Pourquoi les Nuggets ne retourneront pas en finales de Conférence avant trois ans

Equipe très séduisante pendant les playoffs, les Denver Nuggets, héroïques en 2020, ne reviendront pas nécessairement plus forts dans les années à venir.

Pourquoi les Nuggets ne retourneront pas en finales de Conférence avant trois ans
Forts. Fiers. Les joueurs des Denver Nuggets peuvent quitter la scène de Disney la tête haute. Battus par les Los Angeles Lakers ce weekend, éliminés de la bulle après plus d’un mois d’exploits absolument historiques. 4-1. Le score est sévère. Il ne reflète pas tout à fait la physionomie d’une série qui pouvait basculer en faveur de la franchise du Colorado après trois matches. Au final, l’équipe la plus forte se qualifie pour les finales NBA. Assez logiquement. Les victoires morales ne comptent pas toujours. Mais pour Nikola Jokic et ses camarades, cette campagne reste pleine de succès. Ils ont réussi l’exploit de remonter le Jazz qui menait 3-1 au premier tour. Puis rebelote contre les Clippers – favoris pour le titre ! – en demi-finale de Conférence. Deux comebacks fantastiques à la suite. Incroyable. Du jamais vu en NBA, tout simplement. Avec, à chaque fois, des performances héroïques, des remontées fantastiques en seconde mi-temps, des actions spectaculaires, etc. Suspense, combats intenses, émotions… les Nuggets nous ont tout donné pendant plus d’un mois. Et c’était beau, vraiment. Pour beaucoup, il s’agit d’une promesse. Celle de rapidement revoir Denver au sommet. Peut-être encore plus forts. Peut-être encore plus haut. Comme si le groupe de Mike Malone venait de prendre rendez-vous avec un futur encore plus glorieux. Baaaaaaaaaaaaaaaaaaaah, pas sûr. Allons, entrons dans le vif du sujet, piquons les supporteurs du Colorado (Big UP à ceux qui ont tenu pendant les années difficiles avec Antonio McDyess, dédicace à ceux qui ont flashé à l’époque de Carmelo Anthony). Cette équipe est belle, elle dispose d’un potentiel évident mais rien ne garanti qu’elle ne franchisse un plateau encore plus élevé l’an prochain. Ou même dans deux ans. Voire trois.

Une concurrence terrible à l'Ouest dès 2021

Déjà parce qu’il faut bien comprendre que la concurrence va devenir de plus en plus rude au sein de la Conférence Ouest. 2020, finalement, c’était l’année pour éventuellement aller loin en playoffs : des Golden State Warriors en transition, deux équipes de Los Angeles en rodage, un Luka Doncic encore tendre… ça va changer rapidement. Les Clippers vont revenir revanchards l’an prochain. Malone le disait lui-même « cette équipe était la plus forte. » Kawhi Leonard et ses partenaires se sont plantés en beauté. Mais ils restent impressionnants sur le papier. Quelques ajustements, des longues discussions et une petite remise en question pendant l’été et cette armada peut repartir en reconquête. Sur le papier, ça reste plus fort que les Nuggets. Et ça l’était aussi sur le terrain pendant quatre matches. Jamal Murray et compagnie ont surtout été plus costauds dans la tête – et ça n’enlève rien à leur superbe victoire. Les Warriors avancent un peu dans le flou avec les retours de blessure de Klay Thompson, Stephen Curry et même Draymond Green. Il y a aussi l’incertitude lié au deuxième choix de la draft. Quoi qu’il arrive, les Californiens seront solides et revanchards. Eux aussi, potentiellement, sont au-dessus de l’escouade de Denver. Plus grande concentration de talents majeurs, plus d’expérience, aussi. Les Mavericks, à l’inverse, paraissent encore un cran en-dessous. Mais pour combien de temps ? Luka Doncic est promis à très, très, très, très vite intégrer le top-5 de la NBA sur le plan individuel. Et il a montré lors de ses premiers playoffs qu’il pouvait déjà mener son équipe. En passant encore un cap, la franchise texane peut brûler une étape… et sauter par-dessus Denver dans la hiérarchie. Les Lakers resteront les favoris aussi longtemps que LeBron James et Anthony Davis évolueront ensemble sur le terrain. Après tout ça, ça reste du théorique. Et la théorie, les Nuggets ont démontré qu’ils n’en avaient rien à secouer.

