La semaine avait commencé avec notre papier sur le nouvel état d’esprit apporté par Dillon Brooks à Phoenix. Elle s'est poursuivie avec une confirmation éclatante. Face à Houston, son ancienne équipe, Brooks a rappelé pourquoi il est devenu le moteur émotionnel et défensif des Suns. Phoenix a été dominé, mais Brooks a encore imposé son empreinte, entre agressivité, scoring et duel psychologique permanent.
Dans un match où Kevin Durant n’avait pas fait le déplacement, toute la dramaturgie s’est concentrée sur Brooks et ses retrouvailles musclées avec les Rockets. L’ailier a fini avec 29 points, meilleur marqueur de son équipe, mais surtout avec une série de séquences intenses qui ont rythmé la soirée : coups d’épaule sur Adams, provocations, échanges rugueux et art consommé pour entrer dans la tête de l’adversaire.
Jabari Smith Jr. a vite compris que rien n’avait changé : un premier échange de coups de coude, une faute offensive obtenue dans la foulée, et Brooks qui s’installe mentalement dans le match.
Comme souvent, il a aussi visé le banc adverse, accusant Houston de flops répétés. « Je n’ai jamais vu autant de flops récompensés », a-t-il regretté.
« On aurait dit un match FIBA. On ne pouvait pas être physiques, alors que les Rockets l’étaient, en attrapant et en tenant. Dès que nous, on essayait, il y avait une faute. Il faut qu’ils regardent ça, parce que c’est comme ça tous les soirs. »
Les observateurs et fans le savent, Dillon Brooks joue à la limite. Six fautes techniques cette saison déjà, dont une prise alors qu’il était en civil sur le banc. Mais ce que certains voient comme de la provocation, d’autres y lisent un moteur compétitif rare.
Willie Green, interrogé récemment sur son rapport à Brooks, avait résumé son sentiment en un sourire : « Je respecte ce qu’il fait. Il adore relever les défis. Il apporte de la compétition chaque soir. Mais… oui, il y a aussi de la provocation. »
Chris Finch, habitué des confrontations entre Anthony Edwards et Brooks, en avait offert une autre lecture. « Il y a une poignée de gars que tu n’aimes pas quand ils ne sont pas dans ton équipe. Il fait une saison énorme, et il prend la mission de défendre le meilleur joueur quasiment chaque soir. C’est comme être cornerback en NFL : tu te mets en danger si tu n’as pas le bon état d’esprit. »
En Arizona, cet état d’esprit est devenu vital. Avec Jalen Green blessé, les Suns ont besoin d’un deuxième scoreur stable derrière Devin Booker. Brooks répond présent : 21,4 points de moyenne avant le match, à 45,4% au tir, ses meilleurs chiffres en carrière.
« Ce que Dillon Brooks a fait pour nous était inestimable » - Ime Udoka
Jordan Ott, son coach, insiste sur sa polyvalence : création, catch-and-shoot, agressivité contrôlée et lecture collective. Face à Houston, après un début timide, Brooks a retrouvé la flamme dans le deuxième quart-temps : un trois points, un fadeaway, deux drives consécutifs, et à chaque fois un regard noir vers le banc des Rockets. Neuf points de suite, l’ADN du personnage.
Mais au-delà de la tension et de l’électricité, les liens avec Houston restent solides. Après le buzzer, les accolades se sont multipliées : Alperen Sengun, Jabari Smith Jr., Fred VanVleet, Amen Thompson, puis Steven Adams, hilare : « Content de te revoir, mon frère. Je te démonterai la prochaine fois. »
Brooks a répondu dans la même veine : « Content de te voir aussi. » Udoka, lui, a résumé l’importance de Brooks pour son ancienne franchise : « Ce qu’il a fait pour nous était inestimable. Il nous a aidés à changer la culture, l’environnement et la compétitivité de cette franchise. Je l’adore et j’ai énormément de respect pour lui. »
Entre intensité pure, rôle offensif croissant et leadership rugueux, Brooks incarne aujourd’hui ce que Phoenix cherchait : une identité, un ton, une dureté. Le 5 décembre à Houston, le deuxième round avec les Rockets s’annonce déjà volcanique.
