Otto Porter : le réveil du magicien perdu

Otto Porter joue les facteurs X du côté de Washington depuis le début des playoffs. Celui que personne n'attendait plus répond enfin présent. Et confirme les attentes qui pesaient sur lui lors de la Draft 2013.

Guillaume RantetPar Guillaume Rantet | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
L'image a beaucoup fait rire. Et valu à son auteur bien des moqueries. Sur celle-ci, Otto Porter apparaissait scotché, concentré, et fixant éternellement du regard Aaron Brooks. Comme pétrifié. Tandis que Tony Snell, son adversaire direct, s'échappait. Traversait tranquillement la raquette. Puis tirait à trois-points, étrangement seul. La faute aux lacunes défensives de l'ailier remplaçant des Washington Wizards. L'une des récentes attractions de la loterie, drafté en 3è position en 2013. Dont la franchise de la capitale attendait alors beaucoup. Problème : depuis son arrivée, Otto Porter a déçu. Beaucoup. Jusqu'à ce premier tour de playoffs couronné d'un sweep pour les Wizards. Et de plusieurs belles performances d'Otto Porter. Lequel est sorti de sa boîte au meilleur moment. Enfin, se réjouissent les fans de Washington. [youtube hd="1"]https://www.youtube.com/watch?v=3ZfG5UUdUKM[/youtube]

La potion anti-DeRozan

Washington DC, Verizon Center, 24 avril. Les Wizards et les Raptors s'affrontent à l'occasion d'un Game 3 de premier tour de playoffs. Dans le quatrième quart-temps, Terrence Ross remet les compteurs à zéro. 88-88. Otto Porter choisie ce moment pour frapper. À trois-points. Permettant à son équipe de reprendre à quatre minutes de la fin un avantage qu'elle ne perdra plus. Encore mieux : le sophomore se paie même le luxe d'en inscrire un deuxième. Hissant le score à 95-90. Il termine la rencontre avec 8 rebonds, 2 assists et 11 points. Dont 7 dans le dernier quart-temps, qu'il a disputé en intégralité.
« Il a fait la différence », lâche l'un de ses adversaires, Greivis Vasquez, après le match au Washington Post.
Lors de ce Game 3, Otto Porter a marqué les esprits. Les journaux sont unanimes : l'ailier de 21 ans a fait du bon boulot. Ils se lâchent : « Otto Porter se fait un nom dans ces playoffs » (SB Nation), « De Pierce à Porter, la transformation est quasi-totale » (CSN), « Otto Porter fait ressentir son impact en défense » (The Washington Post). La défense : là se trouve bien la plus grosse progression dont il a su faire preuve. Terminées les carences défensives symbolisées par cet oubli face aux Bulls qui a fait rire les spectateurs du Shaqtin-a-Fool : Otto Porter sait désormais mener la vie dure aux attaquants adverses. Et surtout à DeMar DeRozan. [superquote pos="d"]"Il a joué comme un vétéran aujourd'hui" Marcin Gortat[/superquote]À l'issue du premier quart-temps de ce même Game 3, la star des Raptors était en feu. Ses stats ? 20 points, à 8/11 au shoot. DeRozan donnait le tournis aux Wizards. L'heure était venue pour Randy Wittman de sortir sa potion magique. Qui sera mortelle pour les Raptors. La suite ? Avec l'arrivée d'Otto Porter sur le terrain, DeRozan chute à 3/18 au shoot. Preuve que la ligne de stat du sophomore ne dit pas tout. Que son incessant harcèlement se fait d'abord ressentir dans les stats de l'adversaire. Ses coéquipiers sont unanimes : c'est d'abord grâce à son jeu de jambes, l'utilisation de ses longs bras et sa façon d'éviter les écrans qu'il a su faire tant de mal aux Raptors en annihilant leur principal artilleur. Les Wizards sont contents. Et fiers.
« Il a joué comme un vétéran aujourd'hui », explique après le Game 3 Marcin Gortat à SB Nation. « Je suis excité pour Otto. Il a espéré toute la saison jouer comme ça. »   « Il a grandi sous nos yeux », raconte de son côté Drew Godden, qui estime que ses face-à-face avec le sophomore à l'entraînement lorsque Paul Pierce, son habituel adversaire, se reposait, ont participé à cette émergence. « Je pense que c'est parce que je devais jouer ailier qu'Otto joue mieux, Otto devait défendre sur moi. »
Drew Godden est-il responsable des bonnes prestations d'Otto Porter ? En tout cas, Paul Pierce n'y est certainement pas étranger. [youtube hd="1"]https://www.youtube.com/watch?v=FqzUDKuHG00[/youtube]

