Et si c’était Kyrie Irving le problème ?

Kyrie Irving n'est pas autant exposé aux critiques que LeBron James et Kevin Love. Pourtant, l'autre membre du 'big three' doit jouer autrement pour faire gagner son équipe.

Et si c’était Kyrie Irving le problème ?
LeBron James sait que ses Cleveland Cavaliers n'ont aucune chance de décrocher le titre NBA cette saison en cas de troisième défaite consécutive contre les Golden State Warriors ce soir. Il sait aussi que les critiques pleuvront sur son crâne dégarni en cas de nouvel échec, le cinquième en sept finales. Kevin Love sait lui qu'il sera pointé du doigt quelle que soit les circonstances ou son rendement, juste parce qu'il est Kevin Love. Et Kyrie Irving alors ? Le meneur All-Star n'a pas été épargné les piques cinglantes de la presse, des fans ou des anciens joueurs NBA depuis le début de sa carrière. Sa défense a été remise en question, de même que sa capacité à guider une équipe vers la victoire. Oui, Irving est fantasque, il est ce personnage d'Uncle Drew qu'il incarne dans la publicité pour Pepsi : Un joueur redoutable en un-contre-un. Des fois, c'est suffisant. Maintenant qu'il est entouré de James, de Love et d'autres joueurs de devoir capables de faire le sale boulot, le premier choix de la draft 2011 s'est adapté à merveille dans un rôle de finisseur pour lequel il est taillé. Il a martyrisé les Detroit Pistons, a détruit les Atlanta Hawks de loin et il a eu ses moments de gloire contre les Toronto Raptors. Mais il souffre contre les Golden State Warriors.

Kyrie Irving sait-il seulement ce qu'il doit faire ?

Meilleur marqueur (26 points) du premier match des finales au cours duquel il a manqué d'efficacité (7/22), il s'est troué, comme tous ses coéquipiers, lors de la rencontre suivante qu'il a terminé avec 10 points à 5/14. Le All-Star cumule désormais un vilain 33% de réussite aux tirs et 14% derrière l'arc depuis le début des finales. Il est la deuxième flèche des Cavaliers avec 18 pions mais distribue à peine plus de deux passes. Irving est de toute façon plus à l'aise dans la peau d'un scoreur que dans celle d'un gestionnaire et ce n'est pas vraiment le problème. Ou disons que c'est un faux problème. Sa capacité à agresser la défense en dribble est intéressante. C'est la façon de faire qui tend à mettre les Cavaliers en difficulté pendant ces finales. Le meneur a compris qu'il pouvait faire la différence en un-contre-un et il a donc repris la mauvaise habitude de conserver longtemps la balle entre ses mains, laissant ainsi tout le temps à la défense adverse de se mettre en place. Les consignes de son coach Tyronn Lue sont pourtant plus subtiles.
[superquote pos="d"]Kyrie Irving doit être agressif... mais autrement[/superquote]"Il est l'un de nos joueurs capables de faire la différence en un-contre-un. Mais il doit placer des attaques rapides et intelligentes. Nous avons besoin que Kyrie soit agressif. C'est un joueur spécial. Mais il doit prendre des décisions rapides", explique le stratège de Cleveland à Yahoo! Sports.
La tactique défensive des Warriors consiste à changer de défenseur sur chaque écran, forçant ainsi les Cavaliers à jouer les isolations et les un-contre-un. La circulation de balle a donc été nettement ralentie du côté de Cleveland et c'est justement sur ce point que Lue attend une progression de la part de ses joueurs. Il insiste sur le fait qu'Irving a compris ce qui lui a été demandé mais le jeune homme de 24 ans se contente pourtant de remarques très simples qu'il doit changer à l'approche du prochain match.
"Je dois juste être moi-même et être agressif."
[superquote pos="d"]"Il doit placer des attaques rapides et intelligentes." Lue[/superquote]Kyrie Irving a-t-il saisi les nuances que peuvent intégrer justement cette agressivité ? Un joueur comme Klay Thompson, par exemple, est constamment en mouvement, avec ou sans le ballon. Il sprint de la ligne des trois-points vers la ligne de fond, prend un écran, remonte vers la ligne des trois-points, reprend un écran, hérite de la gonfle, pose son dribble directement vers l'avant, prend un écran, passe la gonfle, coupe dans la foulée, reprend un écran, ressort, récupère à nouveau le ballon et ainsi de suite. Une façon de mettre une pression permanente sur son vis-à-vis sans pour autant couper la circulation de de balle de son équipe. Irving doit profiter de son aisance en dribble pour provoquer ses adversaires quand ces derniers ne sont pas encore positionnés sur leurs appuis, d'où l'intérêt de jouer plus vite en transition pour Cleveland. Si son adversaire direct ne mord pas à la feinte, il doit lâcher la gonfle et opérer sans le ballon jusqu'au moment où la défense perd pied.

Ce 'Big Three' peut-il vraiment gagner ?

Le jeu entier des Cavaliers ne repose pas sur lui et les points à améliorer sont nombreux dans l'Ohio. LeBron James n'est pas aussi dominant que l'an passé, la défense est inconstante, Lue doit revoir sa tactique, etc, etc. Et Kyrie Irving est tout à fait capable de claquer 38 points... tout en ne faisant pas gagner son équipe. Ou alors juste une fois ou deux. La question est de savoir si le jeune homme est conscient ou non de ce qu'il peut faire pour vraiment aider sa franchise. Alors, oui, LeBron et Love savent qu'ils seront en première ligne si les Cavaliers perdent cette finale sans au moins sauver l'honneur. Oui, Irving ne sera pas loin derrière lorsque les critiques s'abattront sur la franchise de l'Ohio. Ce sont des évidences. Quelques interrogations restent en suspens, notamment autour du cas du meneur des Cavs. On peut aussi se demander si ce 'Big Three' est réellement en mesure de gagner un titre. Sont-ils vraiment complémentaires ? Si non, comment évoluer ? Ce sont des questions que se poseront peut-être les dirigeants des Cavaliers d'ici quelques semaines. Un casse-tête que Kyrie Irving peut éviter à ses employeurs s'il trouve la clé pour créer du liant entre les différentes stars de l'effectif sans pour autant travestir sa vraie nature de scoreur.