Jokubaitis, la folle histoire de son usurpation d’identité

L'histoire qui est arrivée à Rokas Jokubaitis il y a quelques années semble tout droit sortie d'une série télé. Et pourtant...

Jokubaitis, la folle histoire de son usurpation d’identité

Rokas Jokubaitis était en pleine bourre dans ce début d'Eurobasket 2025 avec la Lituanie. Malheureusement, le nouveau meneur du Bayern Munich s'est blessé au genou et ne jouera plus du tournoi.  Un coup dur pour les Lituaniens, qui espéraient pouvoir jouer les trouble-fêtes pour une médaille.

Jokubaitis, l'un des joueurs les plus populaires du pays, a vécu des moments compliqués par le passé, même si cela a parfois été plus indirectement lié au basket que cette grave blessure. Le récit raconté il y a quelques années par le journaliste Rob Karaznevic semble tout droit sorti d'une série Netflix, mais c'est pourtant bien une histoire qui a concerné Jokubaitis.

Elle se déroule donc en Lituanie, où vous n'êtes pas sans savoir que le basket est un peu comme une religion. Les joueurs de l'équipe nationale et des clubs majeurs du pays sont reconnus par à peu près 90% de la population.

Il est allé très, très loin

Le récit démarre avec un simple "match". Pas sur le parquet, mais sur Tinder, où une jeune femme se retrouve à discuter avec un homme de son âge, un certain Rokas Jokubaitis, joueur de basketball de son état. La demoiselle n'est pas très versée dans le basket et ne sait pas que Jokubaitis, 20 ans, est l'un des joueurs les plus prometteurs de Lituanie et, déjà, un élément important du mythique club du Zalgiris Kaunas.

Elle fait tout de même quelques recherches préventives sur Google et en vient à penser qu'il s'agit peut-être bien du meneur, deux fois champion de Lituanie et star du Big Baller Brand Game organisé à l'époque par LaVar Ball pour ses deux fistons.

La jeune femme accepte donc de le rencontrer. L'homme qui se présente comme Jokubaitis débarque au rendez-vous au volant d'une Volkswagen Arteon, le véhicule officiel des joueurs du Zalgiris. Sur la voiture, se trouvent également tous les logos officiels de l'équipe. Le doute est définitivement dissipé pour elle lorsque son rencart du jour sort de sa voiture en tenue complète du Zalgiris, avec une tenue floquée au nom de Jokubaitis. Le "date" s'étant bien passé et la jeune femme étant sous le charme, les deux tourtereaux commencent à se fréquenter assidument pendant plusieurs semaines.

Rien ne laisse alors penser à la victime que l'homme avec lequel elle passe ses nuits n'est pas Rokas Jokubaitis, mais Viktor Babajev, usurpateur d'identité. Tous les matins, Babajev quitte sa petite amie pour se rendre à l'entraînement du Zalgiris et revient toujours avec une impressionnante variété d'équipements (maillots, sacs, valises, etc...) à l'effigie du club. Babajev, dont la ressemblance avec Jokubaitis est suffisante pour piéger la demoiselle, visionne même la rediffusion de "ses" matches le soir, en lui demandant si elle est impressionnée par telle ou telle action dont il est à l'origine.

En déplacement, il lui fait suivre des vidéos de l'hôtel des joueurs, mais aussi de ses rencontres avec des fans qui l'interpellent en lui demandant comment il va. Lorsque les amoureux sont ensemble, il leur arrive d'aller dans des magasins, où Jokubaitis effectue ses achats sous le nom du meneur lituanien.

10 000 euros volés

Après deux mois de relation, la dynamique change. "Jokubaitis" demande à sa petite amie un coup de main pour l'aider à réparer une erreur des impôts qui lui vaut d'avoir sa carte bleue bloquée jusqu'à nouvel ordre. Il la convainc assez rapidement de lui prêter de l'argent. Aucun problème, se dit-elle. Après tout, son chéri est une star du basket et ne va pas disparaître du jour au lendemain. Elle lui donne ainsi plus de 10 000 euros en espèces, sans trop s'inquiéter.

Si tout ou presque avait été parfait jusqu'ici, Babajev relâche sa vigilance et laisse traîner son smartphone sans surveillance. Sa compagne décide d'y jeter un coup d'oeil et découvre la vérité, à l'aide de SMS, de photos et de fausses pièces d'identité scannées. Lorsqu'elle le confronte, "Jokubaitis" continue d'affirmer qu'il est bien celui qu'il prétend être et invite la jeune femme à consulter un psychologue avant de revenir le voir.

La guêpe, pas folle, se rendra finalement à la police, qui arrête l'usurpateur à Vilniu peu aprèss. Ce dernier, alors âgé de 23 ans, n'en était pas à son coup d'essai. Il y a quelques années, il aurait également opéré de la sorte en Angleterre, en se faisant passer pour un joueur des London Lions, équipements et trophées à l'appui...