MVP Race : Ils ne sont plus que trois

A deux mois de la fin de la saison régulière, voici notre point sur la MVP Race et ses derniers prétendants selon nous.

MVP Race : Ils ne sont plus que trois
La petite trêve du All-Star Week-End est un moment intéressant et se poser sur la course au titre de MVP avant le sprint final. Le suspense est intact à environ 25 matches et 2 mois de la fin de la saison régulière. Contrairement aux premières semaines de la saison, le nombre de vrais prétendants est réduit. A l'heure actuelle, trois semblent se dégager, avec une injuste exception derrière, celle du binôme Stephen Curry-Kevin Durant, pénalisé par l'excellence standardisée des Warriors et la présence de l'autre dans l'effectif. Voici, à l'heure actuelle, quel serait notre podium.

1- Giannis Antetokounmpo (Milwaukee Bucks)

Ses statistiques : 27.1 points, 12.6 rebonds, 5.9 passes, 1.4 interceptions, 1.4 contres à 58.2% d'adresse globale. 1er au classement des defensive win shares - 3e au Player Efficiency Rating (PER) James Harden a ses partisans et c'est tout à fait normal. L'arrière des Rockets fait tout pour être crédible dans la conquête d'un deuxième titre de MVP de suite. Mais à nos yeux, ce que fait Giannis Antetokounmpo cette saison est encore plus sidérant. Le "Greek Freak" permet, presque à lui seul, aux Bucks d'être en tête de la ligue avec un bilan de 42 victoires et 14 défaites. La différence que fait Giannis sur un terrain en attaque (27 points de moyenne à 58%, 6 passes/match) sans avoir le tir extérieur comme arme, ET en défense, où il siège en tête du classement des win-shares défensifs, est incommensurable. Avec cet impact, Milwaukee affiche la plus grosse marge en termes d'écarts de points et vit une saison régulière plus aboutie que ne le laissaient espérer les prévisions. Le plus effarant est peut-être le temps de jeu de la star des Bucks, qui ne passe que 33 minutes en moyenne sur le parquet tous les soirs, soit 4 de moins qu'Harden et 3 de moins que George. Ce qui laisse supposer que les chiffres déjà épatants d'Antetekounmpo pourraient être gonflés si Mike Budenholzer n'était pas dans une gestion intelligente de sa star en vue des playoffs. Peut-être encore plus que James Harden, Giannis donne l'impression d'avoir un bouton lui permettant de scorer (sans passer par la case lancers francs) absolument quand il en a envie. L'Athénien atteint le cercle en deux temps trois mouvements avec une élasticité et une fulgurance jamais vues auparavant. Son unicité physique et athlétique n'est pas là que pour faire joli. C'est l'efficacité du Greek Freak qui le rend aussi monstrueux, bien que, semble-t-il, pas encore au niveau maximal qu'il peut atteindre. Une pensée terrifiante. Sur Fox Sports, voilà ce qu'ont dit Antoine Walker et Jon Horst, le GM des Bucks, au sujet de Giannis Antetokounmpo : Antoine Walker : "Je pense que Giannis est devant James Harden pour le MVP. Qu'on ne se méprenne pas, je prends du plaisir à avoir James jouer au basket. Mais je trouve que c'est difficile de donner ce trophée à quelqu'un qui dribble 20 fois par match et finit à 5/19 à 3 points". Jon Horst : "Giannis est à mes yeux le MVP de manière indiscutable. [...] Nous sommes passés de la 17e défense de la ligue à la 1e juste parce que Giannis s'est concentré là-dessus. Ses stats au rebond ont décollé et je pense qu'il mérite aussi d'être dans la discussion pour le meilleur défenseur de l'année. Il a aussi progressé comem playmaker et sent le jeu. Son shoot aussi, s'améliore et il nous offre des moments incroyables tous les soirs grâce à ses qualités athlétiques".

2- James Harden (Houston Rockets)

