Qu’est-ce que Boston peut sacrifier pour Anthony Davis ?

Qu’est-ce que Boston peut sacrifier pour Anthony Davis ?

Basketteur superstar de sa génération, Anthony Davis s’apprête à bouleverser le paysage NBA avec un changement de franchise qui s’annonce inévitable.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
Cette semaine est spécialement dédiée à Anthony Davis. Parce qu’il est temps de se pencher un peu plus en détail sur ce joueur si talentueux. Parce que de son avenir et de ses décisions à venir dépend peut-être la hiérarchie future en NBA. Pour évoquer le sujet, nous avons concocté une série d’articles qui analysent la situation de l’un des cinq meilleurs joueurs du monde. Retrouvez donc jusqu’à vendredi un papier par jour sur le mono-sourcil le plus puissant de la ligue. Il a fallu une déclaration de LeBron James et voilà que tout le monde se met à imaginer Anthony Davis avec la tunique mauve et or des Los Angeles Lakers. C’était juste le thème de notre article d’hier. Oh oui, l’intérieur est destiné à jouer pour une franchise plus clinquante que les New Orleans Pelicans. Mais il portera peut-être plutôt du vert et du blanc. Celui des mythiques Boston Celtics.

« Boston cherche Anthony Davis depuis des années. Ils ont toujours espéré que ce serait, soit à la fin de la saison ou au début de la suivante la trade deadline, qu’ils pourraient rassembler tous ces actifs, tous ces choix, pour être l’équipe à obtenir Anthony Davis. Mais maintenant, vous avez L.A. et s’ils ne peuvent agir lors de la free agency, ils devront prendre tous leurs jeunes joueurs pour essayer de les utiliser pour obtenir Anthony Davis », explique le pape du scoop Adrian Wojnarowski.  

Avec son trésor de guerre lentement accumulé et peu dépensé depuis des années et des années (depuis les transferts de Paul Pierce et Kevin Garnett), Danny Ainge est encore et toujours en position pour décrocher n’importe quelle enchère. Sauf que jusqu’à présent, il n’a que très peu pioché dans sa réserve d’atouts. Voire pas du tout. Il a seulement donné aux Cleveland Cavaliers le pick 2018 des Brooklyn Nets lors du transfert amenant Kyrie Irving dans le Massachusetts. Il a certes été tenté de céder les autres premiers tours de draft obtenus des Nets auparavant. Mais il ne l’a pas fait. Des choix avec qui il a obtenu Jaylen Brown (2016) puis Jayson Tatum (via un droit de swap en 2017 puis un transfert avec les Philadelphia Sixers). Il a passé son tour sur les dossiers Paul George, Jimmy Butler (par deux fois), Kawhi Leonard. Et il a sans doute bien fait. Parce que nous restons persuadés que, dans un coin de sa tête, Ainge imaginait plus grand.

Le trésor de guerre de Danny Ainge

Et quel joueur est plus grand que ceux cités jusqu’ici ? Anthony Davis, évidemment. Un vrai pur « game changer ». Plus que PG ou Jimmy « Buckets ». Il y a débat avec Leonard mais l’état de santé, la situation contractuelle et l’entourage de l’ancien patron des San Antonio Spurs avaient de quoi refroidir plus d’un dirigeant. Sa pile d’atouts, nous sommes prêts à parier que le Président des Celtics l’a gardé exprès pour la superstar des Pelicans. Parce que ça fait des années que la ligue anticipe son départ. Les équipes intéressées ont peaufiné leur stratégie et soigner leur masse salariale justement dans le but de le recruter. Et grâce à quelques très bons échanges, Boston est en position pour offrir plus que ses concurrents. Reste à savoir s’ils seront prêts à faire tapis. Toutes les autres organisations sont bien conscientes de la richesse des Celtics et elles cherchent à en profiter. Avec des demandes parfois complètement irrationnelles. Les Indiana Pacers ont par exemple reconnu qu’ils demandaient beaucoup plus aux C’s qu’aux autres franchises lors des négociations autour du transfert de George. Ainge est assis sur une montagne de picks et de jeunes talents que ses pairs veulent arracher. Ça complique parfois la tâche. Si Davis venait donc à réclamer son départ, il serait fort probable que les Pelicans jettent un œil du côté de Beantown. Et il serait aussi peu étonnant que le front office de New Orleans demande le prix fort. Le prix démesuré. Parce que c’est un potentiel MVP dont il s’agit. Jusqu’où les Celtics seront-ils prêts à aller pour l’acquérir ? Ils ont les meilleurs atouts à disposition. Cela dépend finalement presque seulement d’eux (et de Davis évidemment) s’ils veulent récupérer le numéro 23 des Pelicans. Concentrons-nous d’abord sur le timing. Parce qu’il est important dans le cas présent. Il faut savoir que Boston ne peut PAS récupérer l’intérieur All-Star avant le mois de juillet. Ou alors il faudrait envoyer Kyrie Irving dans l’échange ce qui n’aurait peu de sens. Le contrat du meneur termine en juillet prochain et il ne sera probablement pas intéressé à l’idée de rester en Louisiane. Les Pelicans n’ont donc pas de raison d’accepter « Uncle Drew », aussi fort soit-il, en échange de leur meilleur joueur.

