Les questions essentielles (ou pas) des Finales de Conf’

Les finales de Conférence débutent cette nuit en NBA et on s'est penché sur les questions cruciales (ou pas) autour des deux matches !

Les questions essentielles (ou pas) des Finales de Conf’

On se rapproche des Finales NBA avec dès cette nuit, le game 1 de la finale de la Conférence Est entre Miami et Boston, avant que Golden State et Dallas ne s'affrontent le lendemain. Voici, pour chaque série, les questions que vous vous posiez (ou pas) autour de ces rencontres aussi passionnantes qu'indécises.

Golden State Warriors - Dallas Mavericks

Faut-il déjà faire notre mea culpa auprès de Jason Kidd ?

Oui. On a beau avoir adoré le joueur qu'était Jason Kidd, on avait quand même de sérieux doutes sur sa capacité à être un head coach respecté et compétent. A Brooklyn et à Milwaukee, le bilan a été très mitigé, avec certains joueurs légèrement traumatisés par les exigences et les attentes de l'ancien meneur. Avec l'importance accordée au casier judiciaire en NBA aujourd'hui et les témoignages d'anciens collaborateurs et joueurs sur son compte, on n'imaginait pas forcément une équipe lui redonner les clés en 2022. Les Mavs ont décidé de le relancer et de croire en lui. Ils ont bien fait. Le coup de poker a été payant, quoi qu'il advienne désormais.

Kidd est une légende à Dallas et - il faut le reconnaître - un bon head coach. Il y a le génie de Luka Doncic d'un côté, pour expliquer cette superbe campagne de playoffs après une bonne saison régulière, mais aussi l'identité et le style de jeu que l'ancien point guard est parvenu à faire adopter à ses joueurs. Kidd a développé une excellente relation avec Doncic, tout en faisant en sorte que les role players exécutent ce qu'il leur demande à la perfection.

La manière dont les Mavs sont devenus une équipe de haut niveau en défense est clairement à mettre à l'actif de Jason Kidd. On avait presque oublié, tant le joueur était un playmaker d'exception, qu'il était aussi un formidable défenseur, présent à 9 reprises dans des All-Defense Teams (quatre fois dans la 1st team, cinq fois dans la 2nd team). En tant que coach, ce QI défensif rejaillit et peut expliquer les exploits récents.

Les Warriors ont-il vraiment un plan pour stopper Luka Doncic ?

Sans doute pas. Luka Doncic vient de fumer les Suns et de rendre quasiment anecdotique la présence de Mikal Bridges, pourtant l'un des meilleurs défenseurs de toute la NBA. On peut déjà affirmer que non, Doncic ne va pas totalement passer à côté et tourner à 18 points de moyenne à 35%. En revanche, ça ne veut pas dire que Golden State ne va pas tenter des choses pour limiter son impact, notamment dans des fins de match serrées.

Dans l'idée, on imagine que Steve Kerr tentera de mettre Andrew Wiggins et/ou Klay Thompson sur lui en alternance, même si le second n'a pas encore retrouvé ses meilleures dispositions de ce côté-là du terrain. La probabilité que ces deux très bons défenseurs freinent le Slovène reste faible.

Ce que peut faire Kerr, en revanche, c'est demander à Draymond Green de faire à peu près comme contre Denver face à Nikola Jokic : défendre sur lui par séquences et notamment dans le money time. La science défensive de Draymond et le fait que sa mission se déroulerait sur un temps limité sont les meilleurs arguments pour que les Warriors puissent prétendre à quoi que ce soit face à Doncic.

Verra-t-on le Draymond Green grande gueule ou le Draymond Green focus ?

On dirait bien que Draymond ne sera pas dans une entreprise de déstabilisation psychologique et verbale de Luka Doncic, mais plutôt dans le même mindset que contre Jokic. C'est à dire extrêmement physique, mais taiseux. Le Slovène est un peu plus émotif que le Serbe et on pourrait se dire que Draymond y verra une cible idéale pour le faire vriller, mais ce n'est pas l'impression qu'on a eue en écoutant son podcast. A l'image de ce qu'il avait dit sur Jokic, son respect pour le talent de Luka est immense.