Ses statistiques : 36.5 points, 7.8 passes, 6.7 rebonds, 2.2 interceptions à 44.1% d'adresse globale et 37% à 3 points. 2e au Player Efficiency Rating (PER) - leader au classement des scoreurs James Harden agace autant qu'il régale. Le manque d'esthétisme supposé de ses performances surhumaines depuis fin 2018 ne doit pas entrer en ligne de compte. Voilà bien longtemps qu'on n'avait pas vu un joueur porter son équipe sur ses épaules d'une telle manière, sans forcément prendre la peine de déléguer. Tous ont beau s'y essayer, Harden est quasiment inarrêtable et fait partie de la catégorie des joueurs dont l'adversaire accepte l'excellence en essayant uniquement de la limiter. Le "Bearded One", que l'on a d'abord cru incapable de chasser un doublé pour le titre de MVP, met désormais tout ce qu'il a sur le terrain physiquement et mentalement pour défier l'entendement et les statistiques. Trente matches consécutifs à 30 points ou plus, les Rockets ramenés dans le top 5 de l'Ouest après un démarrage cataclysmique et une pléiade de blessures (Chris Paul et Clint Capela, notamment), James Harden multiplie les prouesses comme il enchaîne les passages sur la ligne. S'il est encore loin des meilleurs spécialistes du genre, il faut noter que le MVP sortant fait des efforts en défense. S'il lui arrive de rêvasser encore à l'occasion, sa défense sur l'homme et sa volonté de couper les lignes de passes n'ont jamais été aussi performantes, comme l'indiquent ses 2.2 interceptions par match. Le désavantage du barbu en chef par rapport à Antetokounmpo, notamment, c'est ce volume très important et cette efficacité finalement assez relative. Lors de bien des saisons, de telles statistiques (36.5 points, 7.8 passes et 6.7 rebonds) auraient suffi à le proclamer vainqueur, même à ce stade de la saison. Les temps ont changé et d'autres joueurs, dans des registres différents, comme le "Greek Freak", ont leur mot à dire. S'il n'est pour le moment "que" 2e, prudence tout de même, le back to back n'est pas forcément loin. Une petite baisse de régime de Giannis et une ascension au classement des Rockets avec un Harden dans la lignée de ses one-man shows actuels, et la succession de Stephen Curry, dernier joueur à avoir réussi le doublé en 2015 et 2016, sera assurée. Kobe Bryant : ""Ce que fait James Harden est absolument remarquable. Les gens veulent minimiser ce qu'il réalise et pour moi c'est la preuve que ce qu'il réalise est phénoménal".

3- Paul George (Oklahoma City Thunder)

Ses statistiques : 28.7 points, 8 rebonds, 4 passes, 2.3 interceptions. 2e au classement des defensive win-shares - 13e au Player Efficiency Rating (PER) - meilleur intercepteur de la ligue Il y a cinq ans, Paul George se brisait la jambe lors d'un entraînement de préparation avec Team USA. Même les plus confiants n'osaient pas l'imaginer atteindre, à terme, un niveau supérieur à ce qu'il avait accompli jusqu'ici : à savoir un statut de All-Star et de franchise player d'une équipe deux fois finaliste de la Conférence Est. Encore moins après son trade vers OKC, et surtout sa décision de rester au Thunder, malgré une première saison décevante collectivement et une situation dont il aurait facilement pu s'extraire durant la free-agency. Paul George s'est ancré dans l'Oklahoma malgré l'avis général qu'il ne serait jamais plus qu'un lieutenant du vorace Russell Westbrook. A l'heure de la trêve du All-Star Game, le constat est inévitable. "PG13" a vu juste et a défié toutes les attentes autour de lui. Après un début de saison correct, tout au plus, l'ailier de 28 ans a activé le mode superstar depuis début décembre. Redevenir un titulaire au All-Star Game ne lui a pas suffi. George est devenu un basketteur et un leader d'une toute autre envergure et le voilà qui frappe sans gêne à la porte des prétendants au titre de MVP. Réussir à être aussi formidable des deux côtés du terrain - il est à la lutte officieuse avec Giannis Antetokounmpo pour le titre de meilleur défenseur de l'année et est cinq points au-dessus de sa meilleure moyenne en carrière au scoring - et faire accepter à Westbrook de prendre intelligemment un peu de recul est une prouesse. Tous ses adversaires sont scotchés par le niveau qu'il a atteint et sa montée en grade au Thunder. Après le match contre Portland, voici ce que disaient de lui Evan Turner et Damian Lillard. Evan Turner : "Tout le monde s'enflamme pour Giannis (Antetokounmpo) et James (Harden). Mais de tous ceux qu'on a affronté cette saison, sans manquer de respect aux autres, Paul a été le meilleur. Il est à un niveau différent des autres. C'est difficile à expliquer". Damian Lillard : "Ce qu'il fait, c'est d'un niveau différent. Je l'ai regardé sur les 10 derniers matches et face à nous. Pour moi, c'est mec est MVP. Si le Thunder tient le rythme, c'est lui le MVP". Les deux Blazers ont raison. Si OKC reste dans le top 2-3 de l'Ouest, que Paul George continue d'enchaîner les matches étourdissants (son mois de février à 39.7 points à 47% à 3 pts n'a rien à envier aux dernières sorties folles de James Harden), il aura une chance de devancer les deux autres Martiens, dans l'optique où eux adopteraient une trajectoire moins éblouissante, évidemment...