Les Clippers, les autres grands vainqueurs de l’été

Souvent placés mais jamais gagnants, les Los Angeles Clippers ont effectué un recrutement complet et intelligent afin de se donner enfin les moyens de viser le titre.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
Les Clippers, les autres grands vainqueurs de l’été
Doc Rivers GM et Doc Rivers Coach vont enfin pouvoir faire la paix. Depuis leurs arrivées conjointes aux Los Angeles Clippers il y a deux saisons, le premier n'a cessé de mettre des bâtons dans les roues des projets du second en recrutant des joueurs ne correspondant pas aux besoins de l'équipe (au cas où cela vous auriez manqué un épisode, Doc Rivers dispose de la double casquette coach-GM à Los Angeles). Les deux hommes ont dû avoir une sérieuse discussion après la nouvelle élimination au second tour des playoffs des Clippers en mai dernier. Pour la première fois depuis deux ans, le recrutement est en adéquation avec les objectifs de la franchise, à savoir le titre NBA. Si l'affaire DeAndre Jordan a fait la une des médias pendant au moins 48 heures, entraînant au passage des scènes de liesse sur Twitter (scène de liesse sur Twitter = quand tout le monde se met à tweeter tout et n'importe quoi en l'espace de quelques minutes. Assez fréquent sur la toile), elle a surtout fait de l'ombre aux excellentes décisions des dirigeants californiens.

