Gordon Hayward aux Hornets, pourquoi c’est (presque) un bon move

Gordon Hayward rejoint les Charlotte Hornets pour 120 millions sur quatre ans. C'est beaucoup, certes, mais le move a quand même du sens.

Gordon Hayward aux Hornets, pourquoi c’est (presque) un bon move
C’est le deal le plus surprenant de ce premier weekend (fou) sur le marché NBA. Et de loin. 120 millions de dollars sur quatre ans offerts à Gordon Hayward – qui venait de refuser son option à 34 M – par les Charlotte Hornets. Le montant est surprenant. La durée du contrat est surprenante. La destination est surprenante. Alors tâchons de mettre tout ça au clair, point par point. Gordon Hayward signe aux Hornets pour 120 millions de dollars ! D’abord, la somme. 120 plaques. L’argent est le nerf de la guerre. 120 millions pour Hayward, ça frappe. Presque au point de faire oublier le reste. 30 millions la saison donc. Et à titre de comparaison prise hors contexte, son nouveau salaire se retrouve dans le même ordre de grandeur que ceux de Kawhi Leonard ou Jimmy Butler (34).

Encore un salaire mirobolant pour Gordon Hayward

Même un peu plus. Parce qu’aux 30 millions s’ajoutent les 9 millions que les Hornets vont débourser chaque année pour Nicolas Batum – alors même qu’il portera une autre tunique. Car pour signer leur nouvelle star, les frelons ont été contraints de couper l’ailier français et de « d’étirer » ses 27 millions sur trois saisons. C’est beaucoup. Mais en NBA et dans la vie de tous les jours, tout ne s’exprime pas en valeur absolue. Il ne faut pas juste voir 30 millions. Il faut prendre en compte la valeur du Cap. Malgré la crise sanitaire, le break de cinq mois et l’absence de public dans les salles, la ligue est parvenue à maintenir son Cap à 109 millions. Une baisse… par rapport aux estimations. Mais un montant identique à la saison dernière. Il est fort probable que ce chiffre remonte bientôt. Donc dans un an, ou deux au plus tard, ces 30 millions n’auront plus le même impact. Plus la même place. Et donc plus la même valeur relative. Meyers Leonard est à plus de 9 millions la saison au Miami Heat avec son nouveau deal. Malik Beasley va prendre 15 millions par an aux Minnesota Timberwolves. Gordon Hayward est un meilleur joueur. Le LISTING complet de tous les trades et signatures Par contre, il se dirige vers ses 31 ans et sort de trois saisons marquées par diverses blessures dont une terrible fracture de la cheville en 2017. Elle est là, la principale différence. Il est là, le vrai point noir de ce deal. Voilà pourquoi les 120 millions font grincer des dents. Dans quel état de santé sera le joueur la saison prochaine ? Et dans trois ans ?

Les Hornets obligés de surpayer ?

De quoi avoir peur. Ce deal peut tourner à la catastrophe si le corps du bonhomme lâche encore une fois. D’où les frayeurs liées non seulement au montant mais aussi à la durée : quatre ans fermes ! En 2023, quand s’il marque le pas à 34 ans, les 30 millions seront particulièrement élevées… et potentiellement impossibles à refourguer. Les Hornets ne pouvaient pas le dénicher en proposant 90 millions sur trois saisons seulement ? La question se pose. Hayward ne pouvait de toute façon pas prétendre à plus ailleurs. La quatrième année semblait-elle vraiment nécessaire ? Seules les parties concernées ont la réponse mais ça fait réfléchir. Michael Jordan aurait tout de même eu besoin d’intervenir pour convaincre le joueur de signer, alors que celui-ci tenait réellement à rejoindre son Indiana natal. Oui, 120 millions, ça fait un paquet de dollars. Mais Charlotte reste un (tout) petit marché à l’échelle NBA. Une organisation obligée d’aligner les billets verts en masse pour convaincre quiconque de venir y mettre les pieds. Mais avoir énormément d’espace sous le Cap ne sert à rien aux Hornets. Pour signer qui ? Hein, à qui pouvaient-ils prétendre en 2021 ? Giannis Antetokounmpo ? Kawhi Leonard ? Qui donc ? Les 30 millions annuels vont prendre de la place. Mais ce n’est de toute façon pas comme si les Hornets allaient soudainement se retrouver à la lutte pour signer une superstar.

