Ils ont la pression cette saison, vont-ils y résister ?

Certains joueurs NBA vont démarrer la saison 2022-2023 avec un peu plus d'attentes autour d'eux que les autres. Les voici.

Ils ont la pression cette saison, vont-ils y résister ?

La saison NBA 2022-2023 va bientôt démarrer et quelques joueurs sur la ligne de départ l'entament avec des attentes très élevées. Que ce soit pour leur legacy, leur avenir dans la ligue ou éviter le mécontentement des fans, voici quelques acteurs de la ligue qui seront attendus au tournant.

Anthony Davis (Los Angeles Lakers)

Anthony Davis semble trouver que les médias ne suscitent pas assez d'attention pendant cette intersaison. Qu'il se rassure, son équipe sera dans l'oeil du cyclone médiatique si elle manque encore ses objectifs. Lui, en particulier, doit bien comprendre qu'il est la clé du projet et du bon fonctionnement de l'équipe. Il a beau avoir LeBron James, l'un des meilleurs joueurs de tous les temps dans son équipe, Davis et sa santé sont les facteurs-clés de la saison.

S'il parvient à échapper aux pépins qui lui font vivre des saisons tronquées presque tous les ans, et qu'il est à 100% au moment des playoffs, il y aura des raisons d'être optimiste pour Los Angeles. Aussi frustrant soit-il en termes de continuité physique, "AD" est l'un des joueurs les plus doués à son poste dans l'histoire de la NBA. Les séquences lors desquelles il a pu enchaîner les matches, avec New Orleans ou L.A., sont bluffantes et ont révélé la présence d'un joueur au talent générationnel.

A 29 ans, le moment est venu d'exercer cette domination jusqu'au titre, ou au moins à un stade avancé des playoffs, au-delà d'une saison tronquée comme celle de la bulle de Disneyworld. S'il est à nouveau pénalisé par les blessures et ne parvient pas à aider LeBron et les autres à assurer le standing de la franchise, des questions douloureuses vont commencer à se poser au sein du front office sur la pertinence de faire de lui le présent et l'avenir des Lakers.

Kawhi Leonard (Los Angeles Clippers)

On peut reprocher à Anthony Davis d'être trop souvent blessé. Mais il ne faut pas oublier qu'à Los Angeles, Kawhi Leonard n'a joué que 102 matches depuis son arrivée en 2019. Pour le moment, le fantasme d'une autre équipe de L.A. dominante que l'on pouvait entrevoir lorsque Kawhi et Paul George ont joint leurs forces ne s'est toujours pas matérialisé. Lorsqu'il a joué, le double MVP des Finales a été fidèle à lui-même : terrifiant d'efficacité en attaque, désespérant pour les adversaires en défense.

Maintenant, il faut pouvoir le montrer sur une saison entière et pendant les playoffs. L'ancien joueur des Spurs et des Raptors sait très bien qu'il est attendu au tournant. Avec un contrat expirant dans deux ans, les choses peuvent aller vite dans un sens comme dans l'autre. Si "The Klaw" s'est pointé au training camp avec une masse musculaire impressionnante - le gars a les cuisses de Roberto Carlos - c'est pour préparer un retour en force et donner une vraie chance aux Clippers de remporter le premier titre de leur histoire.

S'il arrêtait sa carrière aujourd'hui, avec son palmarès collectif et individuel, Kawhi entrerait au Hall of Fame sans aucun stress. Mais s'il a rejoint Los Angeles, c'est aussi pour marquer l'histoire et les fans vont attendre de lui qu'il le fasse.

Zion Williamson (New Orleans Pelicans)

Après plusieurs mois de flou, des critiques sur la gestion de son absence et une remise en question de son envie de vraiment s'impliquer durablement à New Orleans, Zion Williamson est de retour. Les Pelicans se sont prémunis d'une banqueroute totale en imposant des conditions liées à sa masse graiseuse et à son poids lors de la signature de son nouveau contrat, mais l'essentiel reste que Zion a paraphé un nouveau bail.

Avec cette responsabilité d'être le visage de la franchise, l'ancien Dukie a fait ce qu'il fallait durant l'intersaison. Aussi bien sur le plan de la guérison pour son pied qu'en termes de musculation et de diététique. Son préparateur personnel l'avait assuré avant même que Zion ne fasse une apparition publique : il a compris les enjeux et mis des choses en place pour être la meilleure version de lui-même. C'est donc un joueur au gabarit toujours unique mais exceptionnellement affûté que l'on a pu voir au training camp, tout sourire et prêt à tout casser.