Un recrutement complet

Les Los Angeles Clippers ont engagé pas moins de six joueurs cet été (Pablo Prigioni étant la dernière signature en date) afin de boucher les trous au sein de leur effectif. La quantité mais aussi la qualité. Ils ont recruté intelligemment en veillant à renforcer tous les postes. https://www.youtube.com/watch?v=s2k2PLLY5RA La raquette - trop souvent faiblarde derrière les deux marsupilamis que sont Blake Griffin et DeAndre Jordan - prend enfin du poids avec l'arrivée de Cole Aldrich. Ok, le nom ne fait pas rêver mais le pivot à 211 centimètres et plus de 111 kilos. De quoi blinder la peinture. Si l'ancien joueur des New York Knicks est limité par le talent (enfin, à l'échelle de la ligue évidemment), il demeure un intérieur combatif qui n'hésite pas à aller au charbon. Il était même l'un des rares joueurs de la grosse pomme à se défoncer sur le parquet la saison dernière, alors même que son équipe enchaînait dérouillée après dérouillée. Aldrich (5,5 pts et autant de rebonds de moyenne en 16 minutes la saison dernière) n'a que 26 ans et il ne devrait pas avoir de mal à faire mieux que "Baby" Davis ou Ekpe Udoh en back-up de Jordan. Il limitait ses adversaires directs à 51,4% de réussite près du cercle lorsqu'il défendait lui-même le panier, une marque qui le classe au-dessus d'intérieurs réputés comme Joakim Noah, Tristan Thompson ou Greg Monroe par exemple. Le grand gaillard du Minnesota n'est pas un joueur amené à faire la différence mais il peut apporter sa contribution dans la raquette et c'est exactement ce que réclame les Clippers. [caption id="attachment_264191" align="alignleft" width="318"] Josh Smith est l'une de belles pioches de l'intersaison pour les Clippers.[/caption] Toujours dans le but de renforcer leur défense, Doc Rivers GM a mis la main sur Josh Smith. Pour le minimum vétéran. Clairement l'une des meilleures pioches de l'intersaison (NB : les Spurs ont fait fort avec David West au minimum syndical) si l'on prend en compte le rapport qualité/prix. Concentrons nous d'abord sur la défense. Même s'il n'est plus aussi véloce que par le passé, J-Smoove a prouvé lors de son récent passage à Houston qu'il était toujours susceptible de défendre sur des gros gabarits tout en chassant loin du cercle les intérieurs fuyants. Une polyvalence qui manquait clairement aux troupes de Doc Rivers Coach, obligé d'envoyé Blake Griffin ou Matt Barnes sur des ailiers-forts du calibre de LaMarcus Aldridge. Le cauchemar. Avec le meilleur ami de Dwight Howard (qui regrette déjà sûrement son départ des Rockets), les Clips dispose désormais d'un intérieur athlétique susceptible de limiter la casse face aux terreurs de la Conférence Ouest. Autre point positif indéniable : Josh "BRICK" Smith ne jouera pas à l'aile à L.A, ce qui ne peut être qu'une bonne nouvelle pour les fans de la franchise. Bon, pour les autres, c'est sûr, c'est moins drôle. https://www.youtube.com/watch?v=WXMY8Pj51_8 Nous sommes taquins mais Smith a converti 38% de ses tentatives à trois-points lors des derniers playoffs (13,5 pts de moyenne en seulement 23 minutes !) et son apport a été déterminant dans le parcours des Rockets, finalistes de Conférence après avoir fait tomber... les Los Angeles Clippers. Le vétéran devrait plutôt bien s'adapter au sein du jeu rapide porté sur l'offensive des Californiens. Gare aux alley-oops. Acquérir un joueur de ce standing à ce prix là est une belle opération, sans aucune contestation possible. [caption id="attachment_268185" align="alignleft" width="318"] Originaire de L.A, Paul Pierce vient boucler la boucle aux Clippers.[/caption] Les Angelenos ont aussi veillé à se renforcer sur les ailes. Bye, bye le combatif mais peu inspiré Matt Barnes. Hello, Paul Pierce. Deux ans après son départ de Boston, la légende retrouve le coach qui lui a offert sa seule bague de champion NBA. Pierce et Doc Rivers Coach dans le même voilier ? On signe tout de suite. Originaire d'Inglewood, l'ancienne superstar va boucler la boucle à domicile. Et même si ses 37 balais sentent bons les rhumatismes, "The Truth" est sans doute LA meilleure recrue de l'intersaison pour les Clippers. Il se voit lui-même comme la pièce manquante du puzzle à L.A.
"Je ne suis pas là pour être la star mais pour aider du mieux que je peux", annonçait-il dans les colonnes du Los Angeles Times.
[superquote pos="d"]Avec Paul Pierce, les Clippers disposent enfin d'un assassin au sang froid[/superquote]Concrètement, Pierce apporte d'abord du scoring à l'aile dans le cinq majeur, un gros point noir pour Doc Rivers Coach la saison dernière. Ce dernier était contraint d'aligner un Matt Barnes en fin de cycle. On apprécie le bad boy mais ses lacunes offensives ont coûté cher à son équipe. Les adversaires ne prenaient même plus la peine de garder Barnes derrière la ligne à trois-points. Il n'est pas non plus une menace balle en main. A l'inverse, Pierce est capable de faire mouche de loin (39% derrière l'arc l'an passé) et de créer des opportunités de panier pour lui ou ses coéquipiers. Il n'est plus le scoreur gourmand de ses vertes années mais il est toujours capable de planter 15 à 20 points lors de différents matches clés (14,6 pts de moyenne en playoffs avec Washington lors de la dernière campagne). Surtout, il est un assassin expérimenté au sang froid. Enfin un joueur burné à Los Angeles. Les Clippers sont talentueux, c'est indéniable, mais ils ont craqué mentalement à de nombreuses reprises lors des derniers playoffs. De par son leadership et sa capacité à rentrer des tirs importants, Pierce ne laissera pas passer les égarements de la saison précédente (une dizaine de points gaspillés dans le dernier QT contre Houston, etc.) Son arrivée est une bénédiction pour Doc Rivers Coach. Derrière Pierce, la franchise a misé sur le jeune Wesley Johnson. Ancien quatrième choix de draft (en 2010), l'ailier formé à Syracuse a déçu depuis son arrivée en NBA mais il demeure un jeune joueur athlétique susceptible de s'épanouir au sein du système adéquate. Il pourrait profiter des espaces crées par les stars pour obtenir des paniers faciles. [caption id="attachment_149329" align="alignright" width="318"] Si Lance Stephenson retrouve le niveau qui était le sien à Indiana, les Clippers auront réalisé une très belle opération en le recrutant.[/caption] Justement, encore faut-il des joueurs susceptibles de créer du jeu. A Los Angeles, il y a un général sur le parquet : Chris Paul. Derrière, c'est le néant. Le vide. Le trou noir. Le deuxième meilleur playmaker de l'effectif est Blake Griffin (il excelle même dans ce domaine pour son poste) mais le banc manquait clairement de créateurs. Pour combler le manque, les Los Angeles Clippers ont misé sur le revanchard Lance Stephenson. "Born Ready" était sensationnel - et insolent - à Indiana lorsqu'il a contribué au parcours des Pacers jusqu'en finale de Conférence en 2013 et 2014. Engagé par les Charlotte Hornets l'été dernier, il n'a jamais trouvé sa place en Caroline du Nord. Les Clippers ont sacrifié Barnes et le fantomatique Spencer Hawes pour acquérir ses services. Un pari risqué quand l'on connaît la capacité de Stephenson à péter un boulon. Mais Doc Rivers Coach est un expert dans la gestion des ego (il va avoir du boulot) et on lui fait confiance dans sa capacité à remettre le jeune homme dans le droit chemin. [superquote pos="d"]Banc, défense, cinq majeur... Les Clippers se sont renforcés dans tous les domaines clés [/superquote]Car le natif de Brooklyn demeure un playmaker de qualité, certes individualiste par moment, un feu follet susceptible d'enflammer une rencontre en sortie de banc, un shooteur honnête lorsqu'il est laissé seul, un défenseur coriace et un rebondeur de talent pour son poste. N'oublions pas qu'il enchaînait les triple-doubles il y a un an seulement. Les fans ont parfois la mémoire courte, pas les dirigeants. A ce transfert s'ajoute donc la signature récente de Pablo Prigioni, vétéran chevronné aux joutes au plus haut niveau, autant à l'internationale qu'en NBA. L'Argentin viendra soulager Chris Paul sur quelques minutes tout en s'assurant de répartir au mieux les cartouches offensives entre les différents scoreurs californiens.