"Quand tu joues contre un gars comme lui, il contrôle le tempo du match, implique les autres, c'est un talent vraiment incroyable. Absolument incroyable. Je me souviens quand il avait dit que c'était plus simple de scorer en NBA qu'en Europe et tout le monde avait pété un cable, mais moi j'avais compris ce qu'il voulait dire. Il y a bien plus d'espace en NBA alors qu'ils blindent la raquette là-bas", a-t-il salué dans son podcast cette semaine.

Doncic aura donc la version concentrée et pas trop dispersée de Draymond Green. C'est la plus dangereuse de toutes...

Frank Ntilikina sera-t-il le facteur X de cette finale de conf' ?

Non. On aimerait bien, hein, vu qu'on avait quand même acheté pas mal d'immobilier sur la Franky Island en 2017 avant de voir tout le monde se barrer à la nage. Mais il faut être réaliste. C'est déjà formidable que l'ancien meneur des Knicks ait trouvé un rôle, même petit, dans cette équipe des Mavs. Il aura son importance, mais ce n'est a priori pas lui qui décidera du sort de cette série, si ce n'est en jouant les morts de faim pour pourrir la vie de Curry ou Klay sur quelques séquences ici et là.

Frank Ntilikina, après le calvaire, la petite rédemption

Maintenant que Stephen Curry est diplômé, est-il plus dangereux ?

Oui. On ne le savait pas, mais Curry a passé toute la saison à suivre des cours en ligne et à passer des examens afin d'obtenir le diplôme qu'il avait laissé en plan en quittant la fac de Davidson pour s'inscrire à la Draft. Le type a donc trouvé le moyen de rester l'une des superstars immuables de NBA avec une saison de haut niveau, tout en faisant le taf sur le plan scolaire.

Depuis dimanche, Steph est officiellement détenteur d'un diplôme en Arts et Sociologie, 13 ans après avoir promis à sa mère et à son coach Bob McKillop qu'il bouclerait la boucle un jour. Histoire que l'auteur de ces lignes l'apprécie encore plus, il a même choisi comme sujet de thèse l'évolution de l'équité homme-femmes dans le monde du sport. Le garçon est quand même dur à détester sportivement et en dehors des terrains...

On a donc un Stephen Curry qui aura l'esprit totalement libéré et uniquement concentré sur le basket pendant toute la série à venir. Ce n'est pas du tout une bonne nouvelle pour les Mavs.

Stephen Curry est-il vraiment un two-way player comme le prétend ce journaliste ?

Non. On adore Steph, mais ce confrère est ce qu'on appelle communément un fayot. Steph fait des efforts pour ne pas être autant une passoire que certains de ses congénères, mais même lui a l'air surpris d'être décrit ainsi !

Verra-t-on Boban Marjanovic durant cette série ?

C'est toujours un GRAND moment lorsque Boban entre en jeu en NBA, donnant l'impression qu'un élève de 3e s'est perdu sur un playground au milieu d'enfants de maternelles. Malheureusement, Jason Kidd sait que son pivot serbe n'est sans doute pas adapté à la menace que représentent les Warriors. Du coup, si vous avez envie de voir Boban sur votre écran ces prochaines semaines, ce sera en matant John Wick 3 et sa légendaire apparition pour combattre Keanu Reeves dans une bibliothèque. Spoiler alert : Boban fait mieux le mort que Marion Cotillard.

Miami Heat - Boston Celtics

Cette série sera-t-elle regardable pour les moins de 16 ans ?

Non. Avec les bestiaux qu'il y aura sur le terrain, il y a des chances que les rencontres soient bien violentes - selon les standards du XXIe siècle, évidemment... - et cela pourrait choquer les âmes sensibles. Le fait qu'il n'y aura sans doute pas beaucoup de matches de cette série où les équipes atteindront les 110 ou 115 points risquent aussi de choquer les plus jeunes. Voilà deux équipes qui comptent bien se pourrir la vie mutuellement grâce à leurs prouesses défensives et, même s'il y a des composantes modernes dans leur style de basket, l'opposition titille quand même notre intérêt de trentenaires et quadras nostalgiques ! Amateurs d'orgies offensives, passez votre chemin.

Qui sera l'alpha dog de la série ?

