Paul’s Boutique

Nous sommes en janvier 2008. Kevin Garnett et Ray Allen viennent de rejoindre Paul Pierce aux Boston Celtics. Dans quelques mois, ils remporteront le titre, portés par The Truth, logique MVP des Finales NBA.

Paul’s Boutique
Ce dimanche 11 février, les Boston Celtics vont retirer le maillot de Paul Pierce. Le célèbre jersey #34 rejoindra ceux des autres légendes de la franchise la plus titrée de l'histoire de la NBA : Larry Bird, Bill Russell, Bob Cousy, John Havlicek et tant d'autres. A cette occasion, voici le sujet de couverture que nous avions consacré à The Truth dans REVERSE #14, en janvier 2008, alors que Kevin Garnett et Ray Allen venaient tout juste de le rejoindre. Quelques mois, donc, avant le titre du Big Three.   Avec les recrutements de Ray Allen et de Kevin Garnett, les Celtics tutoient à nouveau les sommets. Mais, don't believe the hype : comme le classique des Beastie Boys, Boston est toujours la Boutique de Paul. Par Julien Deschuyteneer Il y a encore quelques mois, les Boston Celtics, c'était, pour les plus anciens, Bird, McHale, Parish, Russell ou Cousy. Pour les plus jeunes, juste une franchise pitoyable, loin de son lustre d'antan, incapable d'aligner plus de 24 victoires la saison dernière. Cet été, pourtant, tout a changé avec les arrivées de Ray Allen et surtout de Kevin Garnett. Les médias, une fois lassés du soap opera de Kobe, de l'affaire Donaghy et du show estival des Knicks, n'ont plus parlé que du Big Three, qui fait de Boston à nouveau un candidat au titre. Les fans, après des années de famine, se sont remis à rêver. Une frénésie que l'extraordinaire début de saison des Celt's justifie. Avec plus de 90% de victoires début janvier, les observateurs louent l'impact de RayRay et surtout de KG, présenté par tous comme le véritable leader de l'équipe. Bref, désormais, quand on évoque les Boston Celtics, on pense à nouveau victoires... et Garnett. Pourtant, à y regarder de plus près, le patron de l'enseigne Celtics n'a pas changé. Car tant que Paul Pierce jouera, le destin des Celtics sera lié à celui de ce gars d'Inglewood, ancien fief de l'ennemi angeleno.

DESTINS LIES

Boston est son équipe. Et ça fait près de dix ans que ça dure. Un lien très spécial les unit, quasi-indestructible. D'autant plus qu'il aurait pu ne jamais être un Celt'. Tout commence par un signe du destin. Paul se présente à la draft 1998 après trois saisons denses à Kansas. Tout juste élu pour la deuxième fois MVP du Tournoi de la Big 12, membre de la First Team All-America pour Associated Press, le Jayhawk sera, pour tous les observateurs, choisi dans le Top 5. Pourtant, une à une, les franchises snobent P-Double : Olowokandi, LaFrentz, le tracteur Traylor, Jason Williams et Larry Hughes lui sont notamment préférés... Et les Celtics, avec leur 10ème choix, récupèrent un joueur qu'ils n'auraient jamais dû avoir.   Un joueur qui aurait aussi pu leur être tragiquement arraché, comme Len Bias ou Reggie Lewis quelques années plus tôt. En Septembre 2000, à quelques jours du training camp, il est poignardé à 11 reprises au visage, dans le cou et dans le dos dans une boîte de nuit. Il échappe à la mort de quelques centimètres : dans le meilleur des cas, son début de saison est compromis ; les pessimistes pensent qu'il ne pourra jamais revenir à son vrai niveau. Mais P² déjoue les pronostics et sera le seul Celtic à démarrer chacun des 82 matches de la saison comme titulaire.
« Note ça. Mon nom est Shaquille O'Neal et Paul Pierce est la putain de vérité. Cite-moi et n'enlève pas un mot. Je savais qu'il pouvait jouer, mais pas à ce point-là. Paul Pierce is The Truth. »
Ces deux coups du sort sont à la base de cette relation qui fait des Celtics l'équipe de Paul depuis presqu'une décennie. Ces deux événements le rendent plus fort et sont déterminants dans sa prise de pouvoir. Les teams qui l'ont laissé filer en 1998 et ceux qui n'ont pas cru qu'il pourrait revenir après l'agression deviennent son moteur. En NCAA, il avait la réputation d'être soft, de parfois subir les événements. Mais en cette saison 2000-2001, il se met à jouer avec une rare intensité, comme s'il avait quelque chose à prouver. Surtout à partir du milieu de saison, quand son coach, Rick Pitino, au bilan catastrophique (12 victoires et 22 défaites), est remplacé par son assistant, Jim O'Brien. Trop occupé à gueuler sur ses joueurs, Pitino n'a jamais réellement compris quel joyau il détenait : « Nous avons probablement eu le plus grand steal de l'histoire de la draft, mais nous ne le savions pas. » Son remplaçant, Jim O'Brien, lui, le comprend vite et confie les clés de l'attaque à ses deux stars, Pierce et Walker, qui bouclent les 48 derniers matches sur un bilan équilibré impressionnant au vu de l'effectif (Palacio, Stith et Blount ont du temps de jeu...). Désormais première option offensive (plus de 25 pts par match contre 19 la saison précédente), Paul devient petit à petit le patron de la franchise. Et hérite du surnom le plus frais du basket US. A l'issue d'un match où P-Dub a passé 42 pts à ses Lakers, Shaq attrape un journaliste : « Note ça. Mon nom est Shaquille O'Neal et Paul Pierce est la putain de vérité. Cite-moi et n'enlève pas un mot. Je savais qu'il pouvait jouer, mais pas à ce point-là. Paul Pierce is The Truth. »