Aucun échange avant juillet

Seul un échange entre Davis et Irving est possible avant juillet pour la simple et bonne raison qu’ils sont tous les deux titulaires du statut de « designated player ». Hors chaque franchise ne peut compter qu’un seul « designated player » au sein de son effectif. Ce statut découle du contrat signé juste après l’expiration du premier deal d’un joueur NBA. En gros à l’issue de ses quatre premières saisons dans la ligue. Quand le joueur est prolongé pour cinq ans au maximum, il peut alors hériter de ce statut. Ce fut le cas pour Davis et Kyrie (prolongé par les Cavaliers à l’époque). Kyrie Irving ne sera plus sous ce régime une fois son deal arrivé à expiration en juillet 2019. Les Celtics pourront alors le prolonger – il a juré fidélité à Boston jusqu’à présent – et ensuite essayer de mettre en place un transfert pour récupérer A.D. Les autres équipes intéressées par Davis ont donc intérêt à convaincre les Pelicans de le céder dès cette saison, autour de la deadline, afin d’éviter de se retrouver en concurrence avec les Celtics et leurs nombreux assets. Mais il est difficile d’imaginer New Orleans lâcher l’affaire aussi vite. Alvin Gentry, le coach, et les dirigeants le répètent d’ailleurs sans cesse : ils n’ont pas l’intention de transférer leur champion. Ni maintenant, ni plus tard (en tout cas c’est ce qu’ils disent pour l’instant). C’est logique. Il serait dommage pour les Pelicans de le céder dès maintenant sans même avoir eu l’opportunité de lui proposer l’extension au super maximum, soit 235 millions sur cinq. Une prolongation de contrat record que le bonhomme peut parapher dès cet été… au moment où Boston pourra enfin se lancer dans la course. Si Anthony Davis refuse ce deal gigantesque, il y aura là un signe qu’il veut sans doute jouer ailleurs qu’à NO.

Horford, Brown et des picks au cœur du package

Les Celtics pourront alors entrer dans la danse. Pour des raisons financières assez simples, à savoir le respect de l’équilibre des salaires (Davis touchera 27 millions en 2019-2020), la franchise légendaire devra sans doute inclure Al Horford dans le package. Et ce seulement s’il active son option pour la saison prochaine. Le pivot dominicain peut tester le marché dès cet été. Ou alors il peut accepter une année de plus à 30 millions de dollars, une somme non négligeable, puis se retrouver sur le marché dès 2020. Gordon Hayward peut remplacer Horford dans cet exemple. Tout dépend des préférences des Pelicans. S’ils veulent avoir une star sur les ailes, alors ils peuvent demander Hayward. Surtout qu’il est sous contrat un an de plus, ce qui laisse le temps aux dirigeants de lui trouver le supporting cast pour l’épauler. Mais il faudrait aussi pour ça que l’ancien « franchise player » du Jazz retrouve son niveau de jeu, lui qui est revenu d’une grave blessure à la cheville cette saison. Il y aura sans doute des jeunes joueurs à inclure dans l’échange. Probablement Jaylen Brown, arrière athlétique prometteur qui stagne un peu. Il a perdu sa place dans le cinq pour l’instant et il est peut-être celui qui souffre le plus des retours d’Hayward et Irving, tous les deux blessés pendant les derniers playoffs. Brown est moins dans le rythme mais il n’a que 22 ans et son potentiel reste intrigant. Les Pelicans peuvent même réclamer Terry Rozier en plus. En revanche, cela ne pourra se faire que dans le cadre d’un sign-and-trade puisque le meneur sera un free agent protégé cet été. Il y a là une bonne base : Horford ou Hayward, Brown et Rozier. Des talents à associer à Jrue Holiday et Julius Randle pour obtenir un cinq de qualité. Mais l’offre sera sans doute saupoudrée de quelques picks. Les Celtics devraient en avoir quatre au premier tour en 2019. Le leur mais aussi celui des Memphis Grizzlies (protégé 1-8), des Los Angeles Clippers (protégé 1-14) et le plus intéressant à choisir entre celui des Sacramento Kings ou des Philadelphia Sixers. Les Pelicans peuvent réclamer deux choix de draft au moins. La draft sera passé en juillet (et c’est notamment pour cette raison que les franchises réclament à ce que la free agency ait lieu avant la draft) et les deux équipes devront se mettre en accord en amont. Ou alors les Celtics échangeront les éventuels rookies draftés. Ils peuvent aussi sacrifier leurs propres picks des années à venir : ils possèdent tous leurs propres picks pour 2020, 2021, etc.

Jayson Tatum sacrifié ?

Et si tout ça ne suffisait pas ? Si les Pelicans voyaient en Hayward un joueur blessé, en Horford un joueur vieillissant ou un Brown un bon jeune, certes, mais au potentiel moins intéressant que celui de Lonzo Ball ou Brandon Ingram ? Les Celtics seraient-ils prêts à garder tous les joueurs nommés pour finalement centrer leur package autour de Jayson Tatum ? La question est piège mais elle se pose. Nous serions tentés de dire non, et donc de garder le jeune homme formé à Duke, et ce malgré l’immense talent de Davis. C’est dur. C’est très dur en fait. Tatum est peut-être le joueur qui peut aider Boston à se maintenir au sommet pendant dix ans de plus. Mais sera-t-il le joueur qui peut leur faire gagner un titre ? Davis, de son côté, est plus vieux mais il a l’air d’avoir la carrure pour mener une franchise au bout. Sauf que personne n’en a la preuve puisqu’il joue aux Pelicans. Impossible de vérifier donc. Tatum est plus jeune mais rien ne garanti qu’il deviendra un jour aussi fort que ce que Davis l’est aujourd’hui. Encore une fois, c’est très, très dur. C’est une question de pari et d’appréciation. Mais ce qui est sûr, c’est qu’Anthony Davis fait déjà tourner toutes les têtes de Boston à Los Angeles.
  • DEMAIN : Anthony Davis, le rêve des Golden State Warriors

Afficher les commentaires (0)
Atlantic
Central
Southeast
Pacific
Southwest
Northwest