On a vu ce que pouvait donner Zion Williamson sur une saison sans blessure, la seule qu'il a pleinement disputée jusqu'ici. Tout le monde attend maintenant de le voir reprendre son ascension. Si la pression est sur lui, c'est parce que l'on a vu que le garçon était un All-Star et qu'il va devoir maintenant continuer d'être impeccable sur le terrain, tout en étant irréprochable en dehors en termes d'hygiène alimentaire et de maintien de son corps. C'est plus facile à dire qu'à faire.

Zion se pointe affûté comme jamais et est prêt à tout casser

Tyler Herro (Miami Heat)

Le Heat s'est accroché à Tyler Herro sur plusieurs dossiers où son nom est revenu pour servir de monnaie d'échange. Maintenant qu'il a signé une prolongation de 4 ans et 130 millions de dollars, le 6e homme de l'année 2022 va devoir montrer à Pat Riley qu'il ne s'est pas trompé en lui donnant autant d'argent et l'étiquette de joueur du présent et de l'avenir de la franchise avec Bam Adebayo. Jusqu'à présent, depuis son arrivée dans la ligue en 2020, Herro a constamment progressé et fait gonfler ses chiffres :

  • 13.5 points, 4.1 rebonds, 2.2 passes à 42.8%, en 27 minutes, en 2019-2020
  • 15.1 points, 5 rebonds, 3.4 passes à 43.9%, en 30 minutes, en 2020-2021
  • 20.7 points, 5 rebonds, 4 passes à 44.7%, en 32 minutes, en 2021-2022

Avec ce nouveau statut et les ambitions qui sont celles du Heat, Herro sera dans la lumière avec l'obligation de montrer qu'il est bien le joueur de calibre All-Star que le Godfather de South Beach, qui n'est pas tellement du genre à se tromper en la matière, envisage.

Tyler Herro prolonge : Miami lui file un pactole et les clés du futur

Michael Porter Jr (Denver Nuggets)

"MPJ" va toucher pratiquement 31 millions de dollars cette saison. Même avec l'inflation, c'est beaucoup d'argent pour quelqu'un qui n'a joué que 125 matches de saison régulière depuis qu'il a été drafté en NBA. Les Nuggets n'ont pas l'air d'avoir beaucoup hésité, malgré les quelques errements du garçon dans ses déclarations hors terrain, notamment sur le Covid.

Ils croient dur comme fer en son talent et dans le fait que son corps le laissera tranquille à un moment. C'est tout le mal qu'on lui souhaite : pouvoir exprimer son énorme talent offensif sans être freiné par les blessures. S'il est malheureusement encore sujet à ça, la décision de le prolonger pour run tel montant (207 millions de dollars s'il devient All-Star) risque de vite revenir hanter le front office des Nuggets. Tim Connelly, l'homme qui a fait ce choix, est depuis parti s'occuper des Timberwolves.

Le trio des Nets

Si vous avez dormi pendant un an, on ne parle pas Kevin Durant, Kyrie Irving et James Harden, puisque ce dernier a filé à Philadelphie depuis. Le troisième membre est désormais Ben Simmons, qui n'échappe pas aux attentes énormes et à la pression qui entourent les Nets. Regardons un peu pour quelle raison chacun des trois larrons se retrouve sous pression.

  • La cote d'amour de Kevin Durant a franchement baissé après la saga autour de sa demande de trade. Peu sont ceux qui ont compris et accepté son désir de renverser la table après avoir été à l'origine du projet et été celui qui s'est associé à Kyrie Irving, tout en ne faisant rien pour Kenny Atkinson, architecte du renouveau de Brooklyn avec Sean Marks, conserve son job. KD n'a pas été exaucé puisque personne n'a eu assez confiance en ses intentions pour hypothéquer une partie de son avenir. Le joueur est toujours fantastique, mais sa legacy a pris un sacré coup, lui qui devait montrer qu'il pouvait gagner au sein d'une équipe construite autour de lui. Pour regagner les faveurs du public et faire en sorte que l'on ne souvienne pas de lui comme un opportuniste et/ou un lâcheur, Durant a besoin d'une saison de très haut niveau sur le plan individuel et collectif.

 

  • Kyrie Irving a rappelé, l'espace d'un petit bout de saison, qu'il était toujours un talent offensif assourdissant lorsqu'il acceptait de jouer au basket. Son statut vaccinal ne posant plus de souci, il va pouvoir débuter la saison avec Brooklyn, où tout le monde scrutera le moindre écart, faux pas ou dissonance de sa part qui pourrait expliquer que l'équipe parte en vrille. Kyrie a beau être parfois le bouc émissaire des équipes dans lesquelles il évolue, il ne s'en comporte pas moins comme quelqu'un qui n'a rien à se reprocher et, limite, n'était pas là quand les choses se sont produites. On espère qu'il aura le moral, la conviction et l'envie de faire une saison pleine avec Brooklyn, sans vouloir passer pour un martyr ou un paria. S'il y a nouveaux des épisodes compliqués de son côté, cela risque d'être rapidement intenable pour lui, comme pour KD (qui continue de le soutenir coûte que coûte) ou la franchise.