Les Denver Nuggets, encore plus forts dans la bulle ?

[caption id="attachment_569196" align="alignnone" width="1155"] NBA Jamal Murray vener[/caption] Prenons tous un peu de recul sur ces playoffs. Aussi passionnants soient-ils, est-ce que les résultats surprenants ne sont-ils pas aussi le fruit de la bulle ? On adore – vraiment beaucoup – le Heat, mais est-ce que l’on s’attendait réellement à retrouver Miami en finales ? Honnêtement, non. Est-ce que l’on voyait Denver aller si loin ? Non plus. Peut-être qu’on est juste mauvais en pronostics. Mais ces conditions si particulières, avec les joueurs confinés entre eux au même endroit, semblent apporter un facteur en plus. D’où ces beaux groupes soudés qui renversent des montagnes. Peut-être que les Nuggets seront moins performants dans un contexte moins épidémique. Ça va sembler aberrant comme raisonnement pour certains – et attention le champion 2020 ne sera pas un champion au rabais, on vous voit venir – mais la bulle a peut-être joué à l’avantage de certaines équipes un peu moins talentueuse. La même réflexion peut s’appliquer à des joueurs. Comme Murray par exemple. Fantastique à Disney. Mais qui n’était même pas dans le top-6 ou 7 de la ligue sur sa position avant les playoffs. Le terme « superstar » a même été employé pour le définir aujourd’hui. On aimerait temporiser. Il n’y est pas. Un GM tenait à le signaler aussi. Au fait, c’est quoi, une superstar NBA ?
« Je pense qu'il sera probablement un All-Star, mais je ne sais pas s'il a vraiment joué à un niveau proche d'une superstar NBA dans cette bulle. Et je ne suis pas sûr qu'il soit capable d'atteindre ce niveau. » « Je ne sais pas s'il est capable d'avoir une telle régularité avec son tir sur une longue durée. Mais bien sûr, il reste un très bon joueur. Il va probablement s'imposer comme un All-Star. Mais selon moi, il ne va pas changer le jeu comme une superstar. Je ne suis pas convaincu de sa constance. Peut-être qu'il peut le faire, il est encore jeune. Mais je pense que son véritable niveau est légèrement en-dessous par rapport à ce qu'il a réalisé », ajoutait un scout.

Des raisons d'y croire

Au meneur canadien de nous donner tort. 23-24 points de moyenne, un statut d’All-Star en 2021, pas de soucis, on veut bien y croire. Mais une première option (bis) avec Jokic qui mène les Nuggets année après année au sommet de la Conférence Ouest… on est moins convaincu. Les dirigeants auront d’ailleurs quelques dossiers à gérer. Paul Millsap sera libre cet automne. Jerami Grant, fort de ses très bons playoffs, songerait aussi à renoncer à sa dernière année de contrat pour négocier un deal plus juteux. Un très beau parcours, des free agents à prolonger au prix d’or et voilà comment une belle équipe – mais pas une grande équipe – peut se retrouver coincée juste en-dessus du gratin de la ligue. Les Portland Trail Blazers, finalistes à l’Ouest en 2019 et éliminés au premier tour cette année, en savent quelque chose. Les Nuggets seront-ils juste un coup d’une fois ? Il y a quand même de nombreuses raisons de croire en eux. Déjà, leurs deux meilleurs joueurs, Jokic et Murray, sont encore jeunes. Ils vont progresser. Leurs plus belles années restent à venir. Sans oublier Michael Porter Jr, rookie au talent indéniable et au potentiel très intéressant. Le tout est coaché par l’excellent Mike Malone. Ça peut faire des dégâts pendant longtemps. Mais peut-être pas jusqu’en finales de Conférence.