Gordon Hayward, toujours un très bon joueur de basket

C’est évidemment toujours mieux d’avoir de la marge. De la flexibilité. Bien sûr. Mais encore une fois, prenons du recul. Contexte matters. Gordon Hayward n’est pas Chandler Parsons. Ses genoux fonctionnent. Et même avec son lot de pépins physiques, il jouait 52 matches la saison dernière. Pour autant de titularisations aux Boston Celtics. Ses moyennes ? 17,5 points, 6,7 rebonds, 4,1 passes, 50% aux tirs et 38% à trois-points. Tout ça en étant la troisième ou quatrième option offensive de l’équipe par moment. C’est plus que correct. Changez le nom du gus, mettez les mêmes statistiques et l’opinion générale change subitement. C’est encore un très bon joueur de basket. Il sera peut-être même encore plus fort et plus productif en 2021. Parce qu’il faut du temps pour reprendre de l’explosivité après une grave blessure à la cheville. Du temps pour reprendre ses marques. Sa confiance. Deux, trois saisons. Il arrive pile au moment où il semble en mesure de reprendre son envol. Peut-être qu’il ne sera plus jamais le joueur All-Star qu’il incarnait à Utah. Mais pariez sur un exercice à plus de 20 points par match. En jouant propre. En servant de meilleur scoreur et de deuxième playmaker au côté du troisième choix de la draft LaMelo Ball. Gordon Hayward est le complément parfait pour un meneur fort en dribbles, fort à la création et en pick-and-roll. C’est pourquoi les Celtics l’avaient associé à Kyrie Irving. Ça n’a pas marché, OK, pour des raisons connues de tous. Mais sur le papier, ça colle.

ENFIN un peu de kiff à Charlotte !

Avec le rookie prometteur mais aussi PJ Washington, Miles Bridges et Devonte Graham (un brin surcoté… mais c’est un autre débat, mettons juste de l’huile sur le feu) (38% aux tirs, un PER moyen et moins de « Win Shares » que Cody Zellerjust saying), l’effectif des Hornets est intrigant. Washington, Ball et Hayward, c’est la promesse d’un basket collectif. De belles séquences de jeu. Et enfin d’un peu d’enthousiasme ! Et ça, à Charlotte, ça compte. Il faut comprendre la situation dans laquelle se trouve la franchise. Elle ne passionne pas. Elle ne passionne plus ! Une équipe tellement sexy dans les 90… mais qui peinait déjà à remplir sa salle, d’où aussi son déménagement vers New Orleans (pour devenir les Pelicans ensuite, tandis que, plus tard, les Charlotte Bobcats reprendront le nom des Hornets). Il faut vendre des tickets. Créer de l’engouement. Ramener du monde à salle, enfin, après le COVID-19. Les Hornets ne peuvent pas compter sur la base de fans des Knicks. « Buzz City » n’a justement plus aucun buzz. Là, ça fait parler. Et Ball et Hayward, ça joue. Bien sûr qu’une franchise en reconstruction ferait mieux de se concentrer sur le développement de ses jeunes talents. C’est aussi ça la surprise dans ce deal. Les dirigeants ont amorcé une reconstruction l’an dernier pour finalement repartir à la chasse dès cette intersaison. Bâtir un projet, ça prend du temps. Il faut bien drafter. Faire progresser un noyau dur ensemble. MJ n’a visiblement jamais cette patience. C’est sans doute dommage pour les Hornets. Il y avait des paris à tenter sur ce marché. Christian Wood (41 millions sur trois ans aux Houston Rockets) qui aurait été parfait dans la peinture. Harry Giles. De’Anthony Melton. Des joueurs jeunes et Free Agents. L’argent pouvait être investi ailleurs.

Les Hornets déterminés à ne pas tanker

Mais ce n’était pas l’ambition du management apparemment. Rappelons que les Hornets, avant la draft, visaient Russell Westbrook. 120 millions sur quatre ans pour Gordon Hayward ou 130 millions sur trois ans pour Russ ? Vous préférez quelle option ? Les deux ont des blessures à répétitions. Sauf que l’un des deux peut tirer de loin et donc se maintenir plus longtemps en NBA même après son déclin « athlétique. » En draftant LaMelo Ball, la franchise s’est écarté du dossier Westbrook mais sans faire une croix sur son envie de revenir dans la course aux playoffs (enfin… à la dixième place – ce qui offre une possibilité de participer aux barrages pour les playoffs). Ça semble important néanmoins d’entourer le plus jeune frère de Lonzo Ball avec des vétérans plutôt que de le bombarder au sein d’un vestiaire très, très jeune. Pour son propre équilibre. D’ailleurs, cette arrivée démontre à quel point la franchise lui fait confiance. La prochaine star, c’est lui. Après, Gordon Hayward n’est pas un leader. Il n’est pas celui qui va cadrer un locker. Lui seul ne suffit pas. Mais si c’est la direction que prend Charlotte, en ajoutant peut-être un ou deux joueurs expérimentés, c’est intéressant. C’est juste à se demander pourquoi avoir renoncé à Kemba Walker il y a un an pour finalement ne pas reconstruire de zéro. Ce n’est pas la signature du siècle. Mais ce n’est pas la pire. Loin de là. Tâche maintenant à Hayward et aux Hornets de prouver que leur plan déroutant peut fonctionner. Le Grand LIVE de la Free Agency NBA équipe par équipe