Michael Jordan, un procès épineux

La fortune de Michael Jordan et ses accords secrets avec Nike et d'autres sponsors risquent d'être étalés sur la place publique dans les jours qui viennent.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / NEWS
Michael Jordan, un procès épineux
Si en France parler concrètement d'argent n'est pas ancré dans les mentalités, les Etats-Unis se sont toujours érigés en nation à l’aise avec ce sujet. Malgré tout, il existe certains intouchables qui préfèrent laisser planer les fantasmes autour de leurs gains réels, qu’il s’agisse de grandes multinationales ou de particuliers à la tête de véritables empires, comme Michael Jordan. Le basketteur le plus célèbre de tous les temps est actuellement au cœur d’une affaire qui n’a pas grand-chose à voir avec sa passion initiale, mais l’oblige à dissimuler férocement les détails qui lui ont permis de réussir une incroyable après-carrière dans le costume de businessman. « His Airness » est actuellement en procès devant la Cour Fédérale avec l’entreprise Safeway, qu’il accuse d’avoir utilisé son nom dans le cadre d’une opération commerciale sans avoir obtenu son accord. Jordan n’étant pas du genre à se sous-évaluer, il n’a pas hésité à demander la modique somme de 10 millions de dollars de dédommagement. Selon ses avocats, c’est environ ce que les entreprises qui traitent généralement avec la star déboursent pour avoir le droit de la mentionner ou d’exploiter son image. Jusque-là, il ne s’agit que d’une affaire plutôt banale comme on en a vu fréquemment avec des célébrités du monde du sport ou d’ailleurs. C’est en revanche la stratégie des avocats de Safeway qui est en train de faire trembler quelques-unes des firmes les plus puissantes d’Amérique. Que ce soit pour mettre Jordan en difficulté et le pousser à retirer sa plainte, ou parce que la manœuvre est pertinente dans ce dossier,  la défense a décidé de demander à MJ et ses partenaires (Nike, Gatorade, Hanes, Upper Deck ou encore la société de jeux vidéo Take-Two Interactive) de révéler les montants exacts de leurs accords financiers. Le contrat de MJ avec Nike autour de Jordan Brand, la manière dont l’argent lui est reversé, la façon dont sont rémunérés les athlètes, son rôle dans le choix des hommes et l’exactitude des chiffres officiels sont aujourd’hui en question. D’accusateur, Jordan est quasiment passé à accusé et il se bat désormais au côté de ses collaborateurs pour que les papiers détenus par le juge John Blakely ne soient pas divulgués sur la place publique. Ce dernier s’est montré assez ferme face aux tentatives de négociations du camp Jordan-Nike & co, toutes les entreprises concernées ayant intenté des actions pour empêcher ce grand déballage. [superquote pos="d"]"Ici, ce sont les Etats-Unis d’Amérique. Vous ne pouvez pas cacher quoi que ce soit."[/superquote]« Ici, ce sont les Etats-Unis d’Amérique. Nos procès sont publics, c’est comme ça que les choses fonctionnent. Vous ne pouvez pas cacher quoi que ce soit. Mais ces documents ne seront pas révélés s’ils n’apportent rien à la question qui nous concerne », a lancé Blakely dans des propos rapportés par Bloomberg. Selon ses représentants, Michael Jordan n’a gagné « que » 100 millions de dollars l’an dernier en sponsoring et 536 millions entre 2000 et 2012. Il se pourrait que ces montants soient inférieurs à la réalité, ce qui poserait évidemment quelques sévères problèmes d’ordre fiscal à l’intéressé… Ce n’est pas la première fois que Jordan et ses représentants tentent de faire fructifier l’image du champion de cette manière, puisqu’en 2012 les supermarchés Jewel-Osco avaient été attaqués pour avoir félicité MJ de son entrée au Hall of Fame dans un message commercial. En se battant pour une somme risible en comparaison de ce qu’est probablement son butin personnel, les avocats de Michael Jordan l’ont mis dans une situation délicate qu’il faudra suivre dans les jours qui viennent. Le procès, censé s’achever le 20 août au plus tard, pourrait permettre de lever le voile sur l’une des fortunes les plus convoitées du pays.
Afficher les commentaires (0)
Atlantic
Central
Southeast
Pacific
Southwest
Northwest