N’enterrez pas encore Melo

Pour beaucoup, Carmelo Anthony est fini et ne sera pas une énorme plus-value pour les Houston Rockets. Et si ce coup de poker était en fait payant ?

N’enterrez pas encore Melo
Carmelo Anthony n'a pas encore apposé sa signature, mais c'est comme si c'était fait. Dans l'air depuis plusieurs semaines, l'arrivée de "Melo" chez les Rockets est acquise. Comme l'a rapporté Shams Charania de Yahoo Sports, l'ailier All-Star a donné son accord aux Houston Rockets pour un contrat d'un an au minimum vétéran. Il y a quelques années, sa venue aurait fait l'effet d'une bombe en NBA. Force est de reconnaître qu'il s'agit aujourd'hui plus d'un move d'ajustement pour une équipe déjà très forte que d'un événement exceptionnel. Cela dit, le traitement réservé à Carmelo Anthony depuis quelque temps et la façon dont son image est fréquemment écornée sont un poil exagérés. Et sans doute mérite-t-il (un peu) plus de crédit. On parle d'un futur Hall of Famer et de l'un des attaquants purs les plus prolifiques de l'histoire de la ligue. En dehors de quelques coups de sang en début de carrière - coucou Mardy Collins - l'ailier All-Star a été plutôt exemplaire. Bon joueur, bon client et professionnel sérieux. Aujourd'hui, entre les blagues sur sa note dans NBA 2K19 et le fait que certains considèrent sa venue au Texas comme une catastrophe, le respect s'est un peu perdu.

Sa saison à OKC ne prouve pas qu'il est cramé

C'est évident, l'ancienne star des New York Knicks n'est plus le monstre offensif qui a sévi sur la ligue du milieu des années 2000 jusqu'au début des années 2010. "Melo" a progressivement vu sa cote décliner et son "fit" avec les exigences du basket moderne incarné par les Warriors remis en question. Néanmoins, pas sûr qu'il faille considérer son passage raté par Oklahoma City comme la preuve formelle qu'il est cramé ou inadapté au très haut niveau en 2018. Le contexte du Thunder était particulier. Pour la première fois, en dehors de Team USA, Carmelo Anthony a dû accepter de n'être qu'une troisième (parfois une quatrième option). Pour un "ball dominant player", qui plus est avec une estime intacte de son niveau et de son statut (l'épisode de son fou rire lorsque l'idée de sortir du banc lui a été soumise est très parlant), ça reste quelque chose de compliqué. Peut-être que le cadre défini par Mike D'Antoni chez les Rockets lui conviendra mieux. Peut-être, aussi, a-t-il pris conscience de ses limites, lui qui affiche désormais 34 ans et 15 saisons au compteur. Tout le monde n'est pas LeBron James et les kilomètres accumulés se ressentent depuis quelques années déjà dans les jambes de "Melo". Sa défense, déjà assez laxiste par le passé, est encore un peu plus loin des standards pour le poste. Mais sur un contrat au minimum vétéran, est-ce si grave s'il est avant tout un atout offensif ?

Tout le monde doutait aussi de l'association Paul-Harden

Qu'à cela ne tienne. Carmelo Anthony, bien que très différent des role players cruciaux qu'étaient Trevor Ariza et Luc Mbah a Mouté, ne sera pas forcément un handicap pour les Rockets. Voilà longtemps que Daryl Morey le veut dans son projet, persuadé que le style tout feu tout flamme de D'Antoni lui siéra mieux que lors de leur première expérience commune à New York. Beaucoup ont douté de l'association Paul-Harden, mais Morey a réussi un home-run en convaincant "CP3" de tenter le coup. A un match (et une blessure ?) près, les Rockets faisaient chute l'ogre de la Bay Area et s'avançait en Finales avec un statut de favori. La signature du meilleur scoreur de l'histoire de la sélection américaine peut elle aussi être un coup de poker payant.

Enfin le Carmelo Anthony de Team USA ?

S'il n'a pas été irréprochable à OKC, loin de là, il n'était pas rare de voir Carmelo Anthony agiter les bras dans le corner pendant que Westbrook fonçait tête baissée dans vers le cercle. Malgré ça, il a tout de même tourné à 16 points de moyenne, en dépit du pourcentage le plus faible de sa carrière en termes d'adresse (40%). Avec un peu plus de détermination pour se fondre dans le moule, la présence de l'un de ses meilleurs amis dans la ligue (Chris Paul) et l'attention portée par les défenseurs averses au MVP James Harden, la marge de manoeuvre de Carmelo Anthony sera accrue. Le "Melo" de Team USA que l'on espérait voir au Thunder sera peut-être davantage au rendez-vous dans le basket feu d'artifice des Rockets. Mike D'Antoni n'a pas encore évoqué ce qu'il compte faire de sa nouvelle recrue. Pour l'heure, il semblerait qu'un statut de remplaçant soit exclu. La concurrence au poste 3 n'est pas féroce pour le moment chez les Rockets. Carmelo Anthony aura donc normalement un peu de temps pour prouver qu'il a encore de l'huile dans le moteur. Et qu'il peut finir sa carrière sans avoir à rejoindre le club des superstars contraintes de raccrocher sans la moindre bague au doigt. Ou la moindre participation aux Finales NBA dans son cas...