Paul Pierce comme druide

[superquote pos="d"]"On sait qu'il a du talent, que le potentiel est là" Paul Pierce[/superquote]2 points, 1 rebond et 0 assist en 9 minutes de jeu. La saison rookie d'Otto Porter du côté de Washington n'avait pas vraiment de quoi être enviée. Touché à la hanche, il n'a pu faire ses premiers pas qu'en décembre 2013. Pour son coach, Randy Wittman, Otto Porter paie seulement un faible temps de jeu lors de ses débuts qui l'a empêché de s'aguerrir pleinement au jeu NBA.
« Je pense que quand les joueurs passent de la fac à ce niveau, la vitesse, la rapidité, la taille, la puissance : tout est une surprise. Et comme je l'ai déjà dit, il n'a pas eu beaucoup de temps de jeu l'an passé pour y être assez expérimenté. »
Mais après une année galère, il a continué à travailler. Avec, pour sa deuxième année dans la Grande Ligue, un homme qui a de la bouteille à ses côtés : Paul Pierce. Un vétéran qui l'écoute. Le conseille. Le pousse.
« J'ai besoin de ça », explique Otto Porter, qui se montre très reconnaissant envers l'ancien Celtic. « J'ai besoin de quelqu'un qui me pousse et c'est ce qu'il fait. »
Les conseils de « The Truth », le talent et le travail d'Otto Porter lui permettront-ils de continuer à confirmer, et continuer ainsi à jouer le rôle du sixième homme dans ces playoffs ? Paul Pierce y croit.
« Vous avez pu le voir durant les trois dernières semaines de la saison. Il a eu plus de temps de jeu et a pris confiance, constate le All-Star à CSN. « Je pense qu'il en a marre de m'avoir devant lui (rires). Je reste toujours à son écoute, je le pousse et j'essaie de tirer le meilleur de lui-même et il répond présent. Il commence à jouer avec plus d'explosivité et c'est ce qu'on attend d'Otto. On sait qu'il a du talent, que le potentiel est là. »
« The Truth » a raison : Otto Porter est désormais plein de confiance. La preuve : suite à un contre sur DeMar DeRozan lors de ce fameux quatrième quart-temps du Game 3, il s'est permis de défier du regard se victime. Qui est tombée dans le piège, et a récolté une faute technique après l'avoir poussé.
« C'est juste le basket des playoffs », a ensuite déclaré Otto Porter. Puis d'ajouter, pressé d'en finir avec cette question : « C'était juste une bonne défense. »
Une légère provocation qui a certainement rendu fier son mentor, et en dit long sur sa métamorphose. À seulement 21 ans, Otto Porter démontre qu'il n'était pas monté sans aucune raison dans l'estime des scouts il y a maintenant deux ans. S'il s'est fait oublier après une première saison difficile, il prouve qu'il n'a rien lâché. Dans un moment crucial pour sa franchise. Mais pour confirmer qu'il méritait bien cette 3è place en 2013, il devra tout faire pour ne pas sombrer de nouveau. Histoire de ranger définitivement sa défense devenue culte face à Tony Snell parmi les histoires anciennes.
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