Une ossature conservée

[caption id="attachment_269533" align="alignleft" width="318"] DeAndre Jordan a donné des sueurs froides aux fans des Clippers mais il portera encore les couleurs de L.A. la saison prochaine.[/caption] Les Los Angeles Clippers ont donc renforcé leur défense, leur banc et leur attaque en l'espace d'un été. C'est fort, très fort. Mais la signature la plus importante de l'intersaison demeure celle de DeAndre Jordan. Que l'on aime ou pas le volleyeur de l'effectif, on ne peut que reconnaître que L.A. aurait été dans l'incapacité de jouer le titre sans son pivot. Il a touché le pactole en restant en Californie et les Dallas Mavericks, plantés dans l'affaire (il a donné son accord verbal avant de se rétracter) devront vivre avec. Jordan a ses lacunes mais il demeure un intérieur ultra athlétique qui assure la protection du cercle (pour tous ceux qui en doutent encore, DAJ limite aussi bien ses adversaires qu'Anthony Davis près du panier). C'est une machine à gober des rebonds, contrer et dunker. C'est un peu tout ce qu'on lui demande à Los Angeles et c'est sans doute ce qui le chagrine. En le conservant, même au prix fort, la franchise s'assure de pouvoir partir à la conquête du titre une nouvelle fois l'an prochain. Chris Paul et Blake Griffin seront à nouveau les superstars de l'équipe. J.J. Redick, excellent dans son rôle, est toujours là. Austin Rivers a montré de belles choses par intermittence en playoffs. Jamal Crawford boude mais il portera encore les couleurs des Clippers la saison prochaine. Le banc, le cinq... bref l'équipe a clairement fière allure. Au point où l'on serait tenté de miser une petite pièce sur une présence en finale de Conférence (pourquoi pas contre les Spurs, les autres vainqueurs de l'été) de CP3 et sa bande. Ce serait une première pour le meneur All-Star. Il est vrai qu'on fait le même constat chaque été. Mais cette fois-ci, Doc Rivers GM s'est clairement donné les moyens d'atteindre les objectifs fixés par Doc Rivers Coach. Les Clippers n'ont plus aucune excuse. Ils ont désormais toutes les cartes en main pour briller en 2016.
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