Michael Porter Jr a dit des âneries sur la WNBA

Michael Porter Jr a voulu parler des salaires des joueuses WNBA et du basket féminin. Il aurait dû s'abstenir.

Michael Porter Jr a dit des âneries sur la WNBA

On se disait que cela faisait pas mal de temps que Michael Porter Jr n'avait pas attiré une lumière négative sur lui. L'ailier des Nuggets, qui en avait fait tiquer quelques uns au plus fort du mouvement Black Lives Matter, puis de la crise du Covid, s'est attiré les foudres des joueuses et suiveurs de la WNBA cette semaine.

Jusque-là plutôt considéré comme un allié - il joue avec les chaussures signatures de Breanna Stewart et a suivi ses deux soeurs aînées à la fac de Missouri - "MPJ" a sorti quelques âneries dans le podcast "Pivot" au moment d'évoquer la meilleure ligue féminine de la planète. Notamment en ce qui concerne la supposée volonté des joueuses d'avoir des salaires aussi élevés que leur homologues de NBA.

"Les joueuses WNBA sont très talentueuses, mais un célèbre joueur de ping pong l'est aussi. Le meilleur joueur de ping pong du monde est aussi talentueux qu'un joueur de basket, mais ça ne veut pas dire qu'il doit être payé autant. Tout dépend de ce que les gens ont envie de regarder. J'ai beau comprendre que les femmes veuillent le même traitement que les hommes au basket, c'est un sport différent. Les salles ne sont pas remplies, les droits télé ne sont pas les mêmes.

Je me fais l'avocat des femmes, de leur qualité, du respect qu'il faut avoir pour leur art et tout ça, mais tu ne peux pas les payer autant que les hommes. [...] Elles doivent baisser la hauteur du cercle. Je pourrais parfaitement regarder une fille driver et claquer et dunk". 

Michael Porter Jr : pourquoi il a cru qu'il ne rejouerait jamais au basket

Premièrement, AUCUNE joueuse WNBA n'a jamais réclamé le même salaire qu'un joueur NBA. Dans leur immense majorité, ces athlètes savent parfaitement qu'elles ne génèrent pas autant d'investissement, d'engagement et d'argent. En revanche, ce qu'elles demandent, c'est une meilleure répartition de l'argent qui est généré, à savoir un pourcentage aussi élevé que ce qui se produit chez les hommes, où les joueurs NBA touchent 50% des revenus liés aux droits télévisés et au sponsoring. La joueuse la mieux payée en WNBA, Jewell Loyd, touchera 250 000 dollars de salaire annuel en 2025. C'est déjà une amélioration depuis le dernier CBA, mais c'est encore amené à grimper, comme le font les audiences ces dernières années.

Elles réclament aussi, à juste titre, une meilleure couverture médiatique et la possibilité d'attirer davantage d'investisseurs, ce qui est d'ailleurs le cas depuis trois saisons, avec l'arrivée de propriétaires plus fortunés ou plus célèbres, à l'image de Tom Brady (à Las Vegas) ou Dwyane Wade (à Chicago) pour ne citer qu'eux. De meilleurs conditions pour effectuer leur travail aussi, en ce qui concerne les modalités des déplacements en avion, ou de vivre leur souhait de maternité, même si là aussi il y a eu quelques progrès ces dernières années.

Ensuite, sur la question de l'abaissement du panier, les joueuses sont majoritairement contre aussi. On a parfaitement le droit de n'aimer regarder du basket que lorsqu'il y a des dunks dans un match, mais ça ne représente que 1% des situations de jeu dans une rencontre NBA. Aime-t-on d'ailleurs vraiment le basket en tant que tel lorsque l'on est incapable d'en apprécier d'autre aspects que le dunk ? C'est une autre forme de basket qui est pratiqué en WNBA et dans les meilleures ligues européennes. Plus de collectif, de tactique, même si là aussi les meilleures individualités peuvent sortir du lot. Un peu moins de spacing à outrance et de shoots à 3 points, bien qu'il s'agisse d'une tendance grandissante. Quelque part, et c'est un avis très personnel, on y retrouve davantage les fondamentaux du basket et un spectacle pas moins divertissant. Qu'il s'agisse des joueuses actuelles ou des stars de demain comme Caitlin Clark, Cameron Brink, Paige Bueckers, Hannah Hidalgo ou JuJu Watkins (qui a claqué 51 points dans une énorme affiche NCAA cette semaine), le basket joué par les femmes EST spectaculaire et ne cessera de l'être encore plus au fil des ans.

Ce n'est pas pour rien que beaucoup de joueurs NBA viennent regarder les matches des filles pendant leur propre intersaison, ou qu'un Stephen Curry ait déjà déclaré vouloir s'impliquer dans la future franchise qui va voir le jouer du côté de San Francisco.

Je recommande toujours aux gens de s'intéresser à la WNBA car le niveau de jeu y est excellent et la compétitivité très élevée, avec seulement 12 équipes, 40 matches et pas ou peu de tanking. Michael Porter Jr a le droit d'en penser ce qu'il veut, et il ne faut forcer personne à s'y intéresser. Mais en faire une publicité aussi négative et ignorante, après avoir feint d'être un soutien, c'est franchement désespérant. Par ailleurs, on notera que MPJ a utilisé le terme "females" en anglais au début de son propos, plutôt que "women". A partir de là, on avait compris...