment, on peut le faire en isolant une action. Un plaisir solitaire qui a fait définitivement basculer la rencontre en faveur de Toronto. La dernière action d'une masterclass à 39 points, 14 rebonds et 5 passes. Alors que les Raptors ne comptaient qu'un point d'avance et que le chrono indiquait à peine plus d'une minute à jouer, Leonard a pris ses responsabilités. Après avoir laissé un peu filer les secondes, "The Klaw" commençait à dribbler, défendu par Ben Simmons. Un écran bien posé de Marc Gasol plus tard, Leonard pouvait glisser le long de l'arc de cercle. A 1.7 de la de la fin de la possession, Embiid venait alors placer son grand corps à un mètre de lui, avec la menace d'un contest. Simmons restait lui à quelques encablures, pour l'empêcher de driver sur la gauche. A la manière des plus grands, Kawhi déclenchait un shoot en léger fadeaway par-dessus Embiid pour faire mouche à 3 points et semer le désespoir dans les rangs adverses. Le tout, bien évidemment, sans exulter, ni célébrer ce panier crucial de façon théâtrale. On ne se refait pas comme ça... Intérieurement, le n°2 des Raptors devait quand même bien rire en se replaçant, avec ce son si particulier qui avait fait le tour des réseaux.

Un "punisher" à la Kobe Bryant

"Kawhi Leonard est un punisseur. [...] Il nous a cassé le dos avec ce shoot à 3 points. Il y avait deux joueurs sur lui... Ce qu'il est capable de faire pour créer son propre shoot, c'est comparable à ce que faisait Kobe selon moi. Il est tellement doué pour faire ça. Je trouve que l'on a fait un travail défensif très correct sur lui. Peut-être qu'on aurait du lui faire un peu plus de prises à deux, c'est possible. Mais on lui a quand même fait perdre 7 fois la balle et on a réussi à mettre du monde sur son chemin. Ça reste un sacré joueur qui nous a mis 39 points et on a senti passer chacun d'entre eux", a expliqué Brett Brown après la rencontre. S'il a cette fois reçu une aide précieuse de la part de ses camarades (lire l'article d'Antoine Pimmel à ce sujet), Kawhi Leonard est l'unique raison pour laquelle les Raptors ont encore l'avantage du terrain dans cette série. Il lui faudra confirmer son emprise psychologique dans 48 heures, à la maison, pour le game 5.