DeMar DeRozan, l’autre gamin de Compton

DeMar DeRozan est discrètement passé du statut de joueur peu considéré à celui d'All-Star. Pur produit des playgrounds californiens où il fréquentait James Harden, l'arrière des Raptors a l'ambition d'emmener son équipe aussi loin que possible en playoffs.

DeMar DeRozan, l’autre gamin de Compton
Ces dernières semaines aux Etats-Unis, un pur produit de Compton en Californie a focalisé l'attention. Victorieux au Superbowl avec Seattle, Richard Sherman a régalé la presse avec des punchlines quotidiennes et un comportement de showman qui lui a valu les critiques de l'Amérique bien pensante. Un autre gamin de la "capitale de la violence" comme la décrivent les médias US, est en train de faire parler de lui dans un style plus discret et feutré. Auteur d'une progression remarquable cette saison après avoir fait planer le doute sur son réel potentiel pendant 4 ans, DeMar DeRozan ne passe pas ses journées à trashtalker ses adversaires comme le cornerback des Seahawks. Plutôt que de copiner avec les thugs locaux, lui passait ses journées sur le playground, attendant les affrontements avec l'autre star du coin, James Harden.
"C'est un stéréotype de dire qu'il n'y a que de la violence et des bad boys à Compton. On n'est pas obligé de faire partie d'un gang quand on vit là-bas. On a grandi ensemble avec James Harden et c'était toujours fun de s'affronter quand on avait 13-14 ans. Il avait un an de plus et il m'obligeait toujours à progresser", a-t-il souligné dans un entretien accordé à Grantland.

Passé de dunkeur à joueur offensif complet

Le seul gang dont fait partie DeRozan a surpris tout le monde alors qu'on le donnait bon pour une saison de tanking. Calmement, l'ancien de la fac d'USC est en train de prouver avec les Raptors qu'il est plus qu'un shooteur compulsif et un dunkeur de concours. En l'espace de quelques mois, le voilà passé de joueur sympathique à regarder mais sans espoir de reconnaissance, à un All-Star dont la team pointe au 3e rang de la Conférence Est. Sa prolongation de contrat pour 4 ans en 2012 avait même fait grincer quelques dents, certains avançant que l'intéressé n'avait pas la constance et les qualités requises pour être un vrai joueur d'avenir. Sauf que Jerry Colangelo, en place lors de la re-signature, n'avait vraiment pas envie de faire la même erreur qu'il y a quelques années, lorsqu'il avait laissé Joe Johnson quitter Phoenix alors qu'il s'épanouissait sous le leadership de Steve Nash. En recrutant Kyle Lowry, lui aussi très intéressant cette saison, les dirigeants canadiens se sont assurés que DeRozan puisse bénéficier à son tour d'un meneur digne de ce nom. [superquote pos="d"]"Ce n'était pas facile de voir Rudy partir. Il m'enlevait beaucoup de pression".[/superquote] Passé de 18 à 22 points de moyenne par match dans un style plus maîtrisé qu'auparavant, le #10 de Toronto est un bon camarade. Alors qu'il est évident que le départ de Rudy Gay lui a permis d'éclore, il se refuse à incriminer l'ailier des Raptors et sa boulimie de shoots.
"Ce n'était pas si facile de voir Rudy partir. On peut dire ce qu'on veut, mais il m'enlevait beaucoup de pression. J'ai compris avec son départ qu'il fallait que je prenne plus de responsabilités et que j'en fasse un peu plus dans tous les domaines avec Kyle".

Il rêve de retrouver Miami en demi-finale

DeRozan et Lowry sont clairement responsables du superbe parcours de Toronto. Le step up simultané des deux hommes conjugué à la bonne gestion de Dwane Casey et à la médiocrité ambiante à l'Est ont placé la franchise canadienne dans une drôle de configuration. En l'état actuel des choses, les Raptors affronteraient Brooklyn, avec une possible demi-finale contre Indiana ou Miami. Une hypothèse tout à fait plausible pour DeMar DeRozan, qui a même une petite préférence quant à l'adversaire qui se trouvera sur son chemin.
"Ce n'est pas irréaliste de dire qu'on peut poser des problèmes à Miami ou Indiana. Cette saison, on joue bien contre tout le monde. Il n'y a que deux équipes au-dessus de nous ! J'aimerais affronter Dwyane Wade, c'est un modèle, et j'adore jouer contre lui. C'est toujours l'un des meilleurs arrières de la ligue et un adversaire de choix. J'essaye à chaque fois de donner mon maximum contre le Heat. J'ai beaucoup de respect pour lui".
DeRozan ne ment pas. Le Heat est, outre Philadelphie, l'adversaire contre lequel il affiche la meilleure moyenne de points cette saison (24). S'il reste encore pas mal de temps à tenir pour les Raptors, rien ne les empêche aujourd'hui de rêver à une post-saison excitante. Avec un DeMar DeRozan prêt à poursuivre sa progression, aller à Toronto aura tout d'un traquenard pour à peu près n'importe quelle équipe à l'Est...