Raymond Lewis, L.A. Best Kept Secret

Légende du streetball, Raymond Lewis est tout simplement le meilleur joueur de l’histoire de Los Angeles. Sans avoir jamais joué une minute de basket pro.

Raymond Lewis, L.A. Best Kept Secret

RAYMOND LEWIS, UN JOUEUR EN AVANCE SUR SON TEMPS

Blacklisté par le monde pro comme il le prétend, ou plus certainement trop fier pour se soumettre aux exigences des recrutements, le meilleur joueur jamais produit par Los Angeles ne jouera pas une minute d’un basket professionnel qu’il aurait dominé, selon tous les observateurs ayant eu la chance de le voir jouer. Et c’est dans la rue ou dans des Summer Leagues qu’il se contente d’asseoir sa légende. Joueur de un-contre-un incroyable, cet arrière au petit gabarit ne paie pourtant pas de mine. Le genre de gars dont on se dit qu’on va le punir si l’on joue contre lui. Pourtant, pas un joueur de Los Angeles n'est capable de le tenir. Pas même le meilleur défenseur des Lakers des années 1980s : dans un match de Summer League à Compton, en 1983, le futur 1986 Defensive Player of the Year Michael Cooper se fait corriger, Lewis scorant 56 points sur sa tête. Lorenzo Romar, ancien joueur NBA et actuel coach de la fac de Washington, confirme le talent de son ami, confiant à Dean Prator* qu’à la fin de sa saison rookie, il a taffé avec Raymond Lewis lors d’innombrables one-on-one perdus 11-4 ou 11-2 : « Et quand il devenait fou, c’était carrément 11-0. J’ai joué des un-contre-un face à World B Free, Sidney Moncrief et Isiah Thomas. Ils m’ont battu plus souvent que je ne les ai battus. Mais Raymond était plus dur à battre que n’importe lequel de ces gars. » Dans « Runnin’ Rebels », Jerry Tarkanian confirme : « Il était phénoménal, absolument phénoménal. Il avait plus de talent que quiconque. Vous pouvez prendre les cinq meilleurs défenseurs NBA et ils ne pourraient pas arrêter ce gars. Il était aussi rapide qu’Iverson, mais plus grand et plus fort. Je ne blague pas, il pouvait manier la balle comme personne ne peut imaginer. » En avance sur son temps. Iverson avant Iverson. Mais avec un shoot : « Je n’oublierai jamais Ray Lew […], se souvient Marques Johnson, 5 fois All-Star (20 pts et 7 rebonds en 12 ans de carrière), pour un article sur hoopshype.com. Il avait un shoot parfait que j’ai essayé de copier. » Son dernier souvenir de Lewis reste d’ailleurs ce shoot unique, soyeux. Alors qu’il est consultant télé, Johnson passe à côté d’un studio où Nike réalise une campagne sur les légendes de playground en 1995. Raymond Lewis attend la séance photo à côté d’un panier : « Il est là dehors, dans des espèces de chaussons noirs, et il enchaîne. Swish. Swish. Swish. Au moins 15 d’affilée. » Dernier souvenir d’un joueur hors norme, qui décède quelques années plus tard, en 2001, après des complications suite à une amputation de la jambe. Une triste fin pour celui que Marques Johnson et grand nombre de ceux qui l’ont côtoyé appellent le « plus grand joueur sorti de Los Angeles de tous les temps ». Un joueur doublement en avance sur son temps. Car au-delà de son jeu qui lui permettait de faire ce qu’Isiah Thomas et Allen Iverson feraient des années plus tard, il paraît improbable qu’un talent aussi dominateur puisse passer au travers de nos jours. Ray Lewis avait 20 ans d’avance. Pour le meilleur. Et pour le pire. * Webmaster du site www.raymondlewis.com, qui ambitionne de faire vivre la légende de Raymond Lewis et de réaliser un documentaire.