A part Grant Williams, le héros du game 7 au sujet duquel on vous a raconté des anecdotes que vous ne connaissiez pas l'autre jour ? On a du mal à envisager que Jimmy Butler puisse être dominé par quelqu'un en termes de présence, de charisme et d'influence sur une série, mais si ce doit être quelqu'un, ce ne peut être que Jayson Tatum. Même dans la difficulté face au traitement hardcore des Bucks, l'ailier des Celtics a su se remobiliser claquer un game 6 de patron, tout en faisant sa part du boulot en défense, maintenant qu'il est devenu un indiscutable two-way player.

On aurait presque aimé un peu de bad blood entre Butler et Tatum, pour pimenter un peu la série, mais ils se respectent énormément et vont simplement s'envoyer du lourd sur le terrain. C'est déjà pas mal.

5 choses que vous ne saviez pas sur Grant Williams, le héros du game 7

Udonis Haslem cassera-t-il la gueule d'un coéquipier avant la fin de la série ?

C'est tout à fait possible. L'assistant-coach le mieux payé de la NBA a semblé un peu à cran durant la saison. S'il estime que certains de ses coéquipiers ne mouillent pas assez le maillot, surtout à domicile, pas impossible qu'il ait les fils qui se touchent et déclenche une embrouille depuis le banc pour réveiller tout le monde.

Le cas Kyle Lowry est-il inquiétant ?

On serait beaucoup plus confiants pour le Heat si Kyle Lowry était apte à jouer d'entrée et à 100%. Malheureusement, il manquera le game 1 et n'était de toute façon que l'ombre de lui-même jusque-là. Le Heat a réussi à avancer jusque-là sans vraiment pouvoir compter sur lui et rien ne dit que ce ne sera pas encore le cas. Simplement, Erik Spoelstra ne serait pas contre quelques minutes de qualité dans cette série, ne serait-ce que pour provoquer des fautes offensives et jouer un peu dur en défense.

Lowry n'en restera pas moins un joueur admirable, qui aurait presque mérité une chaussure Air Lowry (voir ci-dessous) en hommage à son arrière-train si précieux depuis le début de sa carrière.

Air Lowry

Jimmy Butler peut-il repasser en mode Bubble Jimmy ?

Ah cette belle époque où Jimmy vendait du café à un prix scandaleux à Disneyworld avant d'aller sur le terrain pour casser des bouches et montrer qu'il était l'un des meilleurs joueurs de la planète... Les playoffs de la star du Heat sont excellents, mais on a pourtant l'impression qu'il en garde encore un peu sous le pied, avec la possibilité d'appuyer sur le bouton qui le transforme en crack offensif.

Même s'il le souhaite, Butler pourra-t-il faire ce dont Miami a besoin, c'est à dire qu'il tourne pas loin des 30 points de moyenne, pour éclipser les interrogations que l'on a sur le talent de cette équipe en attaque ? Quelque chose nous dit que oui. Discrètement et même si c'était face à des équipes autrement moins terrifiantes que Boston sur le plan défensif, Jimmy Buckets a claqué des matches à 40 points ou plus dans cette campagne, avec une facilité déconcertante.

Smart, s'il est apte physiquement, Brown, Tatum et les autres vont tout faire pour le freiner. Jusqu'à preuve du contraire, il a la seule star de cette affiche à connaître le chemin des Finales, pour reprendre l'expression popularisée par Mike Pietrus.

Al Horford vs Bam Adebayo, la clé de la série ?

On n'est pas loin de le penser. Les yeux seront rivés sur le duel à distance (ou pas) entre Jayson Tatum et Jimmy Butler, mais leurs lieutenants seront cruciaux eux aussi. Horford est en pleine renaissance et a sorti des matches invraisemblables et clutch alors qu'on le pensait cramé il y a quelques mois seulement. On a retrouvé le joueur qui passait pour être l'un des rares "Giannis stoppers" et quintuple All-Star.

Il lui faudra être au moins à ce niveau-là pour offrir du répondant à Bam Adebayo, toujours phénoménal en défense, mais qui aura besoin de rappeler qu'il est aussi un scoreur et un playmaker tout à fait capable de monter en régime. Celui des deux qui sera le plus en jambes et à même de s'exprimer aura de bonnes chances de voir son équipe atteindre les Finales NBA.