 

  • Ben Simmons n'a pas joué depuis 1 ans, 3 mois et cette fatidique série contre Atlanta qui a précipité son envie de partir et le désolant bras de fer qui l'a opposé aux Sixers. L'Australien a évoqué les problèmes de santé mentale (certains continuent de penser qu'ils lui ont servi de prétexte pour son comportement non-professionnel) et physique qui l'ont handicapé, ce qui a sans doute calmé les ardeurs de ses détracteurs. Ces derniers ne manqueront pas de se réveiller si tout ne se passe pas comme prévu à Brooklyn. Dans un contexte où il a déjà deux autres stars très, très médiatisées à ses côtés, on peut se dire que la pression sera moindre pour lui. Mais ce serait faire injure au joueur qu'il est et à ses capacités. Simmons est un All-Star, un superbe playmaker et un défenseur d'élite. La mayonnaise doit prendre, sans quoi la discussion va vite de nouveau tourner autour de sa réelle envie de progresser sur ses points faibles (au hasard les lancers) et d'accomplir sa destinée.

... et leur coach

On plaint franchement Steve Nash d'avoir eu à gérer tout ça depuis qu'il a été nommé coach des Nets. Certes, il n'avait pas beaucoup "grindé" avant de se voir offrir ce cadeau empoisonné, mais le retour de bâton a été violent. Surtout la fin, d'ailleurs, lorsqu'il a appris que Kevin Durant était, semble-t-il, prêt à réclamer sa tête en échange du retrait de sa demande de trade. Même avec les discussions qu'il y a eu cet été et le training camp démarré dans une ambiance de bisounours, il a de quoi rester sur ses gardes.

Lui aussi va être obligé de montrer des choses cette saison, après avoir échoué dans la mission d'imposer une patte et un style de jeu. Nash ne serait pas le premier ancien grand joueur à vivre une première expérience décevante et traumatisante au coaching, mais pas sûr qu'il ait droit à une seconde chance par la suite si les choses partent en vrille à nouveau et qu'on ne lui a toujours pas trouvé une identité particulière dans son nouveau métier.

Jalen Brunson (New York Knicks)

Si Dallas a atteint la finale de l'Ouest la saison dernière, c'est évidemment grâce au talent monstrueux de Luka Doncic. Il lui fallait quand même un supporting cast de qualité et la montée en puissance du très fiable Jalen Brunson a été précieuse. L'ancien champion NCAA avec Villanova montre depuis quelques saisons déjà que les joueurs passés entre les mains de Jay Wright sont presque tous voués à la réussite en NBA. Mais entre être un bon pro dans la ligue et être un joueur payé 104 millions sur 4 ans sans que ça ne choque personne, il y a une différence...

Brunson a choisi les Knicks et tout le folklore qui va avec, à commencer par une pression souvent insoutenable pour tous les joueurs qui représentent à la fois un fort investissement et un espoir. Les meneurs qui ont donné satisfaction depuis 20 ans à New York ne sont pas nombreux. Essayer d'en devenir un est une lourde tâche à laquelle va s'atteler Jalen Brunson dès cette saison. Il ne pourra pas se contenter de proposer les choses qui ont fait de lui une belle surprise à Dallas, mais augmenter sa production et son impact. Il n'y a personne de la trempe de Luka Doncic à New York...

Jayson Tatum (Boston Celtics)

La NBA est cruelle. Tout le monde retient que Jayson Tatum a vécu des Finales NBA très difficiles et n'a pas réussi à mener Boston vers le titre. C'est factuellement vrai, mais ce point de vue occulte tout ce qu'il a fait d'exceptionnellement bien auparavant, en tant que leader d'une escouade sur laquelle peu avaient misé pour sortir de l'Est.

Tatum est devenu un joueur très complet, parfaitement adapté à la mentalité très défensive des Celtics. Ses progrès au playmaking et en défense ont sauté aux yeux, et sans lui jamais la franchise n'aurait réussi ce parcours. Malheureusement, ça ne suffit plus à contenter les observateurs. Il fait partie de ces joueurs dont tout le monde se moquera pas mal des performances en saison régulière, même si elles sont de calibre MVP, tant qu'il n'est pas parfait en post-saison. Voilà à quoi est exposé l'ancien Dukie désormais.

C'est le lot des superstars, cette caste que Jayson Tatum a rejoint. On attendra rien de moins de lui que de gagner, et encore gagner, pour montrer qu'il est capable d'assumer le lourd héritage transmis par les grands noms des Celtics.